Gonet: l'actualité des marchés au 6 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,13%, Dow +0,56%, S&P +0,90%, Russell +0,75%, SOX +1,70%, Eurostoxx +2,11%, SMI +1,30%.

Wall Street clôture dans le vert mais les apparences sont trompeuses, les indices rendant une grande partie de leurs gains dans la dernière heure de trading. On tente d’expliquer ce repli avec les déclarations du Vice Chairman de la Fed, Richard Clarida, qui gâche l’ambiance en affirmant  que l'économie américaine devrait durement souffrir avant de connaître un début de reprise économique, sur lequel la Fed table à partir du Q3 2020. Dans une interview à la chaîne CNBC, il indique que la Fed devra sans doute prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre la récession liée au coronavirus. Il juge aussi probable la nécessité pour le gouvernement d'adopter de nouvelles mesures budgétaires de soutien à l'économie. Pour expliquer la fin de séance d’hier, on peut aussi évoquer un article de CNBC qui affirme que «le virus semble plus contagieux aujourd’hui». De son côté le patron de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, déclare que le taux de chômage se situe actuellement dans une fourchette de 15 à 20% et pourrait dépasser les 20%.

Si l’on prend un peu de recul, rien de tout ceci ne constitue une surprise ni une nouveauté. La raison du retrait de fin de séance est probablement à chercher ailleurs, le marché semble simplement lourd. L’indice Dow Jones ne parvient pas à se maintenir au-dessus des 24'000 points, le Nasdaq100 (NDX) fait de même avec les 9000 points et le S&P500 (SPX) s’approche tout près des 2900 points mais n’y arrive pas et se replie nettement à la cloche. La question à se poser est peut-être: mais pourquoi donc les indices étaient-ils en si forte hausse en première partie de journée? Les volumes d’échanges reviennent à 10 milliards de titres traités sur le NYSE (New York Stock Exchange), la volatilité recule à nouveau, l’indice VIX (volatilité du SPX) en baisse de 6,5% à 33,61, l’or remonte quelque peu, l’once traite à 1715 dollars ce matin. À ce propos, il faut noter que les secteurs qui soutiennent Wall Street hier sont les titres de la santé et de l’or. En queue de peloton on retrouve les compagnies de croisières et les banques, qui souffrent comme rarement. L’indice US des bancaires (BKX) casse son canal haussier démarré à la fin mars alors que son alter ego européen a presque fondu de moitié en 10 semaines. Le dollar se renforce face à l’euro, qui souffre du rejet du programme de Quantitative Easing (QE) de la Banque Centrale Européenne par une cour de justice allemande, ce qui ouvre la voie à un pataquès potentiellement historique car désormais les 27 pays de l’Union Européenne devront approuver de nouvelles mesures éventuelles. Dans ce contexte, les spreads des obligations italiennes s’écartent à nouveau dangereusement, ce matin à 241 points au-dessus du Bund allemand à 10 ans. Leur alter ego américain se détend quant à lui, ignorant totalement les statistiques économiques toujours déprimantes (Markit US Services PMI, ISM non manufacturing) et remonte à 0,68%. Le pétrole poursuit son rebond, les espoirs renaissent d’une reprise de la demande alors que les producteurs de tous bords, ou presque, font ce qu’ils peuvent pour réduire la production. Le baril de WTI Light Crude est de retour à 24,4 dollars ce matin. Un article du Guardian permet aussi à l’or noir de rebondir, qui affirme que le redémarrage de l’économie chinoise accélère.

Donald Trump franchit un cap de plus et déclare que les Etats-Unis doivent rouvrir leur économie, même si plus d’Américains tombent malades, ou meurent…

Après la clôture de New York, Walt Disney manque les attentes sur la partie de ses bénéfices mais fait mieux que prévu sur les revenus. la société renonce au paiement d'un dividende semestriel pour le premier semestre de l'exercice financier et annonce plus de 54 millions d'abonnés Disney+ au début du mois de mai. Le titre Disney en recul de 4% dans les échanges après-bourse. Electronic Arts abandonne également 4%, ses résultats sont meilleurs que prévu mais la firme émet un avertissement sur bénéfices. Activision Blizzard grimpe de 5% de son côté, les résultats sont supérieurs aux attentes et la compagnie relève ses prévisions.

Un mot sur les divergences de performances entre les indices US et leurs alter ego européens. Le SPX recule de 11,2% depuis le début de l’année alors que le Stoxx600 perd 19,3%. UBS vient de sortir une étude qui illustre l'écart grandissant entre Etats-Unis et Europe au niveau des champions technologiques. La Technologie (Microsoft, Apple, Cisco…) et les Services de communications (Facebook, Alphabet, Netflix, …) pèsent ensemble 36,7% de la cote américaine mais seulement 11,1% des actions européennes. Des secteurs qui ont le vent en poupe en période d'expansion et qui traversent mieux que la moyenne les phases de turbulences depuis plusieurs années. D'où des décalages importants et une techno-dépendance toujours croissante du S&P500.

L'autorité américaine de la concurrence autorise le rapprochement entre AbbVie et Allergan. Gilead mène des discussions pour accroître la production de remdesivir dans le monde. BMW a réduit ses objectifs 2020. Mattel supprime ses objectifs annuels. Beyond Meat n'atteindra pas ses objectifs cette année. General Motors serait en négociation pour obtenir une ligne de crédit de 2 milliards de dollars. Airbnb s'apprête à licencier près d'un quart de ses effectifs, soit près de 1900 personnes, selon Reuters. Microsoft va investir 1 milliard de dollars dans le cloud en Pologne sur 7 ans. Hertz évite la faillite avec un accord de financement de dernière minute.

À suivre notamment aujourd’hui: le rapport du DoE sur les stocks de pétrole brut, évolution de l'emploi ADP aux États-Unis, la décision sur les taux au Chili et au Brésil, les ventes au détail dans la zone Euro, les PMI composite/services dans la zone Euro. Les commandes à l'industrie allemande, ajustées des variations saisonnières et des effets calendaires, se sont effondrées de 15,6% en mars contre une baisse de 10% attendue par le marché. Il s'agit du plus fort déclin depuis la création de la statistique en 1991.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le vert. Tokyo est fermée, Hong Kong progresse de 1,27%, Shanghai de 0,41% et Séoul de 1,76%. Le future SPX gagne 23 points et l’Europe est indiquée pile à l’équilibre.

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