Bienvenue en Suisse – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Le franc au plus haut face à l’euro depuis mai 2020. Les conditions économiques sont plus favorables à la Suisse vs Eurozone. La politique d’intervention de la BNS sera déterminante.

L’EUR/CHF flirte avec les 1,05, ses plus bas depuis 2015 en dehors de l’épisode COVID de mars-mai 2020! Le CHF a progressé de 4% face à l’EUR en juste six mois, accentuant sa première phase d’appréciation observée en milieu d’année. Les 1,11 sont déjà loin, d’autant que cette dynamique est limitée par les interventions de la Banque nationale suisse. Depuis septembre, 4 milliards supplémentaires ont été injectés sur le marché des changes, soit un total de 14 milliards en 2021. Nous sommes loin des 120 milliards d’interventions en 2020, mais il est clair que la Banque nationale suisse (BNS) continue d’y voir un de ses objectifs stratégiques, avec lequel il faut compter.

Cette appréciation est expliquée par les fondamentaux. La conjoncture économique est plus favorable en Suisse. L’optimisme sur les perspectives d’activité reste plus élevé qu’en zone euro, en particulier dans l’industrie (PMI). Les exportations ont progressé bien au-delà de leur niveau pré-COVID à plus de 63 milliards. Le FMI vient de réviser en hausse sa prévision de croissance pour l’économie suisse à 3,7% en 2021 et 3% l’an prochain. A contrario, les publications européennes étaient très inférieures aux attentes en raison de la baisse des dépenses des consommateurs en Allemagne et en France (-0,7% et -2,3% sur un an), et d’une nouvelle contraction de la production industrielle allemande (-1%). Enfin, les conditions financières sont favorables au CHF. Les taux réels en CHF sont bien plus rémunérateurs en raison de la stabilité de l’écart entre le taux suisse (-0,76% à 2 ans) et son équivalent allemand (-0,69%), alors que le taux d’inflation suisse à 1,2% contraste fortement avec les 4,1% du voisin européen!

Une tendance suspendue aux décisions de la BCE vs la BNS. L’activité économique en Europe pourrait continuer de décevoir, notamment sur l’inflation. Cela accentuerait les positions nettes vendeuses sur l’EUR observées depuis début novembre. Mais sur les trois prochains mois, ce sont les autorités monétaires qui auront le dernier mot. Le 16 décembre prochain, la Banque centrale européenne annoncera la fin du programme de rachats d'actifs d'urgence lié à la pandémie en mars 2022, ce qui pourrait créer une tension entre les taux souverains intra-UE, qui est historiquement négatif pour l’EUR/CHF. La BNS sera alors au pied du mur pour se lancer à nouveau dans une politique d’intervention massive. Au vu de la parité USDCHF qui reste dans la zone de confort de la BNS, il est probable que la BNS ne sorte pas les grands moyens.

 


 

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