Gonet: l'actualité des marchés au 2 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,13%, S&P 500 -0,01%, Nasdaq -0,32%, Russell -0,41%, SOX -2,11%, Eurostoxx -0,08%, SMI +0,33%.

Il s’en est passé des choses depuis mercredi. Un tribunal de New York a jugé que Trump n’a pas l’autorité légale pour décréter certains droits de douane, que cela relève du pouvoir législatif. Le président des Etats-Unis a fait appel, la Cour d’appel fédérale a temporairement suspendu l’injonction, les tarifs restent donc en place en l’état, une décision doit intervenir rapidement, si elle confirme celle du tribunal New Yorkais, Trump ira à la Cour Suprême, personne ne semble imaginer que cette dernière, aussi partisane soit-elle, puisse raisonnablement lui donner raison, elle pourrait du coup se déjuger pour quelque obscure raison. Bref, les tarifs semblent partis pour rester, ce d’autant qu’hier le secrétaire au Commerce Howard Lutnick affirme que l’objectif légitime les méthodes utilisées et que les droits de douane s’inscrivent dans la durée. Il précise que le président des États-Unis détient une telle étendue de pouvoirs que, même si certains sont restreints, l’administration en mobilisera d’autres pour atteindre ses fins. Tout cela laisse songeur mais n’étonne guère.

Dans le reste de l’actualité, mercredi soir passé Nvidia publie de solides résultats. Pour le deuxième trimestre, elle prévoit 45 milliards de dollars de revenus, soit 1,1% en-dessous consensus, en raison d’un impact estimé à 8 milliards lié aux restrictions américaines sur les ventes de puces H20 à la Chine. Sans cela, Nvidia dépasserait probablement les attentes. Les inquiétudes sur un ralentissement de la demande s’estompent. Les fondamentaux restent robustes, portés par la forte croissance de l’IA. Jensen Huang, le CEO, souligne une multiplication par dix des tokens d’inférence IA en un an, preuve que la demande continue d’accélérer. Les résultats soutiennent l’ensemble du secteur technologique, en particulier les semi-conducteurs et logiciels liés à l’IA. L’action progresse de 3,2% dans un premier temps mais rend ensuite du terrain pour abandonner 2,9% sur les séances de jeudi et vendredi.

Sinon en vrac, LVMH continue de se plaindre du consommateur chinois, qui réduit la fréquence de ses voyages et donc ses dépenses à l’étranger, vraiment pas sympa pour ce pauvre Bernard. Le petit Elon saute du véhicule en route, cela ne surprend personne, le patron de Tesla réalise que les 300 millions de dollars qu’il a investi dans la campagne présidentielle ne portent pas les fruits espérés, il considère notamment que «le projet de loi de dépenses massives augmentera le déficit budgétaire et sape le travail de l’équipe du DOGE», que la dette des Etats-Unis va augmenter à plus de 3300 milliards de dollars et que le pays tombera en faillite si le déficit public n’est pas réduit. J’allais oublier, Elon Musk précise qu’il ne prend pas de drogues. Du côté des banques centrales, M. Villeroy, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, suggère que de nouvelles réductions des coûts d’emprunt pourraient avoir lieu, citant peu de signes de pression à la hausse sur les prix à la consommation. De l’autre côté de l’Atlantique, la réunion du 29 mai entre Trump et Jerome Powell met une fois de plus en lumière les divergences profondes entre le président et le patron de la Fed. Alors que Trump plaide pour une politique monétaire plus accommodante afin de stimuler l’économie, Powell insiste sur la nécessité de décisions basées sur des analyses économiques rigoureuses, indépendamment des considérations politiques. Cette confrontation souligne les défis auxquels est confrontée la Fed pour maintenir son indépendance dans un environnement politique de plus en plus polarisé.

On jette un œil dans le rétroviseur boursier après cinq mois en 2025. Wall Street est manifestement restée à quai, le S&P500 (SPX) progresse de 0,51%, le Nasdaq Composite (CCMP) recule de 1,02% et le vénérable Dow Jones égare 0,64%. En Europe cela se passe nettement mieux avec un +9% pour l’Eurostoxx50, 10,5% de progression pour le Stoxx Europe 600 (SXXP, total return), un respectable +5,2% pour le SMI et une Allemagne sous stéroïdes guerrières, le DAX décolle de 20%. On en parle pas ou peu mais l’Ibex espagnol s’adjuge 22,4% sur la période. Retournons à Wall Street où, une fois encore, les sept magnifiques jouent le premier rôle, on leur attribue quasiment 20% de la hausse entamée le 7 avril. Le mois passé, le SPX a gagné 6,15%, c’est notable, il ne faisait que reculer depuis janvier, c’est en parallèle une performance mensuelle rare, ce qui met l’indice à moins de 4% de son plus haut de tous les temps. 

