Gonet: l'actualité des marchés au 9 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,56%, S&P 500 -0,72%, Nasdaq -0,39%, Russell 2000 +0,94%, SOX +1,87%, Eurostoxx -0,20%, SMI -1,32%.

Wall Street est en mode «upside down». Voilà, vous avez la chanson de Diana Ross dans la tête pour la journée, je vous en prie. Le marché a de la peine à suivre le flux de nouvelles hier. La journée débute sur une note plutôt déprimée, jusqu’à ce que l’on apprenne que l’Union Européenne prépare un vaste plan de financement obligataire afin de financer la transition énergétique et la défense de la zone Euro. Ça c’est bon et le marché applaudit à tout rompre, il se rattache à ce qu’il peut le pauvre. L’ambiance tourne au vinaigre à nouveau lorsqu’on apprend que Joe Biden va franchir le pas et bannir les importations de pétrole russe, le Royaume-Uni lui emboîte le pas peu après mais pas l’Union Européenne, trop inquiète de se tirer une balle dans le pied, la dépendance à l’énergie russe est flagrante. En fin de journée européenne, le marché se remet en mode acheteur, ravi d’apprendre que l’Ukraine est moins insistante sur le dossier de son adhésion potentielle à l’Otan. Et en fin de séance on repart vers le sud car Vladimir Poutine serait sur le point de bannir l’exportation de Russie de certains produits et matières premières, jusqu’au 31 décembre.

Au-delà de la nature de ces nouvelles et rumeurs, le constat que l’on peut faire est que le marché est tendu comme rarement, il sur-réagit à plus ou moins tout ce qui passe sur le fil twitter. La volatilité reste en effet élevée, même si le VIX se replie légèrement hier, pour clôturer à 35,13. A ce propos, on continue de regarder le niveau de 40 comme une résistance intéressante. Du côté des indices d’actions, c’est une journée de swings incessants que vivent les opérateurs. L’indice S&P500 (SPX) passe d’un repli de 0,7% à un gain de 1,8%, pour finalement clôturer en recul de 0,72%. Au-delà des éléments cités plus haut, le prix du pétrole est bien évidemment scruté comme jamais, le baril de WTI Light Crude reste fort et évolue à 126 dollars ce matin. La très forte hausse de bon nombre de matières premières devient la préoccupation principale du marché, à témoin les déboires du Nickel, que le LME (London Metal Exchange) stoppe carrément après que le métal a bondit de 250% en deux séances. Ce matin, le LME annonce que le Nickel ne recommencera pas à traiter avant vendredi, ce qui implique de facto que l’on ne sait plus ce que ce métal vaut et que de nombreux intervenants ont ou vont y laisser leur chemise.

Pour en revenir au marché des actions, on observe des couvertures de positions shorts hier, on note que l’énergie reste un des seuls secteurs à progresser vers le nord et surtout que les volumes d’échanges explosent à la hausse, notamment dans l’énergie avec un bond de 146%! Notons par ailleurs que la technologie se reprend quelque peu, les semi-conducteurs notamment, l’indice SOX réalisant une jolie clôture, tandis que les petites et moyennes capitalisations progressent de 1%, l’armée tente un timide retour sur la colline, reste aux généraux à bien vouloir l’y rejoindre. La volatilité exacerbée du marché des actions est frustrante pour les opérateurs en bourse, en revanche le marché obligataire est plus calme et consistant dans l’idée que l’inflation est un problème et que personne sur cette terre ne veut le job de Christine Lagarde et Jerome Powell. Madame Lagarde parlera demain au fait. Les rendements obligataires US repartent vers le haut, le 2 ans gagne 9 points de base à 1,63% alors que le 10 ans revient à 1,86%. Le dollar se détend quelque peu, la paire EUR/USD évolue à 1,0921. Même le franc suisse rend du terrain face à l’euro, à 1,0141 ce matin. Pour sa part, l’or réalise enfin le mouvement attendu par le marché et grimpe à 2070 dollars l’once hier en séance, pour revenir à 2044 dollars ce matin. Caramba! encore raté! Ceci dit on ne peut guère blâmer la relique barbare, son plus haut historique se situe à 2075 dollars.

