La Super Ligue – La semaine des marchés par Landolt & Cie

Arthur Jurus, Landolt & Cie

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Le football reflète la réalité économique observée dans de nombreuses industries.

Les intérêts financiers rentrent en conflit avec l’esprit sportif ! Cette semaine, 12 grands clubs européens de football ont lancé une nouvelle ligue européenne fermée en dehors de l’UEFA, à l’instar des ligues américaines. L’objectif? Augmenter leurs revenus, les rendre durables par un championnat exclusif et les stabiliser en limitant l’aléa sportif. Les cours boursiers de la Juventus ou de Manchester United ont réagi favorablement à l’annonce. Ces 20 dernières années, l’UEFA a versé à ces clubs 5 milliards d’euros. Mais ces derniers en veulent plus, car ils ont fait exploser leurs masses salariales et ont accentué leurs investissements pour promouvoir leur marque comme produit d’exportation. Il s’agit désormais de recherche de rentabilité et non de gloire.

Une fois de plus, Le football reflète la réalité économique. Déjà, en 1995, le football avait connu la mondialisation avec l’arrêt Bosman qui a permis la mobilité totale des sportifs en Europe. Vingt ans plus tard, la concentration des meilleurs joueurs a bénéficié à trois championnats (Espagne, Angleterre, Italie) qui depuis ont conquis 80% des titres de champion d’Europe. Les championnats nationaux suisse, belge, néerlandais et même français ont perdu leur stars et leur intérêt. Seul le championnat allemand se suffit à lui-même et résiste à l’appel de la Super Ligue. Le phénomène de concentration est désormais répandu dans la plupart des industries. Sur la même période, les deux principaux leaders dans le secteur pharmaceutique, du tabac ou de la construction navale ont par exemple vu leur part progresser de 30 à 40% de leur marché. La Super League s’adapte donc au nouveau contexte économique, au dépend des règles de concurrence ou d’esprit sportif...

Au final, l’opinion publique refuse ce que les régulateurs tolèrent. La Super Ligue ferait seulement évoluer le marché du football européen de l’entente vers le cartel. Depuis les années 1980, l’accumulation d’oligopoles dans le monde s’accompagnent d’une baisse de la régulation concurrentielle et le football bénéficiera de cette tendance structurelle. Par conséquent, choisir entre la Champions League ou la Super Ligue est un débat peu pertinent, qui se réduit trop rapidement aux seuls enjeux financiers. Comme souvent, la réalité du terrain nous rattrape. Les 12 clubs de la Super Ligue ont gagné 20 des 25 derniers titres de champion d’Europe. Leur volonté est moins de s’opposer aux instances existantes, que de se battre contre l’idée de perdre (du profit).

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