La séance de trading de vendredi est marquée par des volumes d’échanges en net rebond, le podium du jour du SPX se compose des biens de consommation de base, des utilities et des services de communication, le marché semble hésiter entre un retour à l’appétit au risque prononcé ou une prudence de mise. La semaine passée les rendements obligataires reculent quelque peu, le 10 ans US est de retour à 4,44%, le 30 ans évolue juste en-dessous des 5%. La performance hebdomadaire des actions est globalement bonne, la volatilité recule aussi, l’or et le pétrole sont plutôt stables, seul le dollar montre à nouveau des signes de faiblesse.

Ce matin le sentiment semble se dégrader à nouveau, peut-être impacté par la rhétorique de plus en plus agressive entre Washington et Pékin, ainsi que le retour progressif sur le devant de la scène du spectre du budget des Etats-Unis. L’or bondit de 62 dollars à 3353$ l’once, la paire EUR/USD monte à 1,1427, elle conforte une fois encore son retour dans une tendance haussière pour l’euro. À ce propos, Morgan Stanley pense que le billet vert va perdre 9% supplémentaires d’ici une année à cause d’un ralentissement de l’économie des Etats-Unis. La banque d’affaires cite l’euro, le yen, la livre et le franc suisse comme les principaux bénéficiaires potentiels. La volatilité bondit déjà de 8%, le VIX traite à 20, les futures US reculent de 0,6%, l’Europe ouvre en baisse de 0,7%, trois sujets majeurs préoccupent les intervenants: l’examen du projet de budget US par le Sénat, les tensions sino-américaines et les tarifs de Trump. 

Dans un tel contexte d’absence crasse de visibilité, le marché obligataire est bien souvent un phare à suivre, il reste nettement plus rationnel que celui des actions. Le marché des bonds reste sous relative pression, il veille et qui vous savez devrait désormais avoir compris qu’il peut être renvoyé au coin à tout moment. 

Au chapitre macro-économique, l’inflation ne suit pas le même rythme de part et d’autre du Rhin. En France, la hausse des prix à la consommation se calme progressivement, tandis qu’en Allemagne, elle prend de la vitesse. Cette divergence complique la tâche de la BCE à l’approche de sa prochaine réunion. Outre-Atlantique, les ménages américains maintiennent leur niveau de dépenses malgré les incertitudes économiques. L’indice PCE pour le mois d’avril correspond aux prévisions. 

La Chine accuse les États-Unis d’avoir violé une trêve et s’engage à répondre, rejetant l’affirmation de Donald Trump selon laquelle Pékin a violé le consensus en premier. Le Royaume-Uni s’apprête à exhorter Trump à appliquer l’accord sur les droits de douane nuls à l’acier, selon le FT, après que le président a promis de doubler les taxes pour les porter à 50%.

Christopher Waller, de la Fed, déclare qu’il continue à penser qu’il est possible de réduire les taux d’intérêt plus tard dans l’année, car il s’attend à ce que les droits de douane augmentent le chômage et accroissent temporairement l’inflation. C’est intéressant, ce matin les Fed Funds prévoient un peu plus de probabilités d’une prochaine baisse dès septembre, à suivre de près. 

Karol Nawrocki, un candidat nationaliste soutenu par Trump, remporte les élections présidentielles en Pologne, ce qui porte un coup au gouvernement pro-UE du pays. 

Hier, des drones ukrainiens ont frappé des aérodromes stratégiques russes, certains situés au fin fond de la Sibérie orientale, tandis que Moscou a lancé l’une de ses plus longues attaques de missiles et de drones. Les délégués des deux parties doivent se rencontrer en Turquie aujourd’hui.

Au menu macro-économique de ce lundi, les indices des directeurs d’achats (PMI) en France, en Suisse, en Allemange, en zone euro et au Royaume-Uni, puis des Etats-Unis, où seront publiés les dépenses de construction et l’ISM manufacturier.

Volkswagen est en pourparlers «constructifs» avec le gouvernement américain au sujet des droits de douane et souhaite réaliser des investissements «massifs» aux Etats-Unis. Google va faire appel de la décision antitrust relative à la recherche en ligne. TSMC envisage la construction d’une usine de puces avancées aux Émirats arabes unis, selon Bloomberg.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Séoul qui grappille 0,05%. Tokyo rend 1,3% à la cloche, Hong Kong perd 0,69%, Shanghai est fermée et le Nifty50 abandonne 0,2%.

A lire aussi...