Résumons, le mode «derisking» observé ces derniers temps dans le marché semble moins évident depuis hier, on sent bien que les intervenants n’attendent qu’une bonne excuse pour revenir en force dans les actions. Ceci dit la volatilité ambiante incite à une certaine forme de retenue, il est urgent de ne pas se précipiter. La prochaine réunion de la BCE est prévue demain, le sommet de l’Union Européenne se tiendra demain et vendredi à Versailles alors que jeudi nous aurons aussi droit à l’importante publication de l’indice américain des prix à la consommation. Et la semaine prochaine ce sera au tour de la Fed d’annoncer sa décision quant à sa politique monétaire. Cela fait beaucoup de flux d’informations à digérer dans un futur proche et c’est sans compter sur l’évolution du conflit en Ukraine.

Les États-Unis ont donc interdit les importations de combustibles fossiles russes, notamment le brut, dans le but d'étrangler la principale source de revenus de Moscou. «Nous ne participerons pas au subventionnement de la guerre de Poutine», déclare Joe Biden. Cette décision sera partiellement suivie par le Royaume-Uni, qui met fin aux importations de pétrole russe tout en continuant à accepter le gaz naturel et le charbon. D'autres nations européennes ne participeront pas.

Les forces russes ont intensifié leur bombardement de Kiev avec des combats isolés à l'intérieur de la ville, déclare un haut responsable de la défense américaine. La plupart des forces russes se trouvent toujours à environ 60 kilomètres de la capitale. La Russie a isolé Marioupol mais ne l'a pas prise. La Pologne est prête à transférer sa flotte de chasseurs MiG-29 vers une base américaine en Allemagne. Les évacuations dans la ville de Sumy, au nord-est du pays, comprenaient 61 bus de civils vers Poltava, tandis que 1’000 étudiants étrangers ont voyagé en train vers la ville frontalière de Lviv, déclare un responsable ukrainien.

Les sanctions prises à l'encontre du système bancaire et de la banque centrale de la Russie ont provoqué un «effondrement» de l'économie russe, déclare Joe Biden. Le Kremlin indique qu'il allait restreindre le commerce de certains biens et matières premières en réponse aux sanctions. L'Union européenne discute de nouvelles sanctions qui viseraient le Fonds national russe, 14 riches particuliers et plus de 140 législateurs.

Plus de Big Mac, de Coca (ou de Pepsi), ni de caffè latte en Russie. McDonald's ferme temporairement ses magasins en Russie et en Ukraine – qui représentent environ 9% du chiffre d'affaires mondial. Pepsi suspend ses ventes de sodas et pourrait amortir la valeur de ses activités en Russie, selon le Wall Street Journal. Coca-Cola, Starbucks et PayPal interrompent leurs activités. L'unité cloud d'Amazon n'acceptera plus de nouveaux clients en Russie et au Belarus.

L'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis en janvier (14h30) et les stocks pétroliers hebdomadaires du DOE (16h30) sont programmés. Ce matin, le Japon a annoncé une croissance annualisée de 4,6% au quatrième trimestre 2021, alors que le marché espérait 5,6%. L'inflation chinoise a atteint 0,9% en février, conformément aux attentes.

Accor: Berenberg passe de conserver à acheter en visant 32 euros. Air France-KLM: AlphaValue passe d'accumuler à alléger en visant 3,34 euros. Carlsberg: Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 900 DKK. Carrefour: AlphaValue reste à l'achat avec un objectif relevé de 23 à 24,30 euros. OC Oerlikon: RVC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 9 francs. Rio Tinto: Citigroup passe d'acheter à neutre. Sika: BofA passe d'achat à neutre en visant 300 francs. Adidas pense pouvoir dégager 11 à 13% de croissance cette année, un peu plus que prévu. McDonald's ferme temporairement ses 850 implantations russes. PepsiCo, Coca-Cola, PayPal et Starbucks gèlent aussi leur activité. La SEC va enquêter sur le marché des options en relation avec l'opération de rachat d'Activision par Microsoft. Apple présente un iPhone SE 5G avec un processeur A15, avec des prix en hausse. Geberit publié un Ebitda conforme aux attentes et un bénéfice net un peu en retrait. L'entreprise renonce à fournir des prévisions au regard du contexte. Salvatore Ferragamo estime que l'exposition des ventes à la Russie est inférieure à 1%.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient. Tokyo perd 0,30% à la cloche, Hong Kong rend 0,90%, Shanghai abandonne 1,13% et Séoul recule de 1,09%. Le future SPX récupère 1,1% et l’Europe ouvre en hausse de 2,5%. Velléités de rebond donc ce matin, gardons en tête que la volatilité est très élevée qui peut envoyer les indices vers le haut tout comme le bas, sans crier gare...

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