Gonet: l'actualité des marchés au 2 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,76%, S&P 500 -1,55%, Nasdaq -1,59%, Russell 2000 -1,93%, SOX -3,64%, Eurostoxx -4,04%, SMI -1,04%.

Wall Street subit la pression d’un marché dont le stress augmente significativement hier. La partie courte de la courbe des taux obligataires chute comme rarement, notamment aux Etats-Unis mais aussi en Allemagne. Le rendement du 10 ans US descend à 1,72%, il traitait 30 points de base plus haut vendredi, c’est un mouvement d’une amplitude rare que celui-ci. Le 10 ans Bund repasse en territoire négatif (-6 points de base alors qu’à la mi-février il se situait à +30 bps). Le prix des matières premières continue d’exploser, le baril de WTI Light Crude atteint les 111 dollars ce matin, malgré l’annonce par les Etats-Unis et leurs alliés du déblocage en urgence de 60 millions de barils dont la moitié provient des réserves spéciales américaines. Cette hausse du baril ranime des discussions anxiogènes dans les salles de marchés quant au niveau où l’or noir pourrait sérieusement impacter la croissance, on mentionne le niveau de 125 dollars du côté du WTI. Cette année 2022, les prix de l’énergie ont déjà augmenté de 30%, tandis que les matières premières agricoles flambent (la Russie est le premier exportateur mondial de blé, l’Ukraine le quatrième). Les métaux industriels suivent le mouvement.

La volatilité n’est pas en reste, le VIX (volatilité du SPX) gagne 10,5% supplémentaires et clôture à 33,32, après avoir atteint 35,19 en séance, la zone de 35 – 40 reste intéressante. On le constate, le conflit en Ukraine est contagieux et se propage à la plupart des classes d’actifs. Côté secteurs du SPX, seule l’énergie parvient à terminer la séance dans le vert hier, ce qui ne surprend personne.

Le marché semble «perdu dans la traduction» et ne plus trop savoir que penser de la croissance économique globale et américaine en particulier. Rappelons ici que les statistiques économiques récentes ont été bonnes, ne confondons pas émotionnel et factuel, il est important de continuer à suivre ces données de près et notamment le très attendu rapport américain sur l’emploi en février, qui sera publié ce vendredi. Dans cette attente, le marché a nettement revu à la baisse ses attentes de hausses de taux par la Fed. Une hausse de 25 points de base le 16 mars n’est même plus totalement dans les cartes alors que, pour l’année, le marché s’attend désormais à 4,5 hausses de 25 points de base chacune, contre 6,5 hausses très récemment. Cela aussi est à garder en tête, en temps normal, les actions adorent l’idée de moins de hausses de taux. Bien évidemment, cette notion est indissociable de l’avancée de l’inflation, la publication de l’indice américain des prix à la consommation le 10 mars nous en dira plus à ce sujet.

Mais avant cela, nous aurons droit aujourd’hui au très attendu discours du patron de la Fed, Jerome Powell à 16h (CET), qui est attendu au contour quant à l’agenda des hausses de taux. Est-il revu ou la Fed va-t-elle nous dire qu’elle continue sa route, contre vents et marées. L’Opep+ doit aussi annoncer sa décision quant à la production aujourd’hui, est-elle réellement en mesure d’endiguer la hausse vertigineuse du baril? Affaire à suivre…

Joe Biden critique Vladimir Poutine dans son discours sur l'état de l'Union et déclare que sa priorité absolue est de maîtriser les prix. La première partie du discours est consacrée à la Russie, confirmant que les États-Unis ferment l'espace aérien américain à tous les vols russes et annonçant que le ministère de la Justice mettra sur pied un groupe de travail pour s'attaquer aux crimes des oligarques russes. Le président des Etats-Unis déclare que si Poutine peut faire des gains sur le champ de bataille, il paiera un prix élevé et continu sur le long terme. Sur le front intérieur, Monsieur Biden rappelle les réalisations législatives de la première année, telles que le programme d'aide Covid-19, et présente un nouvel argument en faveur de ses propositions «Build Back Better». La priorité absolue est de maîtriser les prix, en se concentrant sur le renforcement des chaînes d'approvisionnement nationales et en stimulant la production locale de voitures et de semi-conducteurs. Il vise à réduire l'inflation en diminuant le coût des médicaments sur ordonnance, en réduisant les coûts de l'énergie grâce à des crédits d'impôt pour les investissements écologiques et en réduisant le coût de la garde d'enfants. Il souligne ses efforts pour réduire le déficit, notamment en supprimant les échappatoires fiscales pour les plus riches.

