Une saison des bénéfices solide et rassurante

Felipe Villarroel, TwentyFour Asset Management

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La publication des résultats trimestriels des entreprises bat son plein et s’avère riche en bonnes surprises.

©Keystone

Au premier trimestre, les entreprises ont dû faire face à de nombreux obstacles dont la flambée des prix des matières premières, l’orientation plus restrictive des banques centrales, l’invasion russe en Ukraine, les problèmes de chaînes d’approvisionnement liés aux mesures de confinement chinoises et la perte de confiance des consommateurs. Dans ce contexte, on s’étonnera peut-être que les chiffres agrégés restent dans l’ensemble positifs et proches de la normale.  

Une saison des bénéfices réjouissante

Ainsi, avec près de 75% des résultats des entreprises du S&P 500 déjà publiés, 81% ont surpassé les attentes bénéficiaires: c’est mieux qu’au T4 2021 et supérieur à la moyenne historique. Les marges ont en outre enregistré une hausse satisfaisante au T1, mettant fin à l’une des grandes incertitudes qui préoccupaient les investisseurs à l’approche de la saison des rapports financiers.

Les paramètres du crédit à haut rendement ne semblent pas tendus dans l’ensemble et s’orientent dans la bonne direction, conformément aux attentes.

Entre-temps, en Europe, les résultats sont disponibles pour un peu moins de la moitié des sociétés du Stoxx 600. Des surprises positives en termes de chiffres d’affaires sont venues de 75% du total des entreprises, tandis que 65% de celles ayant publié leur rapport ont dégagé des bénéfices supérieurs aux prévisions. Comme aux USA, ces chiffres sont globalement en ligne avec ceux des derniers trimestres. Les résultats des banques s'avèrent également robustes malgré certains ratios de fonds propres en légère baisse, ce qui s’explique principalement par l’anticipation de changements réglementaires. En bref, la saison des bénéfices apparaît saine dans son ensemble.

Des entreprises solides

Cette saison des bénéfices montre que le secteur des entreprises est clairement en position de force pour surmonter ces défis, même si nous n'extrapolons pas nécessairement ces tendances sur le reste de l’année et sommes pleinement conscients des incertitudes engendrées par l’invasion russe en Ukraine, la hausse des prix des matières premières et les mesures de confinement anti-Covid en Chine. A titre d’exemple, les paramètres du crédit à haut rendement ne semblent pas tendus dans l’ensemble et s’orientent dans la bonne direction, conformément aux attentes. Le marché US affiche en moyenne des baisses plus marquées que son homologue européen, bien que la comparaison soit un peu difficile en raison des changements qui ont eu lieu dans les indices.

Le fait que les bilans et les paramètres de crédit demeurent sains et continuent à s’améliorer pour la plupart n’empêchera pas une récession ou un sévère ralentissement.

En outre, la migration des notes de crédit sur les titres à haut rendement américains comme sur ceux de l’Europe de l’Ouest (une fois exclues les entreprises russes et ukrainiennes qui demeurent inexplicablement dans la catégorie «Western Europe» de Bloomberg) suit également des tendances positives. Selon Moody’s, les ratios hausses/baisses aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest (hors Russie et Ukraine) s’établissent à 1,68x et 1,14x en 2022. Les entreprises investment grade apparaissent également solides; aux USA, Moody’s a relevé la note de 6,25 sociétés pour une révision à la baisse. En Europe de l’Ouest, le chiffre ressort à 1,0 jusqu’à présent cette année.  

Ralentir activement la demande

Selon nous, le fait que les bilans et les paramètres de crédit demeurent sains et continuent à s’améliorer pour la plupart n’empêchera pas une récession ou un sévère ralentissement. En effet, la Fed et d’autres grandes banques centrales (à l’exception de la Chine et du Japon) s’emploient activement à freiner la demande agrégée afin de ramener à temps l’inflation vers les niveaux cibles.  Toutefois, les conséquences de ces mesures et la capacité de l’économie à supporter une hausse des taux ne seront pas du tout les mêmes avec des bilans sains qu’avec un scénario où ils seraient fragiles. La même logique s’applique aux consommateurs et – très important – au secteur bancaire.  Les récessions ou ralentissements économiques ne déclenchent pas systématiquement un cycle de défaut marqué, et l’état de santé initial des entreprises joue un rôle essentiel. Jusqu’à présent, cette saison des bénéfices nous indique qu’elles se trouvent en position de force.

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