L’heure des décisions

Steven Bell, BMO Global Asset Management

2 minutes de lecture

Les perspectives devraient rester positives pour les marchés des actions malgré la remontée des taux.

©Keystone

Alors que la COP26 bat son plein à Glasgow, les marchés ont préféré s’intéresser à d’autres réunions cette semaine et notamment à celles des banques centrales d’Australie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. A l’heure des prises de décision en matière de politique monétaire, sur fond de turbulences des taux d’intérêts à court-terme, la communication des données sur l’emploi américain ne figure même pas au palmarès des rendez-vous les plus attendus par les marchés en ce début du mois de novembre.

Des banques centrales en position délicate

Les extrémités courtes des courbes de rendement ont constaté des mouvements haussiers importants durant le mois d’octobre sur la plupart des grands marchés. Les rendements des bons du Trésor américain à 2 ans, par exemple, ont augmenté de 23 points de base alors que ceux des bons à 30 ans ont baissé. Le dévoilement par le chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak de son nouveau budget, prévoyant une diminution du nombre de gilts à long-terme distribués, a provoqué une envolée de plus de 10% de leur prix. Des mouvements qui ne s’observent que rarement sur les marchés des obligations d’Etat.

La toile de fond de tous ces mouvements reste bien entendu l’inflation. La Banque d’Angleterre ne devrait pas tarder à relever ses taux directeurs et à mettre un terme à son programme d’assouplissement quantitatif. La banque centrale australienne a déjà choisi d’abandonner sa politique de limitation des rendements des obligations à court-terme et la Réserve fédérale américaine a annoncé qu’elle commencerait à freiner son propre programme d’assouplissement quantitatif.

Les grandes banques centrales doivent faire face au fait qu’elles se sont trompées sur l’inflation transitoire et le maintien d’une politique souple.

Toutes ces grandes banques centrales sont confrontées à un grave manque de crédibilité. Ayant d’abord tenté de nous rassurer en déclarant que l’inflation n’était que transitoire et qu’elles auraient de toute façon maintenu une politique souple, ces dernières doivent maintenant faire face au fait qu’elles se sont trompées. La question étant de savoir quand commencer à relever les taux et à quelle vitesse. On pourrait constater une hausse bien plus rapide qu’anticipée par les marchés à partir déjà du printemps prochain aux Etats-Unis.

Perspectives positives pour les actions

La hausse des taux d’intérêt représente certainement une évolution défavorable pour les actions. Mais cette saison des bénéfices donne des raisons de garder espoir. Tous les commentateurs veulent savoir si les entreprises ont dépassé les attentes en termes de bénéfices et de revenus. Mais leurs perspectives de bénéfices à l’approche de 2022 sont bien plus intéressantes. Les pénuries de main d’œuvre, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et la flambée des coûts des intrants font-elles pression sur les marges? Ou les entreprises sont-elles au contraire capables d’imposer des hausses de prix pour les préserver? Jusqu’ici, le message semble être que les entreprises ont réussi à augmenter leurs prix. Comme cela prolonge la hausse de l’inflation, les banques centrales sont bien obligées de relever leurs taux. Mais cela n’aura pas nécessairement un impact sur les actions.

En effet, l’indice S&P500 affiche pratiquement toujours de bonnes performances à l’approche de chaque resserrement de la politique monétaire de la Fed, de même que pour les six mois suivants. Si ce schéma se répète, le marché haussier a encore un an devant lui. Quand devrait-il prendre fin? Il faudra attendre pour cela un ralentissement de l’économie dont il n’y a pour le moment aucun signe.

A lire aussi...