L'Union Européenne accepte de demander une première évaluation des chances de l'Ukraine de rejoindre l'Union, en réponse à une demande de Volodymyr Zelenskiy. L'UE va également exclure sept banques russes de SWIFT, mais elle épargne Sberbank et Gazprombank. Le Royaume-Uni impose de nouvelles sanctions à la Russie et à la Bielorussue à compter de demain. Elles comprennent de nouvelles restrictions à l'encontre de la banque centrale russe et de Sberbank, ainsi que l'officialisation de l'interdiction faite aux navires russes d'entrer dans les ports britanniques. Les États-Unis interdisent aux avions russes l'accès à l'espace aérien américain. La Banque mondiale prépare un financement de 3 milliards de dollars pour l'Ukraine en collaboration avec le FMI. Les pourparlers entre Moscou et Kiev doivent reprendre aujourd'hui.

Joe Biden exhorte les Américains à retourner au bureau. Pfizer fournira aux États-Unis suffisamment de traitements de sa pilule antivirale pour un million de personnes en mars, déclare un responsable gouvernemental, alors qu'une allocation mensuelle était prévue auparavant. Un nombre record d'habitants de Hong Kong fuient la ville tandis que d'autres dévalisent les rayons de nourriture et de médicaments, alors que des rapports contradictoires font état d'un projet de confinement. À partir du 28 mars, HSBC exigera de ses employés qu'ils soient munis d'un laissez-passer de vaccination valide à Hong Kong.

Les chiffres de l'emploi allemand de février (9h55) et le rapport ADP sur l'emploi aux Etats-Unis (14h15) précèderont l’audition du patron de la Fed Jerome Powell au Capitole.

ABB: HSBC passe d'acheter à conserver en visant 32 francs. Atos: HSBC passe d'acheter à conserver en visant 30 euros. Beiersdorf: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 116 à 106 euros. Société Générale: AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 40,25 à 35,70 euros. Swiss Life: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 657 à 659 francs. Baidu: les résultats trimestriels sont bien accueillis, ce qui permet au titre de bondir de 9,3% à Hong Kong. Hewlett Packard Enterprise: le titre reprend 2% hors séance après la publication de ses résultats. L'opérateur d'indices STOXX va supprimer 61 sociétés russes de ses indices, dont Gazprom, Lukoil, Sberbank, Rusal ou Aeroflot. Sberbank se retire du marché européen. Ericsson: le département de la justice US estime que le groupe n'a pas suffisamment communiqué sur les risques en Irak. Raiffeisen annule son dividende 2021 à cause de l'impact du conflit russe. Apple suspend la vente de ses produits en Russie. Google bloque RT et Sputnik de sa boutique d'applications en Europe. BMW interrompt la production et les exportations de voitures en Russie. Selon Reuters, Ford va annoncer son intention de gérer les véhicules électriques et les moteurs à combustion comme des activités distinctes. Boeing suspend ses activités en Russie et bloque l'accès aux données sensibles pour le personnel local. Exxon Mobil abandonne le projet Sakhaline-1 et interrompt ses investissements en Russie. Glencore revoit ses participations dans les entreprises russes En+ et Rosneft. SGS rachète un spécialiste irlandais de l'analyse des gaz. Sika acquiert Sable Marco au Canada.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reculent à l’exception de Séoul, qui grappille 0,16%. Tokyo perd 1,68% à la cloche, Hong Kong rend 1,86% et Shanghai abandonne 0,131%. Le future SPX glisse de 8 points et l’Europe ouvre en repli de 1%. L’or reste bien demandé, l’once évolue à 1944 dollars, tandis que le billet vert est également recherché, la paire eur/usd traite à 1,1093.

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