Gonet: l'actualité des marchés au 11 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,58%, Dow +1,91%, S&P500 +1,69%, Russell +3,64%, SOX +2,94%, Eurostoxx +0,96%, SMI +0,49%.

Wall Street termine la semaine en fanfare. Sur 5 jours, l'indice S&P500 (SPX) progresse de 3,5%, le Russell2000 (RTY) des petites capitalisations de 5,5% et le Nasdaq100 (NDX) de 5,8%. L'appétit au risque est de retour et le NDX est parvenu à clôturer en territoire positif 5 séances d'affilées. Il traite désormais nettement au-dessus de la barre des 9000 points et se situe à moins de 5% de son plus haut niveau de tous les temps. Notez que ce même NDX traitait 22% plus bas il y a pile un an, alors que le taux de chômage aux Etats-Unis se trouvait à 3,6% soit légèrement en-dessous du niveau dévoilé vendredi...

Le secteur des transports mène la danse, suivi par l'énergie. Les volumes d'échanges restent limités, le marché digère les chiffres de l'emploi, qui montrent que l'économie des Etats-Unis a détruit un peu moins de jobs que prévu au mois d'avril avec un taux de chômage à 14,7%. Bloomberg a beau tenter de tempérer les ardeurs en expliquant que, vu le faible taux de participation au sondage, le taux de chômage réel se situe plutôt à 19,7%, rien n'y fait, le marché veut voir le verre à moitié plein. La volatilité recule, l'indice VIX (volatilité du SPX) abandonne 11% à 27,98, c'est la première fois qu'il repasse en-dessous de la barre des 30 en deux mois. Cela dit, il est tout proche d'envoyer un signal de «sell exhaustion». Les investisseurs dits «retail» achètent activement alors que les institutionnels restent sur la touche, c'est rarement un bon signe. Le marché du crédit semble se détendre, le rendement de l'emprunt US à 10 ans traite à 0,69% ce matin. L'or revient tout près des 1700 dollars par once, le pétrole se stabilise à un peu plus de 24 dollars par baril de WTI Light Crude et le Bitcoin subit des prises de bénéfices et chute de 13% après avoir chatouillé les 10'000 dollars.

Les économies rouvrent graduellement, Pékin et Washington se parlent à nouveau dans le cadre de la guerre commerciale, Apple va rouvrir un petit nombre de magasins aux Etats-Unis, tout ces petits signaux encouragent les acheteurs à revenir dans le marché. De son côté, le Wall Street Journal (WSJ) pense que le marché américains des actions tient le coup pour 5 raisons: de nombreux analystes prédisent toujours un rebond en V de l'économie US, les attentes de résultats de sociétés restent optimistes, la Fed tient le marché à bout de bras en y injectant des liquidités, les mastodontes du marché (Apple, Amazon, Alphabet, Facebook, Microsoft) se portent bien et l'entraînent avec eux et le fameux TINA (There Is No Alternative...but stocks) est toujours de mise.

La saison des résultats de sociétés touche à sa fin aux Etats-Unis, 90% des firmes du SPX ont déjà publié leurs résultats qui dépassent les attentes de 3,4% en moyenne. Sans les financières on passe à +8,5% (source: Crédit Suisse). Cette semaine sera donc calme dans ce domaine avec notamment Cisco Systems, Alibaba, Expedia et JC Penney. Le calendrier macro-économique sera léger, c'est une semaine idéale qui débute pour tester la véritable capacité de résilience du marché des actions, qui déteste ne pas avoir de nouvelles à se mettre sous la dent.

C'est un peu un jour de reprise aujourd'hui, certaines des activités qui étaient interdites en France, en Suisse et en Belgique notamment pourront reprendre. Bravo au journal Libération qui trouve le titre suivant: «La trêve des confineurs». Le sentiment général est assez bon ce matin, la Banque Centrale de Chine (PBoC) va continuer à assouplir sa politique monétaire, annonce-t-elle hier, le Royaume Uni dévoile son plan de déconfinement et le marché ignore superbement la rumeur que le FMI pourrait encore revoir ses prévisions de croissance mondiale à la baisse. Les négociations sur la dette argentine se poursuivent. Unique statistique économique d'intérêt aujourd'hui, la production industrielle en Italie.

Selon Thomas Jordan, le président de la Banque nationale suisse (BNS), l'économie suisse se trouve actuellement à 70-80% de son niveau normal. Les coûts de la crise liée au nouveau coronavirus vont peser sur la Suisse pendant des années, estime-t-il. La dette publique va augmenter et les coûts liés à l'assurance chômage et aux crédits accordés par le Conseil fédéral aux entreprises vont générer d'importants déficits publics en 2020, ajoute-t-il. Les mesures d'assouplissement du confinement sont très importantes dans ce contexte, selon lui. «Cela fait sens que ce déconfinement progressif débute maintenant». «On ne peut faire fi des coûts économiques dans l'équation du déconfinement, car nos systèmes éducatifs, de santé ou de retraite reposent sur la stabilité de notre économie». Il juge en outre que limiter le chômage est aussi «un élément essentiel pour le pays». Thomas Jordan note par ailleurs que l'offre de crédit aux entreprises est importante dans la situation actuelle. «C'est dans ce cadre-là que s'inscrit» l'action de la BNS dans la relance de l'économie. Le patron de la banque centrale suisse rejette en revanche l'idée des Verts, qui veulent que la BNS reverse aux collectivités publiques jusqu'à 40 milliards de francs pour lutter contre la baisse des rentrées fiscales provoquée par le coronavirus. Payer une telle somme «impliquerait que nous vendions une partie de nos positions en actions et obligations détenues en monnaies étrangères», souligne-t-il. «Pour transférer l'argent à la Confédération, nous devrions ensuite racheter du franc, qui se raffermirait alors, ce que veut justement éviter notre stratégie». Les interventions de la BNS se sont accrues sur le marché des changes depuis le début de la pandémie, le franc suisse étant considéré comme une valeur refuge. «Nous avons acheté des montants substantiels de devises étrangères», précise Thomas Jordan. Il ne considère toutefois pas une baisse des taux d'intérêt comme le meilleur outil actuellement. «Nous avons encore de la marge de manœuvre si nécessaire [...] nous nous concentrons aujourd'hui sur les interventions sur le marché des changes». Thomas Jordan ne voit aucune alternative à la politique monétaire actuelle. «Ce n'est pas que nous soyons heureux des taux d'intérêt négatifs», mais «nous les relèverons dès que les circonstances le permettront». Pour l'instant, poursuit-il, le taux d'intérêt de -0,75% est nécessaire pour éviter des effets négatifs plus importants sur l'économie suisse.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo clôture en hausse de 1,28%, Hong Kong progresse de 1,64%, Shanghai recule de 0,15% et Séoul rend 0,55%. Le future SPX traite à l'équilibre alors que l'Europe est indiquée en hausse d'environ 1/2 pour-cent.

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