Gonet: l'actualité des marchés au 8 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -2,37%, S&P 500 -2,95%, Nasdaq -3,75%, Russell 2000 -2,29%, SOX -4,91%, Eurostoxx -1,23%, SMI -0,84%.

Wall Street met un genou à terre, dans des volumes d’échanges en forte hausse. Le marché américain des actions semble en train de capituler, à témoin les forts volumes d’échanges et la forte progression de la volatilité hier, l’indice VIX (volatilité du SPX) décollant de 14,2% pour clôturer à 36,45, on s’approche de plus en plus du niveau de 40, qui constitue une solide résistance. C’est une vilaine séance que vivent les indices US hier, qui se font finalement rattraper par l’ambiance européenne. Les indices clôturent au plus bas de la séance et on observe des intérêts vendeurs pour 1,5 milliard de dollars à la cloche, les vendeurs ne semblent donc pas avoir terminé leur travail. Que l’on soit Long Only et vendeur ou Hedge Fund et probablement en train de lécher ses plaies, le phénomène est le même, l’écrasante majorité des gérants de portefeuilles sont pressés de réduire le risque par les responsables du risque.

Au chapitre des secteurs, seules les utilities et l’énergie terminent la séance dans le vert, les premières jouent leur rôle de valeurs défensives à la perfection, tandis que les secondes profitent de la hausse vertigineuse du pétrole et du gaz. L’indice S&P500 (SPX) s’approche de sa zone survendue, tout comme le Nasdaq100 (NDX). En l’état, l’idée d’acheter la faiblesse est mise en pause, les titres de la consommation sont bazardés, surtout ceux exposés à l’Europe (par exemple Ralph Lauren -12%). Les actions chinoises cotées à Wall Street atteignent un plus bas niveau en cinq ans, le covid fait des ravages à Hong Kong. Le secteur de l'énergie est le principal gagnant du jour, alors que la guerre en Ukraine domine les marchés. Shell limite ses ventes de fioul domestique à certains grossistes en Allemagne, afin de continuer à respecter ses obligations contractuelles. Les pourparlers avec l'Iran sont entourés de tensions avec la Russie et la Chine qui imposent de nouvelles exigences sur les sanctions imposées à la Russie. Les réunions avec les responsables vénézuéliens risquent de prendre beaucoup de temps avant d'aboutir à un changement, et le passage à l'énergie verte semble lointain.

En Europe, la séance débute sur une note cauchemardesque hier mais les indices se reprennent et réalisent des swings rarement observés, comme par exemple en France, où le CAC40 effectue un écart de 5,9%, pour ne clôturer finalement «que» en repli de 1,31%. Notons que le Dax et l’Eurostoxx entrent en «bear market», ce qui implique qu’ils ont reculé de plus de 20% depuis leur dernier top.

En résumé, et pour paraphraser l’excellent Anthony Bondain, l’Ukraine résiste et les marchés capitulent. La Fed, la BCE et leurs pairs ne doivent plus beaucoup dormir, la fenêtre de tir qui leur permettait de s’attaquer à l’inflation semble se refermer un peu plus vite chaque jour, tellement la hausse de la plupart des matières premières est forte. Pétrole, gaz naturel, or, nickel, aluminium, blé, maïs, parmi d’autres, sont en orbite, comment du coup agir si l’on est un banquier central, pour endiguer une inflation galopante sans tuer la croissance? du coup on fait appel aux politiques. Le G7 réunit ses ministres de l’agriculture ce vendredi, afin de tenter de stabiliser les marchés alimentaires. L’agence internationale de l’énergie publie de son côté un plan en dix points pour réduire la dépendance de l’Europe au gaz russe. Tout cela est bien joli mais il faudra du temps pour que les effets se fassent sentir.

Le nickel dépasse le niveau sans précédent de 100’000 dollars la tonne, faisant plus que doubler par rapport à la veille avant de réduire ses gains. Le chaos incite le LME à modifier ses règles de livraison et alimente maintenant les inquiétudes concernant les appels de marge. Une unité de la China Construction Bank aurait bénéficié d'un délai supplémentaire pour payer les appels de marge manqués hier. Mais d'autres pourraient ne pas avoir cette chance, selon le blog Bloomberg Markets Live, qui prévient que l'annonce d'un plus grand nombre d’appels non honorés pourrait déclencher une plus grande volatilité des actifs.

La Russie menace de couper les livraisons de gaz naturel à l'Europe via le gazoduc Nord Stream 1 en représailles aux sanctions. Les contrats à terme de référence sur le gaz naturel en Europe bondissent de 79% pour atteindre l'équivalent de plus de 600 dollars le baril de pétrole, avant de limiter leurs gains. Le pétrole continue à grimper. Le baril de WTI Light Crude évolue à 123 dollars ce matin. Les législateurs américains dévoilent les grandes lignes d'une loi visant à interdire les importations de brut russe, et le chef de l'OPEP, Mohammad Barkindo, déclare que la capacité de production mondiale n’est pas suffisante pour remplacer la contribution de la Russie aux marchés mondiaux. Le PDG de Chevron, Mike Wirth, indique qu'il n'y a encore aucune preuve de pénurie physique de pétrole ou de gaz, malgré l'énorme flambée des prix de ces derniers jours. Les responsables ukrainiens et russes se sont rencontrés pour une troisième série de pourparlers, mais les deux parties n'ont exprimé que des progrès limités alors que de violents combats ont embrasé des villes à l'extérieur de Kiev.

La banque centrale de Pologne devrait relever ses taux d'intérêt de 50 points de base pour les porter à 3,25%, soit le niveau le plus élevé depuis neuf ans, afin de soutenir le zloty.

La production industrielle allemande de janvier (sortie nettement au-dessus des attentes) sera suivie aux Etats-Unis de la balance commerciale (14h30) et des stocks des grossistes (16h30).

Lindt a dégagé des bénéfices records en 2021. La direction vise pour 2022 une croissance des ventes dans le haut d'une fourchette de 6 à 8%, assortie d'une marge opérationnelle de 15%. Google négocierait le rachat de la société de cybersécurité Mandiant, selon The Information. Adidas ferme jusqu'à nouvel ordre son site marchand et ses magasins en Russie. Monsanto (Bayer) attaqué en justice aux USA pour des décennies de pollution des eaux.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge, emportés par Wall Street. Tokyo rend 1,71% à la cloche, Hong Kong perd 1,46%, Shanghai abandonne 2,35% et Séoul se replie de 1,09%. Le future SPX perd 0,75% tandis que l’Europe ouvre en baisse de 2%. L’or a finalement récupéré le niveau de 2'000 dollars par once et évolue ce matin à 2016 dollars. Le dollar reste fort, la paire EUR/USD traite à 1,0867. La volatilité est élevée, il est rare qu’elle se maintienne ainsi à cette altitude. Cet état de fait implique que les investisseurs sont capables de réagir brutalement à une annonce que ce soit vers le haut ou vers le bas.

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