En attendant les taux

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Les attentes en matière de taux d’intérêt ont connu un renversement spectaculaire durant le dernier mois.

Il y a un mois, le marché des futures laissait penser que les taux américains auraient pu terminer l’année prochaine à 0,22%. Aujourd’hui, les prévisions les chiffrent plutôt à 0,5%. Pour la livre sterling, les taux sont même montées jusqu’à 0,85%, suivant les signes de plus en plus explicites d’une Banque d’Angleterre qui se prépare à relever ses taux directeurs. 

Tous ces phénomènes reflètent la nature persistante et la force de l’inflation. Les banquiers centraux à Londres et à Washington ne peuvent plus prétendre que cette dernière est purement transitoire: le taux d’inflation est monté bien plus haut qu’initialement prévu et, plus grave encore, risque de s’enraciner.

Une inflation qui grimpe

Les attentes en matière d’inflation ont été revues à la hausse et les salaires augmentent. Le niveau de cette augmentation reste en revanche difficile à estimer, notamment à cause de certains effets de composition: aux Etats-Unis, par exemple, le nombre important de recrutements pour des postes à faible rémunération tirent le salaire moyen vers le bas et masquent les augmentations salariales des autres travailleurs. 

La Fed veut à tout prix éviter de reproduire son erreur des années 1970 en interprétant, à tort, l’inflation actuelle comme temporaire.

Bon nombre d’économistes américains, y compris ceux qui siègent au comité de la Fed, suivent l’indice des salaires de la Fed d’Atlanta. Cet indice n’est pas affecté par les effets de composition et ses derniers chiffres montrent une inflation salariale qui a bondi à 4,2%. Un taux qui n’est absolument pas en adéquation avec leur cible de 2%. L’indice des prix à la consommation (IPC) de la semaine dernière montrait que l’inflation touchant les loyers et d’autres portions du secteur du logement aux Etats-Unis restait forte. Autant d’indicateurs qui suggèrent que l’inflation devrait se maintenir bien au-delà des 2% visés. 

Des banques centrales qui réagissent

La Fed veut à tout prix éviter de reproduire son erreur des années 1970 en interprétant, à tort, l’inflation actuelle comme temporaire. L’économie américaine s’étant pleinement remise de la récession provoquée par la pandémie, il n’est plus nécessaire de maintenir les taux à des niveaux extrêmement bas. 

La Banque d’Angleterre se trouve dans une position similaire. Elle devrait par ailleurs relever ses taux plus tôt et plus brusquement que la Fed. La livre sterling est restée pour le moment largement imperméable à l’idée d’une telle hausse au Royaume-Uni et une nouvelle appréciation paraît très probable. Ceci d’autant plus que les négociateurs britanniques semblent avoir obtenu d’importantes concessions de la part de l’UE dans le cadre du protocole avec l’Irlande du Nord et que la perspective d’une guerre commerciale semble, pour le moment, évitée. 

Le boom des investissements que l’on constate sur le marché US devrait entraîner, à moyen-terme, un mouvement haussier pour les actions.
Des actions en bonne santé

Et les actions dans tout ceci? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur les résultats publiés par les entreprises aux Etats-Unis. Ces dernières souffrent-elles d’une compression de leurs marges à cause de la hausse des prix des intrants et des salaires ou profitent-elles plutôt d’une forte demande pour faire grimper artificiellement leurs prix et ainsi augmenter leurs bénéfices? Sans doute un peu des deux. 

Ce qui est certain, c’est que le boom des investissements que l’on constate sur le marché américain devrait entraîner, à moyen-terme, un mouvement haussier pour les actions. Cela amène généralement à une croissance plus forte et à davantage de bénéfices. Le Royaume-Uni, l’Europe et les autres marchés développés constatent également une reprise au niveau des investissements. 

Dans l’ensemble, le contexte est compliqué. La hausse des taux d’intérêt constitue sans aucun doute un vent contraire pour les actifs à risque. Certaines entreprises verront leurs marges se réduire. Mais l’économie mondiale continue à se développer, ce qui signifie que les actifs à risque devraient surperformer. La correction que l’on attendait pour septembre a eu lieu: le mois a été faible pour les marchés. A partir de maintenant, il est à prévoir que la reprise des actions se poursuivra. 

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