Gonet: l'actualité des marchés au 8 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,41%, Dow +0,89%, S&P +1,15%, Russell +1,58%, SOX +1,01%, Eurostoxx +1,3%, SMI +0,48%..

Wall Street repart de l’avant. En surface la séance est belle mais les volumes d’échanges reculent et l’écart entre les titres à la hausse et ceux à la baisse (breadth) est ténu. Ce sont avant tout les résultats de sociétés qui donnent du courage aux acheteurs. Le marché apprécie également l’annonce que les principaux négociateurs commerciaux de la Chine et des États-Unis se sont engagés à créer des conditions favorables à la mise en œuvre de l'accord commercial bilatéral. Du côté des banquiers centraux, le gouverneur de la Banque d’Angleterre indique que la BoE n’est pas démunie d’outils pour supporter son économie alors que les banques centrales du Brésil et de Norvège réduisent leurs taux dans une proportion plus importante que prévu. Au registre des statistiques économiques, le marché ferme un œil et regarde du côté de la Chine, qui annonce des exportations en reprise de 3,5% en avril alors que les économistes s’attendaient à un repli de 11%. Fermer l’œil est bien pratique et permet d’ignorer le chiffre des nouvelles demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis, qui ressortent à 3,1 millions de personnes. Depuis 7 semaines, 33,5 millions d’individus sont venus frapper à la porte du bureau du chômage pour la première fois, du jamais vu. Sur le front de la recherche contre le virus, la FDA (Federal Drug Administration) autorise Moderna (MRNA +8,66%) à faire passer son vaccin à la phase 2 et le Japon approuve l’utilisation du Remdesivir de Gilead (GILD +0,18%).

Pour en revenir au marché, l’indice S&P500 (SPX) teste le niveau de 2900 points en séance sans parvenir à le tenir à la cloche. En revanche le Nasdaq100 (NDX) parvient enfin à casser la barre des 9000 points. Les secteurs de la technologie, de l’énergie, des assurances et des hôtels mènent la danse, on observe des couvertures de shorts (positions vendues à découvert) dans les valeurs financières, industrielles et de la consommation. La volatilité recule, l’indice VIX (volatilité du SPX) en baisse de 7,8% à 31,44, le pétrole se maintient à 24 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or tente de casser sa résistance de 1722 dollars par once, ce matin à 1730 dollars. À noter que le Bitcoin a gagné près de 30% depuis la fin avril et est de retour près des 10'000 dollars. Le thème d’un retour potentiel de l’inflation titille plus d’un observateur du marché et la théorie comparant le Bitcoin à l’or dans ce contexte refait surface.

Le rendement des obligations gouvernementales US baisse à nouveau avec le 10 ans qui revient à 0,63%. Mais c’est du côté du 2 ans que l’on regarde car il atteint 13,5 points de base, son plus bas niveau de tous les temps. En parallèle, les Fed Funds montrent que le marché s’attend désormais à ce que la Fed fasse passer ses taux d’intérêts en territoire négatif l’an prochain. Le différentiel de taux actuel entre le monde obligataire et des actions incite probablement des intervenants à acheter ce dernier.

Et pourtant, on ne peut fermer l’œil indéfiniment. Les responsables de la Fed expriment des vues peu encourageantes concernant la pandémie et ses conséquences. Mary Daly, de San Francisco, s'attend à ce que l'économie américaine ne rebondisse pas avant l'année prochaine, ajoutant que «personne à qui je parle ne voit une reprise en forme de V». Le patron de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, espère que les efforts de la banque centrale «écarteront les scénarios les plus pessimistes». Neel Kashkari, de la Fed de Minneapolis, déclare que le niveau réel du chômage se situe déjà entre 23 et 24 %. Du côté des entreprise, une vague de faillites se développe aux États-Unis. Neiman Marcus en est la dernière victime. J.C. Penney, Hertz et bien d'autres sont en train de clignoter en rouge dans ce qui pourrait être la plus grande vague de faillites d'entreprises de mémoire d'homme. Pour beaucoup d'entreprises en difficulté, le confinement a mis en lumière les effets de problèmes préexistants comme notamment le surendettement.

Pendant ce temps, Donald Trump fait l'éloge du Texas pour avoir été «phénoménal» dans sa volonté de rouvrir rapidement son économie. La Californie rouvrira ce week-end. Les nouvelles infections aux États-Unis ont augmenté de 2,4%, avec un nombre de décès dépassant 75'000. Au Texas, le rythme a été de 2,8%.

Aujourd’hui c’est l’armistice, les bourses Anglaise, Danoise et Tchèque resteront fermées. Le chiffre du jour sera celui de l’emploi aux Etats-Unis. Les économistes s’attendent à ce que l’économie américaine a détruit 22 millions d’emplois au mois d’avril, ce qui propulserait le taux de chômage à 16%, on n’avait plus vu cela depuis 1939. Pendant ce temps-là, le NDX traite à près de 6% de son plus haut niveau historique…

Siemens renonce à ses prévisions pour 2020. Ford devrait reprendre sa production le 18 mai. Macy’s repousse au premier juillet la publication de ses résultats. Microsoft présente quelques titres qui accompagneront la sortie de la future Xbox, dont un Assassin’s Creed d’Ubisoft.

Mais la principale nouvelle, c’est peut-être la confirmation par Lufthansa qu'elle pourrait vendre au gouvernement allemand une participation allant jusqu'à 25%, dans le cadre d'un renflouement de 9 milliards d'euros. Une participation de cette taille donnerait à l'État un droit de veto sur des décisions telles que les suppressions d'emplois et la stratégie commerciale. Une tendance de fond qui se dessine?

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se laissent emporter par Wall Street, Tokyo clôture en hausse de 2,56%, Hong Kong avance de 1,04%, Shanghai de 0,79% et Séoul de 0,9%. Le future SPX gagne 34 points et l’Europe est indiquée en progression d’un peu moins de 1% à l’ouverture.

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