Wall Street termine mal sa semaine, le front géopolitique n’est source que d’espoirs éphémères et systématiquement douchés, alors que les négociations entre les Etats-Unis et l’Iran dans le dossier nucléaire sont mises au point mort. «Cerise sur le gâteau», le sentiment du consommateur américain se détériore manifestement en mars en manquant les attentes des économistes. Le pétrole reste soutenu vendredi, ce qui n’arrange rien. Ce matin le baril de WTI Light Crude se détend quelque peu et revient à 105,70 dollars, ce qui détend du coup le marché des futures US. Sur le front du marché obligataire, la courbe des taux s’aplatit encore et menace de s’inverser, ce qui indique que ce marché ci est fort pessimiste quant à l’état réel de l’économie américaine. Le 2 ans rend 1,78% tandis que le 10 ans évolue à 2,03%. Au chapitre des secteurs, aucun des 11 compartiments de l’indice S&P500 (SPX) ne parvient à maintenir la tête hors de l’eau vendredi, les plus fortes baisses étant à signaler du côté des services de communication, de la technologie et de la consommation.

La volatilité remonte d’un chouia, c’est plutôt étonnant dans ce contexte baissier, voire plombé. L’indice VIX (volatilité du SPX) progresse de 1,69% à 30,75, niveau qui reste élevé ceci dit. Le dollar est recherché, la paire EUR/USD revient à 1,0915. L’or recule et évolue à 1974 dollars l’once ce matin. En termes de breadth, l’écart entre les titres du NYSE clôturant à la hausse et ceux à la baisse, c’est franchement vilain avec 18% de positif pour le SPX et 7% pour le Nasdaq100 (NDX).

Et pourtant la journée de vendredi avait plutôt bien débuté, Vladimir Poutine indiquant qu’il y avait des développements positifs durant les négociations avec l’Ukraine. Mais on connait le bonhomme, cela ne tient que très peu de temps avant que les intervenants ne se réveillent et décident que, le weekend approchant, alléger ses positions en actions est la meilleure chose à faire, ce d’autant plus que mercredi soir la Fed annoncera sa décisions sur les taux, elle devrait les relever de 25 points de base, et le marché doit remettre ce dossier tout en haut de la pile, et donc repenser très sérieusement à l’inflation.

Moscou demande à la Chine des équipements militaires pour soutenir son offensive, selon des responsables américains. Ce sera l'un des sujets abordés lors de la rencontre entre le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et le membre du Politburo, Yang Jiechi, à Rome aujourd'hui, pour les premiers entretiens personnels de haut niveau depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Également à l'ordre du jour: l'impact de la guerre sur la sécurité régionale et mondiale et l'application des sanctions imposées par les alliés occidentaux.

Des missiles russes ont frappé un centre d'entraînement militaire ukrainien près de la frontière polonaise, faisant des dizaines de morts et rapprochant la guerre de Vladimir Poutine de l'OTAN. Les combats se poursuivent dans la banlieue de Kiev. Les frappes aériennes sur Mykolaiv, sur la mer Noire, ont tué un certain nombre de civils. La Russie déclare samedi qu'elle considère les convois d'aide militaire occidentale comme des «cibles légitimes». L'Ukraine rétablit une ligne électrique vers la centrale nucléaire désaffectée de Tchernobyl, quatre jours après la perte de l'électricité du réseau vers le site contrôlé par la Russie, selon l'AIEA. L'Union européenne envisage de sanctionner Roman Abramovitch, ainsi que plus d'une douzaine d'autres Russes de premier plan, selon des personnes bien informées. McDonald's, Coca-Cola et IBM font partie des entreprises qui ont reçu des avertissements de procureurs russes menaçant d'arrêter des dirigeants d'entreprise ou de saisir des actifs pour avoir critiqué le gouvernement ou s'être retirés du pays, selon le Wall Street Journal. Les évacuations massives se poursuivent. Plus de 2,5 millions d'Ukrainiens ont fui le pays, dont près de 1,7 million vers la Pologne.

La Chine confine la ville de Shenzhen, qui abrite certaines de ses plus grandes entreprises technologiques et plus de 17 millions de personnes. Shanghai fait également l'objet de certaines restrictions, le nombre de cas ayant doublé en un jour dans tout le pays pour atteindre 3’400. Hong Kong compte 300’000 personnes en isolement ou en quarantaine à domicile, soit près de 5% de sa population. Les cas se sont stabilisés à environ 30’000 par jour. Le PDG de Pfizer déclare à CBS qu'il recommande un second rappel.

La production industrielle de la zone euro de janvier sera le seul indicateur économique majeur du jour (11h00).

Bayer: Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 64 euros. Credit Agricole: J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 12,50 euros. CRH: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 61,80 à 53,10 euros. Dufry: UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 48 à 46 francs. Mercedes: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 82 à 66 euros. Renault: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 41 à 25 euros. Stellantis: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 25 à 20 euros. Unicredit: J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 12 euros. Volkswagen prévoit de réaliser 7 à 8,5% de marge opérationnelle en 2022, pour un consensus à 7,75%. Telecom Italia démarre des discussions en vue d'un rachat avec KKR. Le London Stock Exchange suspend ses produits et services en Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent sous pression, à l’exception de Tokyo qui gagne 0,58% à la cloche. Hong Kong chute de 5,2%, les investisseurs s’inquiètent de la vague de covid qui provoque des confinements massifs en Chine et risquent de gripper la chaine d’approvisionnement à nouveau. Foxconn, l'un des principaux fournisseurs de l'iPhone d'Apple, annonce qu'il fermera temporairement deux sites de production situés à Shenzhen, en Chine, en raison des mesures de confinement imposées dans la ville. Le groupe précise qu'il réorientera la production vers d'autres sites. Shanghai perd 2,6% et Séoul recule de 0,59%. Ambiance quelque peu différente à l’ouest où le future SPX traite en hausse de 0,85% alors que l’Europe est indiquée en progression de 1,4% à l’ouverture de 9 heures.

Les Etats-Unis et le Canada sont passés à l’heure d’été ce weekend, ce qui implique que Wall Street ouvrira à 14h30 et clôturera à 21h ces deux prochaines semaines.