Gonet: l'actualité des marchés au 28 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +2,51%, S&P 500 +2,24%, Nasdaq +1,64%, Russell 2000 +2,25%, SOX +1,57%, Eurostoxx +3,69%, SMI +3,01%.

Wall Street poursuit son rallye entamé jeudi. L’indice S&P500 (SPX) améliore quelque peu sa configuration technique, qui reste cependant fragile. Vendredi, le marché est animé par l’espoir que les sanctions décidées par la communauté internationale à l’encontre de la Russie resteront financières, sans toucher au pétrole et au gaz. Les 11 secteurs du SPX progressent avec, sur le podium, les materials, les financières et les utilitaires. Au final de cette folle semaine, les indices US auront fait du surplace, le SPX progresse de 0,10% tandis que le Nasdaq100 (NDX) avance de 0,12%. C’est un scénario hebdomadaire plus morose qui prévaut en Europe, l’Eurostoxx recule de 2,54%, la Suisse jouant une fois de plus son rôle de marché défensif, le SMI ne recule que de 0,19%.

La journée de vendredi marque un net repli de l’aversion au risque, le pétrole, l’or, le dollar reculent de concert, à presque 90 dollars le baril de WTI Light Crude, à 1883 dollars l’once de métal jaune et à 1,1273 pour la paire EUR/USD. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,96%.

Ce matin, le vent tourne à nouveau et l’aversion au risque fait son retour dans les salles de marchés.

Au cours du week-end, les États-Unis, l'Union européenne, le Canada et le Royaume-Uni font part de leur intention de couper certaines banques russes du réseau Swift, un système de paiement mondial qui relie les banques internationales et facilite les transferts financiers transfrontaliers. Ces pays déclarent en outre qu'ils agiront pour empêcher la banque centrale russe de déployer ses plus de 600 milliards de dollars de réserves pour aider l'économie russe. De son côté, Le président russe Vladimir Poutine ordonne à l’armée de placer les forces de dissuasion nucléaire dans un «régime spécial de service de combat», en raison des «déclarations agressives» de l'Otan. Les Biélorusses votent dimanche pour les amendements à la constitution proposés par Alexandre Loukachenko, rendant possible un déploiement nucléaire russe dans l'ex-république soviétique. 21 pays européens ferment leur espace aérien aux avions russes, dont la France et l'Allemagne. Des nombreux pays occidentaux annoncent qu'ils vont envoyer du matériel militaire en Ukraine. De son côté, l’Union Européenne surprend tout le monde en annonçant qu’elle va livrer des armes à l’Ukraine pour 450 millions d’euros, c’est la première fois de son histoire qu’elle assiste un pays attaqué. En Suisse, le Conseil fédéral se réunira aujourd’hui pour examiner le renforcement des mesures vis-à-vis de la Russie. «La Suisse est solidaire de l’Ukraine et des pays de l’Est européen; la Suisse fera partie de la solution européenne», déclare Karin Keller-Sutter. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky accepte le principe de négociations avec la Russie. Une rencontre entre les deux parties doit avoir lieu dans la région frontalière de Pripiat, proche de la Biélorussie. Mais qui donc y croit?…

Au vu de ce qui précède, on comprend aisément que les marchés fassent un pas en arrière. Le pétrole décolle à nouveau, le baril de WTI Light Crude remonte à 95,87 dollars. L’or revient à 1900 dollars l’once, la courbe des taux US se replie, le 10 ans redescend à 1,91%. Le dollar reprend des couleurs, la paire EUR/USD revient à 1,1188. Le rouble s’effondre de 30% face au dollar, les sanctions font très mal à l’économie russe. S&P coupe la note de la Russie à BB+ et pourrait la réduire encore. L’Union Européenne bannit toutes les transactions avec la banque centrale de Russie, la Russie interdit aux étrangers de vendre des titres russes. Et au final, la banque centrale russe n’a d’autre choix que de relever ses taux d’intérêts de 9,5 à 20%, c’est le début des (très gros) problèmes financiers pour Vladimir Poutine.

Le marché se préoccupe plus de la question de l’inflation pour sa part, quid de l’attitude de la Fed le 16 mars? Les discours à venir des différents gouverneurs de la Réserve Fédérale seront particulièrement écoutés du coup, notamment celui de Jerome Powell ce mercredi.

La Norvège entame le processus de retrait des actifs russes de son fonds souverain. Le système de retraite de la ville de New York va évaluer le désinvestissement des avoirs russes. L'Allemagne va fournir des armes à Kiev et augmenter massivement ses propres dépenses de défense, deux changements historiques. Meta a découvert et désactivé un réseau de désinformation qui exploitait des comptes ciblant l'Ukraine sur ses réseaux sociaux. Pékin tente de prendre ses distances avec Moscou. Néanmoins, la Chine s’abstient de voter sur un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, auquel la Russie oppose son veto, qui condamnait l'invasion. Emmanuel Macron rencontrera Olaf Scholz et Ursula Von Der Leyen. Joe  Biden s'entretiendra avec ses alliés. Enfin, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté la tenue aujourd'hui d'une session d'urgence de l'Assemblée générale, pour la première fois depuis des décennies.

Une semaine chargée s'annonce avec le suivi de l'impact de la guerre en Ukraine sur les marchés mondiaux, les prix de l'énergie et les matières premières.  Parmi les entreprises qui se rendront au confessionnal des résultats dans un contexte géopolitique tendu figurent HP (HPQ), Lucid Group (LCID), Target (TGT) et Costco (COST).  La liste des intervenants du FOMC est également longue et le président de la Fed, Jerome Powell, témoignera au Capitole. La banque centrale est confrontée au défi de combattre l'inflation sans porter un coup trop important à la croissance économique.  Il faudra suivre de près la décision mercredi par l'OPEP concernant l'augmentation de la production.

Au menu du jour aux Etats-Unis, les stocks des grossistes de janvier (14h30) et l'indice PMI de Chicago de février (16h00) sont sur les tablettes.

BP Plc va sortir du capital de Rosneft. Qu'en sera-t-il de Total et de ses gros projets russes? Société Générale a cessé son activité de financement du négoce de matières premières depuis la Russie. Le fonds souverain norvégien va voter contre la rémunération du patron d'Apple. La filiale européenne de Sberbank proche d'une faillite. Crédit Suisse a cessé son activité de financement du négoce de matières premières depuis la Russie. Berkshire Hathaway affiche un bénéfice annuel plus élevé que prévu et étend ses rachats d'actions. CRH serait sur le point de vendre sa division Oldcastle à KPS pour 3,8 milliards de dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en légère hausse. Tokyo progresse de 0,19% à la cloche, Hong Kong recule de 0,62%, Shanghai gagne 0,32% et Séoul avance de 0,84%. Le future SPX perd 63 points mais il en rendait plus de 100 il y a une heure. L’Europe va ouvrir en repli de 2,4%.

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