Swiss Appaloosa – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Amélioration de l’activité en Suisse. Fin des pressions haussières en 2021.

L’EUR/CHF est à son plus bas depuis juin 2015. A 1,04, la monnaie unique s’est dépréciée de 3,7% ces 3 derniers mois. Il y a 7 ans, ce niveau s’était maintenu sur l’ensemble du second trimestre 2015, concluant un premier semestre historique pour l’EUR/CHF (-13%). Aujourd’hui, les pressions haussières persistent comme en attestent les nouvelles interventions de la Banque Nationale Suisse. Cette dernière a injecté 13,8 milliards de francs en 2021, dont la moitié au quatrième trimestre, pour limiter l’appréciation de sa monnaie.

Mais pourquoi le Franc s’apprécie-t-il encore? En Europe, les surprises économiques sont négatives, en particulier dans l’industrie allemande ce qui pénalise la monnaie unique. A contrario, l’activité suisse s’améliore. D’une part, les indicateurs avancés sur l’activité PMI sont désormais à 62, le taux de chômage a renoué avec ses 2,5% de début 2020, tandis que l’inflation sous-jacente a augmenté de 0,6% sur un an soit 2 points sous les niveaux de son voisin européen. D’autre part, la balance commerciale a augmenté de… 43% depuis un an. Cela représente 13 milliards supplémentaires ou 1,7% du PIB! Enfin, malgré la crise sanitaire, l’État fédéral a limité son déficit à 2,8% du PIB en 2020 contre 7,2% pour la zone euro. Ces chiffres atteindront cette année respectivement 2,0% et 6,9%. Or, moins de déficit public implique moins d’importation, ce qui accentue l’excédent commercial. L’appréciation du CHF ne fait donc que traduire le miracle suisse qui est sous nos yeux.

L’EUR/CHF devrait se stabiliser en fin d’année. La hausse des loyers reste contenue par une faible croissance de la population active ce qui réduit la demande de logements. Ce contexte atténue les risques sur le marché immobilier et donc la nécessité de durcir la politique monétaire, ce qui est favorable à l’activité. A l’opposé, la FED et la BCE devront décider la semaine prochaine de réagir ou non à une inflation galopante. Ces 60 dernières années, le Franc s’est apprécié de 3,2% contre l’USD et de 1,6% contre le Deutsche Mark. L’appréciation face à l’EUR atteint déjà 15% depuis 10 ans, 7% depuis 3 ans et 3% sur 1 an. C’est un cheval de course, fort et résistant, comme un Appaloosa. Mais qui a aussi besoin de souffler proche des 1.04, pour mieux préparer 2022.

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