Le traitement de choc – La semaine des marchés par Landolt & Cie

Arthur Jurus, Landolt & Cie

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Sur fonds de nouveau plan de relance aux Etats-Unis, la course aux dépenses publiques bénéficiera à l’économie. Les déficits élevés deviendront la norme.

 
Le plan de sauvetage de l’administration Biden a été signé ce vendredi. En 2020, 530’000 américains sont décédés de la pandémie, 9,5 millions d’emplois ont été détruits et l’activité s’est réduite de 3,5%. Ce plan de stabilisation offrira notamment de nouveaux chèques aux américains (pour un montant total de 410 milliards de dollars), des aides aux États et aux collectivités locales (360), le prolongement des allocations chômages (246), des aides pour rouvrir les écoles (176), des crédits impôts pour la famille (143), des moyens pour lutter contre la pandémie (123) et des aides pour améliorer la santé des familles pauvres (105). Le plan est inédit par son niveau et son fléchage. Depuis 1964 et la guerre contre la pauvreté du Président Johnson, jamais de tels montants n’avaient été mobilisés pour réduire la pauvreté par deux. Un positionnement politique qui répond à l’urgence sociale et à la polarisation de la société américaine.
 
Cette course aux dépenses publiques bénéficiera à l’économie. A la différence de la crise 2009, le secteur privé ne se désendette pas. Les ménages ont accumulé plus de 1’500 milliards d’épargne et les entreprises s’endettent davantage. Alors que les dépenses publiques avaient diminué entre 2010 et 2015, celles-ci ont déjà augmenté de 6’000 milliards depuis l’an dernier soit le tiers du PIB! Ces chocs positifs pour l’économie en 2021 porteront autant sur la demande que sur l’offre et s’accentueront puisque 2’000 milliards d’investissements en infrastructure seront discutés. Il en résultera une hausse du potentiel de l’économie américaine qui limitera les pressions inflationnistes et permettra à la Réserve Fédérale d’ancrer les taux réels en territoire négatif. Trois conditions suffisantes pour une reprise cyclique de grande ampleur, comme confirmé par l’OCDE qui anticipe dorénavant une croissance américaine de 6,5% cette année.
 
Les implications du plan sont significatives. D’une part, les déficits importants deviendront la norme. Le plan budgétaire ajoutera 5% au déficit fédéral qui atteindra 15% pour la deuxième année consécutive. Sa monétisation conduira la Réserve Fédérale à augmenter ses rachats si nécessaire. Aucune annonce majeure n’est ainsi attendue lors de la réunion de jeudi prochain. Suite à la signature du plan de sauvetage, le taux 10 ans a ainsi renoué avec les 1,60%. D’autre part, le soutien aux ménages les plus vulnérables restera la priorité en raison (i) des tensions sociales, (ii) de l’impact économique. Selon l’institut Brookings, 1 dollar dépensé pour ce segment de la population rapportera ainsi...1,2 dollar à l’économie américaine d’ici 2023.

 

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