Gonet: l'actualité des marchés au 9 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,72%, Dow -0,75%, SPX -0,86%, Russell -0,94%, SOX -1,20%, Eurostoxx -2,13%, SMI -1,33%.

Wall Street sort de son long fleuve tranquille tout en s’en sortant à bon compte. La journée débute fort mal pour les indices américains, échaudés par leurs confrères européens et les taux obligataires, qui poursuivent leur glissade. Rendez-vous compte, le rendement de l’emprunt US à 10 ans dégringole à 1,24% en séance, le 25 juin il évoluait près de 1,55%. Et ce matin il revient à 1,34%. Le rapport ISM de fin de semaine passée a laissé des traces sur le New York Stock Exchange, les investisseurs sont en train de déboucler leurs positionnements pour une période prolongée de croissance accompagnée d’inflation. C’est un repli généralisé en termes de secteurs auquel on assiste, avec sur le podium des perdants du S&P500 (SPX) les valeurs financières, les industrielles et les matériaux. L’immobilier limite la casse, les taux en baisse ont tendance à faire ronronner ce secteur. La plupart des indices US réalisent leur quatrième séance de baisse consécutive, notons ceci dit que le SPX clôture nettement au-dessus de son plus bas du jour, plus bas qui coïncide quasiment avec la clôture des indices européens, ce n’est pas la première fois que j’observe ce phénomène.

Les investisseurs sont de plus en plus préoccupés par les pénuries de main-d'œuvre et les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement, qui, selon de nombreuses prévisions, pourraient ralentir le rythme de la reprise économique. La propagation du variant delta du coronavirus à l'échelle mondiale ajoute aux inquiétudes. La volatilité rebondit fortement, ce qui n’étonne personne, tellement le VIX se languissait à un bas niveau. L’indice de la volatilité du SPX décolle de 17% et clôture à 19, après avoir atteint 21,29 en séance. 19, ce n’est toujours pas un niveau élevé, le VIX a de la marge jusqu’à en tous les cas 25 – 30 pour que le marché puisse siffler la fin de la récré des ours (bears – baissiers). Notons au passage que la période estivale (ah bon? c’est l’été?) implique que de nombreux acteurs sont absents, la liquidité s’en ressent et les mouvements de marché peuvent parfois être exagérés.

La statistique économique du jour ne contribue pas à rassurer les intervenants. Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sortent à 373'000 personnes, on en attendait 350'000. De son côté, l’indice des surprises économiques de Citigroup glisse encore un peu plus et atteint son plus bas niveau depuis juin 2020. Le contraste entre la macro-économie américaine et sa consoeur européenne apparait un peu plus clairement chaque jour. Le dollar en prend note, le Dollar Index (DXY) recule de 92,80 en début d’après-midi à 92,47. La paire eur/usd évolue à 1,1835. Le pétrole en profite pour reprendre quelque peu de poil de la bête, le baril de WTI Light Crude revient à 73,25 dollars. L’or traite à 1802 dollars l’once.

En termes de volumes d’échanges, on assiste à une hausse de 6% sur le SPX, ce qui indique que le plus grand nombre des investisseurs garde son calme. En Europe en revanche c’est une autre histoire que la séance d’hier. La baisse des indices européens d’actions est générale et hautement corrélée, 18 des 20 secteurs de l’indice Stoxx 600 perdant plus de 1%. Les volumes d’échanges sont en hausse de 55%. Selon  BTIG Londres, le catalyseur clé de ce mouvement est le Covid. Les mises en garde concernant le grand déconfinement au Royaume-Uni font comprendre aux investisseurs qu'il est optimiste de mettre le covid déjà aujourd’hui dans le rétroviseur. Le Royaume-Uni est un indicateur pour le monde entier étant donné la prévalence du variant delta dans ce pays. BTIG pense que le marché est en train de nous dire que le gouvernement britannique va probablement céder à l'automne, lorsque les hospitalisations reprendront potentiellement.

Les autres facteurs en jeu sont le positionnement dans les obligations, qui contribue à la dynamique des taux négatifs et pousse les quants à se retirer des opérations de reflation, de titres de valeur et cycliques. Enfin, étant donné que la technologie n'est pas épargnée, il semble probable que les interventions de la Chine cette semaine suscitent également des inquiétudes.

Si l'on considère l'ensemble de ces facteurs et le positionnement, on peut comprendre les mouvements d’hier. Malgré les rotations sectorielles observées au mois de juin, il semble que le marché soit toujours long les thèmes de la reflation, des banques sur la base d'attentes de taux plus élevés, de la réouverture grâce à l'optimisme vis-à-vis du Covid et de la technologie pour la croissance. Gardons ceci dit en tête que la saison des résultats d’entreprises au deuxième trimestre va débuter la semaine prochaine, des résultats qui pourraient rassurer le plus grand monde (mais qui ont tendance à être des indicateurs retardés).

Les chefs des finances du G20 devraient approuver une refonte de la fiscalité mondiale lorsqu'ils se réuniront à Venise à partir d'aujourd'hui, selon l’agence Bloomberg. Les détails sont attendus d'ici octobre. Cette approbation officielle sera une étape clé dans des négociations qui durent depuis des années. Mais tout ne sera pas forcément rose. Les discussions pourraient s'enliser sur la question de la redistribution des recettes fiscales aux économies en développement, sur une nouvelle taxe numérique européenne et sur l'obtention de l'accord des législateurs américains.

Selon Bloomberg, au cours des prochains trimestres, les banques américaines augmenteront probablement leurs revenus de prêts plus rapidement que leurs homologues européennes, l'inflation faisant naître la perspective de taux d'intérêt plus élevés. Alors que les revenus nets d'intérêts des banques de la zone euro ont été soutenus lorsque la BCE les a payés pour emprunter en début d'année, les taux négatifs de la région vont peser sur les bénéfices.

Pour clôturer la semaine, le PIB britannique mensuel (sorti en-dessous des attentes), la production française de mai (8h45) et les stocks des grossistes américains de mai (16h00) sont au programme. Ce matin, la Chine fait état d'une inflation un peu plus faible que prévu en juin (1,1% vs 1,2% attendu).

Airbus: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 147 euros. Holcim: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 59 à 62 francs. Saint-Gobain: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 49 à 56 euros. SAP: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 141 euros. Le conseil de surveillance de Volkswagen va réfléchir à une prolongation du mandat d'Herbert Diess en tant que président du directoire. Pfizer va demander à la FDA d'autoriser un rappel supplémentaire de son vaccin pour lutter contre le variant Delta. Kuehne + Nagel acquiert le norvégien Salmosped, spécialisé dans le transport de saumon et d'autres produits de la mer.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Hong Kong qui progresse de 1%. Tokyo abandonne 0,59%, Shanghai 0,19% et Séoul rend 1,04%. Le future SPX recule de 4 points et l’Europe est indiquée en très légère hausse à l’ouverture de 9 heures, tout en retenue.

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