Gonet: l'actualité des marchés au 22 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,58%, S&P 500 -0,04%, Nasdaq 100 -0,31%, Russell 2000 -0,97%, SOX -0,26%, Eurostoxx -0,53%, SMI -0,11%.

Wall Street fait montre d’une résilience quelque peu déconcertante après les propos très «faucons» de Jerome Powell. Le patron de la Fed déclare que le temps est venu d’agir rapidement et agressivement pour combattre l’inflation. Lisez: une hausse de 50 points de base n’est pas à exclure lors de la prochaine réunion de la Réserve Fédérale. Le marché obligataire réagit immédiatement et envoie le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 2,32%. La courbe des taux US évolue également, le spread entre le 2 ans et le 10 ans se réduit à 15 points, tandis que le 5 / 10 ans s’inverse, à -3 points. Si l’on observe la configuration technique du 10 ans US, on constate que le rendement de ce dernier est en train de tenter de sortir de son canal baissier entamé à la fin des années 1980, ça laisse songeur… La courbe des taux s’acharne à nous dire, nous crier plutôt, que des signaux alarmants de récession sont en vue…

Pendant ce temps-là, au joyeux royaume des actions, tout semble aller plutôt bien. On s’inquiète peu ou pas des propos d’oncle Jay, on verra ça plus tard. Je note avec étonnement que les petits investisseurs sont particulièrement actifs hier, en fait c’est le jour de l’année où ils contribuent le plus aux volumes d’échanges. Les indices reculent certes, mais vraiment très peu au vu des SOS incessants envoyés par le grand frère obligataire. Au chapitre des secteurs, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des materials et des utilitaires. Le SPX reste légèrement en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours (4461 points contre la 200 dma à 4471). La volatilité remonte très légèrement, le VIX gagne 1,5% à 23.88. Quant au breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse), il est décevant avec 37% de positif pour le SPX et 30% pour le Nasdaq100 (NDX).

On le sait, la crédibilité d’une banque centrale est fondamentale pour assurer la stabilité de son marché financier. Hier Jerome Powell nous a clairement montré que la Fed est «behind the curve», cela sent l’empressement, le patron de la Fed et ses collègues doivent commencer à transpirer un peu, ils se retrouvent seuls face à l’inflation qui galope, qui galope…

Dans un tel contexte, de voir les marchés d’actions en mode «même pas peur» laisse songeur. Rappelons ici que les indices ont fortement rebondi la semaine passée, que bon nombre d’entre eux se retrouvent au-dessus du niveau où ils évoluaient la veille de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que c’est un véritable pataquès au niveau des relations internationales, de la politique monétaire et des chaines d’approvisionnement. Le TINA et le FOMO sont probablement toujours présents, l’absence d’alternative aux actions et la peur de ne pas en être donc.

Sur le front des autres classes d’actifs, le pétrole poursuit son rebond, le baril de WTI Light Crude revient à 113,29 dollars, les nouvelles de la guerre restent très mauvaises. L’or se stabilise à 1931 dollars par once tandis que le dollar est demandé à nouveau, la paire EUR/USD traite à 1,0982 et le dollar / yen passe le cap des 120. Le franc repart à la hausse et revient en-dessous des 1,0300 contre euro. On sent bien que l’aversion au risque tente un retour ce matin.

Joe Biden déclare que l'utilisation par la Russie d'un missile hypersonique contre l'Ukraine est un signe que Vladimir Poutine est de plus en plus désespéré. Il met également en garde contre une éventuelle cyberattaque russe contre les États-Unis, alors que les sanctions se font sentir. L'Ukraine organisera un référendum sur les termes de tout accord de paix avec la Russie, déclare le président Volodymyr Zelenskiy. Si l'adhésion à l'OTAN n'est pas possible, l'Ukraine pourrait envisager des garanties de sécurité de la part des membres de l'alliance. Le paiement du coupon de la Russie sur une obligation souveraine arrivant à échéance en 2029 a été traité par la banque correspondante J.P. Morgan, rapporte Reuters. Cette dette est assortie d'une option de remboursement en roubles. Plus de 3’000 personnes ont été évacuées de Marioupol et sont arrivées à Zaporizhzhia alors que sept des huit corridors humanitaires ont fonctionné, selon l'Ukraine. La bourse de Moscou ne rouvrira pas ses portes aujourd'hui. S&P annonce le retrait de la notation de toutes les entités russes.

L'indice manufacturier de la Fed de Richmond sera publié à 15h00.

Moncler: Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 62 euros. Ryanair: Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 16,80 euros. Swatch: Goldman Sachs réduit son objectif de cours de 430 à 350 francs. La Russie interdit Facebook et Instagram (Meta Platforms) pour «extrémisme». Nike rebondit de 5% hors séance après la publication de résultats trimestriels solides. Alibaba va lancer un programme de rachat d'actions de 25 milliards de dollars, représentant 8,9% de la capitalisation actuelle. Shell repense le retrait du champ pétrolifère de Cambo face à la flambée des prix du pétrole brut. GlaxoSmithKline émet 8,75 milliards de dollars d'obligations en vue de la scission de sa branche grand public. Partners Group dépasse les prévisions du consensus AWP, notamment avec un bénéfice net en hausse de 90% à 1,46 milliard de francs en 2021. Volkswagen s'approvisionnera en acier à faible teneur en carbone auprès de Salzgitter pour ses projets futurs. Les autorités antitrust américaines demandent plus d'informations à Activision et Microsoft. Prologis envisage de faire une offre informelle à 21 milliards de dollars sur Mileway (détenu par Blackstone), selon le Financial Times.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo gagne 1,48% à la cloche, Hong Kong avance de 3,15%, Shanghai grappille 0,19% et Séoul prend 0,89%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en très léger repli de 0,1%.

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