Wall Street se reprend quelque peu. Le marché nourrit quelque espoir que les négociations à venir entre belligérants aboutissent à un cessez-le-feu, ce qui semble tout sauf évident à concevoir en l’état. Les intervenants écoutent aussi Jerome Powell, le patron de la Fed, qui déclare que la banque centrale va «procéder avec prudence» en raison de l'incertitude géopolitique et qu'il est favorable à une hausse de taux de 25 points de base dans le courant du mois. Il ajoute toutefois qu'une hausse de 50 points de base est toujours possible à l'avenir si l'inflation est plus élevée que prévu. Le message est clair, en l’état ce sera 25 points de base, à moins que le conflit en Ukraine n’évolue significativement et / ou que l’indice des prix à la consommation américain ne ressorte au-dessus des attentes le 10 mars. Les 11 secteurs de l’indice S&P500 (SPX) clôturent dans le vert avec, sur le podium, les financières, les materials et l’énergie, cette dernière ne rend pas les gains, portée par le pétrole qui se fiche totalement de l’annonce de l’OPEP+ d’une augmentation de la production de 400'000 barils par jour dès le mois d’avril. Le baril de WTI Light Crude grimpe à 115,95 dollars ce matin. Cette hausse, tout comme celle des matières premières en général, est surtout due aux craintes persistantes quant aux contraintes supplémentaires d’approvisionnement que la guerre génère.

Le sentiment du marché s’améliore légèrement hier donc, la volatilité se replie de 8%, le VIX termine sa séance à 30,68 après avoir évolué à 34,41 dans la journée. Les rendements obligataires remontent violemment, le 2 ans US récupère 22 points de base pour revenir à 1,52% alors que le 10 ans bondit de 16 points de base et se retrouve à 1,85% ce matin. Côté monnaies, le dollar reste demandé, la paire EUR/USD traite à 1,1095 actuellement. L’or rend un petit peu de terrain, l’once évolue à 1931 dollars. On le constate, le sentiment s’améliore mais juste un peu, le scepticisme reste de mise ce qui semble ma foi fort logique. On notera au passage de bonnes nouvelles supplémentaires du côté macro-économique. Le rapport ADP sur l’emploi aux Etats-Unis nous apprend que le secteur privé a créé 475'000 nouveaux emplois en février, les économistes attendaient 350'000 jobs. Et ce n’est pas tout, le chiffre de janvier est révisé de -301'000 à +509'000 ! Côté résultats de sociétés, là également cela se passe bien, notamment pour Salesforce, Nordstrom, Ross Stores et Hewlett Packard Enterprises.

La bourse de Moscou reste fermée mais pas le marché londonien des GDRs (Global Deposit Receipts). L’indice Dow Jones Russia GDR, qui regroupe 85% des firmes US listées en dollars à Londres, a perdu 96% depuis le 17 février, ce qui correspond à la disparition en fumée de 572 milliards de dollars de capitalisation boursière… Parmi les victimes de cette hécatombe, on retrouve notamment Sberbank, Gazprom, Rosneft ou encore Severstal, qui sont donc toutes en état de quasi mort clinique d’un point de vue boursier.

Selon le NIESR (National Institute of Ecomomic and Social Research) du Royaume-Uni, la guerre fera perdre 1’000 milliards de dollars à l'économie mondiale et ajoutera 3% à l'inflation mondiale cette année. Ces estimations interviennent alors que l'invasion russe gagne du terrain dans les plaines côtières du sud de l'Ukraine, difficiles à défendre. Les forces russes semblent s'être arrêtées à l'extérieur de Kiev, probablement en raison de pénuries de nourriture et de carburant, déclare un responsable du Pentagone.

Plus de 934’000 personnes ont fui l'Ukraine depuis l'invasion de la Russie la semaine dernière et le nombre de personnes augmente «de façon exponentielle», selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés. L'Ukraine participera à un deuxième cycle de négociations avec la Russie aujourd'hui en Biélorussie, selon Interfax-Ukraine, un jour plus tard que prévu initialement. Les États-Unis reportent l'essai de leur missile balistique intercontinental Minuteman-III pour éviter tout malentendu. Le ministère russe de la Défense déclare que 498 militaires ont été tués et 1’597 blessés. Il indique qu'aucun conscrit ou cadet ne prenait part aux combats, une déclaration qui contredit les témoins oculaires et les messages sur les médias sociaux. L'Assemblée générale des Nations unies dénonce l'invasion de l'Ukraine et appelle la Russie à retirer immédiatement toutes ses troupes.

Les indices PMI des services finaux pour le mois de février seront égrenés tout au long de la journée. Il y aura aussi l'emploi dans la zone euro en janvier (11h00) et plusieurs indicateurs aux Etats-Unis: étude Challenger sur les licenciements (13h30), inscriptions hebdomadaire au chômage, coût de la main d'œuvre (14h30) puis commandes de biens durables et ISM des services (16h00).

SGS: UBS reste neutre avec un objectif réduit de 99 à 96 francs. Deutsche Lufthansa: la perte d'exploitation annuelle de 2,3 milliards d’euros est en ligne avec les attentes et inférieure à celle de l'année précédente (5,5 milliards d’euros). Logitech: les objectifs de l'exercice clos fin mars sont confirmés. Sur le prochain exercice, la croissance devrait atteindre 5% et l'Ebit 900 à 950 millions d'euros. Le Crédit Suisse a demandé à des investisseurs de détruire les documents liés aux prêts accordés aux oligarques russes pour financer yachts et jets, révèle le Financial Times. La seconde banque russe, la VTB Bank, pourrait fermer sa filiale en Europe, comme Sberbank. Apple devrait présenter un nouvel iPhone moins cher le 8 mars. Le FTSE Russell va radier la Russie de ses indices. Le MSCI va retirer la Russie de son statut de marché émergent. Telecom Italia va se scinder en deux. Le milliardaire russe Roman Abramovitch va vendre le Chelsea Football Club et faire don du produit net de la vente aux victimes de la guerre en Ukraine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo récupère 0,70% à la cloche, Hong Kong grappille 0,23%, Shanghai évolue autour de l’équilibre et Séoul gagne 1,61%. Le future SPX rend 4 points et l’Europe ouvre en repli de 0,6%.