L’émergence d’une transition énergétique par le croisement des technologies numériques et des énergies vertes mobilisera une ressource finie: les métaux rares.
La quatrième révolution industrielle n’adviendra pas sans obstacle. L’émergence d’une transition énergétique par le croisement des technologies numériques et des énergies vertes mobilisera une ressource finie: les métaux rares. Cette semaine, les intentions chinoises de limiter les exportations de minerais rares en ciblant l’industrie militaire américaine confirment que les tensions sino-américaines sont moins commerciales que politiques. Préserver ses positions géostratégiques est devenu une priorité, comme illustré par le conflit diplomatique qui s’étend dorénavant de Hong Kong à Taïwan. Préserver ses ressources pour sécuriser ses sources d’approvisionnement devient une seconde priorité à l’heure de la démondialisation.
La géopolitique des terres rares pourrait ainsi marquer les prochaines décennies. La Chine concentre 80% de la production mondiale. Or, le nouvel âge du digital implique une hausse de la demande internationale en métaux rares. L’offre ne répond plus à nos besoins technologiques liés au confinement qui progresseront encore de 10% cette année. Il en résulte des évènements de pénuries qui pourraient se répéter et encourageront les acteurs économiques à accumuler du stock. Depuis le début d’année, l’insuffisance de silicium métal illustre ces difficultés en soutenant la hausse des prix des semi-conducteurs et en pénalisant les secteurs comme ceux technologiques et de l’automobile. Ces évènements pourraient rendre plus durable la hausse du taux d’inflation. Dans ce contexte, seuls les acteurs économiques capables de stocker des métaux rares sortiront gagnants de cette pénurie: principalement les entreprises chinoises.
Ces difficultés imposeront un dilemme aux Etats. Le monopole actuel de la Chine n’est pas expliqué par la concentration des réserves en métaux rares. Celles-ci sont abondantes partout dans le monde et la Chine n’en détient que le tiers. Son monopole est la conséquence des choix opérés par les économies de l’OCDE dans les années 1990 de délocaliser la majorité de leurs activités les plus polluantes, notamment minières, en Chine. Or cet arbitrage atteint ses limites en raison de l’impératif de sécuriser les sources d’approvisionnement et des engagements climatiques de l’accord de Paris. Deux objectifs contradictoires dans le cas des métaux rares. Dès lors, sécuriser les ressources contraindra les pays à relocaliser les sources de production, au dépend de l’environnement. Un jeu d’équilibriste qui pourrait freiner l’émergence de l’écologie politique.