Gonet: l'actualité des marchés au 1er mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,49%, S&P 500 -0,24%, Nasdaq +0,34%, Russell 2000 +0,35%, SOX -0,67%, Eurostoxx -1,17%, SMI inchangé.

Wall Street tente de se calmer un peu, du moins en surface. Le marché des futures US abandonne 3% hier matin en Europe, la clôture autour de l’équilibre est donc à relever, dans un contexte bien volatil ceci-dit. L’indice VIX progresse de 9% et clôture légèrement au-dessus de 30, il y a probablement de la place pour aller à 35 – 40 avant que le marché ne s’empare du sujet à nouveau. Au chapitre des secteurs, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des industrielles et de la consommation discrétionnaire. Mention spéciale au cloud, porté par la cyber sécurité, ô surprise… On reste dans le monde de Wall Street 2.0 avec le bitcoin qui retrouve soudainement des couleurs et bondit de 16% à 43’500 dollars, probablement parce que les crypto monnaies sont utilisées pour effectuer des paiements, ce qui indique que les sanctions financières à l’encontre de Moscou fonctionnent déjà à plein régime. Force est de constater que la résilience du marché est plutôt bluffante. Le TINA (There Is No Alternative… but stocks) est agressivement testé hier, les intervenants recherchent activement les bons du Trésor US, le rendement du 10 ans revient à 1,82%, pour traiter à 1,86% ce matin.

On n’y croyait plus vraiment et cela fait franchement du bien: les énergies alternatives poussent à la hausse suite à l'annonce de Chevron qu’il va acquérir Renewable Energy Group, les véhicules électriques profitent de cet élan (TSLA +7,48%). Les valeurs du secteur de la défense touchent un plus haut depuis 2 ans avec le changement de position de l'Allemagne sur les dépenses de défense (indice S&P Supercomposite Aerospace & Defense Industry +4,35%). Les actions exposées à la Russie chutent, la Banque de Russie ayant interrompu ses opérations à Moscou (RSX -30,4%, ERUS -27,9%), Pepsi -2,76% et Philip Morris -3,96% souffrent également de leur exposition dans la région.

Il semble de plus en plus évident que les traders sont à l’affut des premiers signes de stress de financement dans le marché, la machine des sanctions semble ne plus pouvoir s’arrêter et emporte tout avec elle. Cela a commencé par des sanctions publiques, puis le privé s’en est mêlé et ça fait feu de tous bords, les fédérations sportives s’y mettent aussi, la culture également. Même la si neutre Helvétie se met au diapason de l’Europe, même Monaco rejoint le mouvement! C’est dire… cette réaction en chaine aura très probablement des répercussions économiques un peu partout sur la planète, comme l’indique Christophe Barraud, le réputé chef économiste de Market Securities. Il souligne ce matin que ses discussions avec de nombreux dirigeants d'entreprises montrent que les analystes et les économistes sous-estiment l'impact de ce conflit sur les chaînes d'approvisionnement et les coûts logistiques.

Le marché reste en mode de réduction du risque, la volatilité est reine et l’on regarde la performance des indices au mois de février avec amertume. Les bourses ont été secouées par l’inflation et le début du conflit en Ukraine. La facture est un peu moins salée qu’en janvier mais ce début de 2022 est clairement compliqué. La poussière semble loin de retomber sur le marché, la patience est de mise dans un tel contexte. D’ailleurs, les investisseurs reviennent massivement dans le marché monétaire. Après des semaines de sorties, les intervenants ont injecté 5 milliards de dollars dans les fonds monétaires américains au cours de la semaine qui s'est terminée le 23 février, selon l'Investment Company Institute.

Les indicateurs PMI manufacturiers finaux de février seront publiés tout au long de la journée, ainsi que l'ISM manufacturier américain à 16h00. Ce matin, la Chine a fait état d'un PMI manufacturier de retour en zone d'expansion en février, à 50,2 points contre 49,8 points attendu pour l'indicateur officiel et à 50,4 contre 49,1 attendu pour le PMI Caixin.

HP Inc: le titre perd 2,5% hors séance malgré la publication de résultats plutôt conformes aux attentes. Zoom Video: l'action est en baisse de 2% après la séance dans le sillage de la publication de ses trimestriels. Linde va racheter jusqu’à 10 milliards de dollars de ses propres actions. Volkswagen et Volvo Car suspendent leurs livraisons à la Russie. Mercedes aussi. Citigroup évalue à environ 10 milliards de dollars son exposition à la Russie. La FTC se prépare à combattre l'opération d'Amazon sur MGM, selon The Information. Zurich Insurance s'engage à respecter les sanctions suisses contre la Russie. Holcim a finalisé l'acquisition de Malarkey Roofing Products. Toyota va relancer sa production au Japon à partir de mercredi après une cyberattaque visant un fournisseur. Mastercard bloque l'accès de plusieurs institutions financières russes à son réseau de paiement. Boeing ferme son bureau à Kiev et met en pause les opérations de son campus de formation à Moscou. Uber accélère la vente de sa participation dans une coentreprise de taxis russe. GM et Harley-Davidson vont cesser leurs livraisons en Russie. Disney, Sony et Warner Bros. suspendent  la sortie de nouveaux films en Russie. Shell va se débarrasser des coentreprises avec Gazprom et mettre fin à sa participation au projet de gazoduc Nord Stream 2, suite à la décision de BP de quitter la Russie. BP pourrait chercher à revendre sa participation d'environ 20% dans Rosneft à l'explorateur contrôlé par l'État, moyennant une forte décote, selon l’agence Bloomberg. Ces décisions pourraient mettre la pression sur Exxon et TotalEnergies, qui ont également des participations en Russie. Les partenaires de Shell, Mitsui et Mitsubishi, discutent de leur participation au projet pétrolier et gazier Sakhalin-2.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reprennent le chemin de la hausse. Tokyo progresse de 1,20% à la cloche, Hong Kong gagne 0,38%, Shanghai avance de 0,77% et Séoul monte de 0,84%. Le future SPX prend 19 points alors que l’Europe, qui souffre plus que les autres marchés, se replie de 0,6% à l’ouverture. L’or se maintient légèrement au-dessus des 1900 dollars l’once, le pétrole est de retour à 97,27 dollars le baril de WTI Light Crude et le dollar rend un peu de terrain face à l’euro, à 1,1219.

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