Se couvrir contre les risques géopolitiques grâce aux matières premières

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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En février, le blé a augmenté de 11%, le nickel de 10%, et le Brent et l'or de 6% chacun.

Ces dernières semaines, l'évolution de la crise entre la Russie et l'Ukraine a accru la volatilité du marché. Les prix des matières premières se sont redressés dans ce contexte d'incertitude quant à l'offre en provenance de cette région. En février, le blé a augmenté de 11%, le nickel de 10%, et le Brent et l'or de 6% chacun.

La Russie est un acteur clé sur les marchés mondiaux des matières premières. Elle détient une part de marché de plus de 4% pour plusieurs produits, dont le palladium, le gaz naturel, le pétrole brut, le platine, l'or, le blé, le nickel, l'aluminium, l'argent, le charbon, ainsi que les minerais de fer et de cuivre.

En outre, le pays représente près de 40% des importations de gaz de l'Union européenne et 30% de ses importations de pétrole. Il est également le premier fournisseur de blé au monde. Parallèlement, l'Ukraine est un important exportateur de maïs, de blé et d'oléagineux.

Les incertitudes actuelles liées à la crise russo-ukrainienne sur l'offre signifient que les matières premières au sens large, ainsi que les valeurs énergétiques, peuvent constituer une bonne «couverture géopolitique» dans les portefeuilles.

Mais au-delà des facteurs géopolitiques, la Recherche d’UBS estime qu’il y a d’autres raisons de favoriser les matières premières à court et à moyen terme. Tour d’horizon.

1. Les gagnants de la croissance mondiale

Les matières premières ont bien démarré l'année et les perspectives globales de cette classe d'actifs restent positives pour 2022. Le cycle économique et les facteurs structurels devraient conduire à des rendements solides, notamment pour les secteurs les plus cycliques.

L'or et l'argent devraient subir une pression à la baisse sur les prix dans un contexte de hausse des taux d'intérêt américains et de renforcement du dollar.

Le secteur de l'énergie et les métaux industriels semblent bien soutenus. Les capacités inutilisées diminuent, les stocks visibles sont en baisse et les marchés sont déficitaires. La demande mondiale de pétrole devrait atteindre un nouveau record dans le courant de l'année et le Brent devrait atteindre 100 dollars le baril d'ici la fin de l'année.

On peut aussi s’attendre à des épisodes d’augmentation des prix des matières premières agricoles en raison des risques météorologiques. Toutefois, il convient d’être plus prudent dans le domaine des métaux précieux. En effet, l'or et l'argent devraient subir une pression à la baisse sur les prix dans un contexte de hausse des taux d'intérêt américains et de renforcement du dollar.

2. Une couverture contre les risques d'inflation

Les matières premières au sens large peuvent constituer une source de rendement intéressante en cas d'inflation plus persistante et de hausse des taux d'intérêt. Historiquement, elles se sont particulièrement bien comportées dans un régime d'inflation élevée. Ces trente dernières années, les matières premières ont surperformé les actions lorsque l'inflation était supérieure à 2%.

3. Des bénéficiaires structurels de la transition vers un bilan carbone nul

Si la transition énergétique est appelée à devenir l'une des principales tendances macroéconomiques de la prochaine décennie, ce changement ne se fera pas du jour au lendemain, ni sans incidence sur les matières premières.

Les métaux jouent un rôle important dans la production, dans le transport, ainsi que dans le stockage des énergies renouvelables. Et le changement climatique a des répercussions sur la production de matières premières agricoles. Aujourd'hui encore, la demande mondiale d'énergie est fortement dépendante des combustibles fossiles. La demande, notamment de gaz naturel et de pétrole brut, devrait continuer à augmenter, alors que les investissements dans ces énergies fossiles ont déjà chuté d'environ 60% depuis 2014.

La transition énergétique entraînera probablement des prix généralement plus élevés des matières premières, et non plus bas, avec davantage de fluctuations que par le passé. La Recherche d’UBS estime donc qu'investir dans les matières premières traditionnelles, aux côtés des technologies vertes, est un moyen diversifié et réaliste de naviguer dans la tendance macroéconomique plus large vers le net-zéro.

Privilégier une gestion active

En résumé, les matières premières peuvent jouer un rôle précieux dans les portefeuilles, tant dans les semaines et les mois à venir qu'à plus long terme. Pour naviguer efficacement dans les différents méandres des marchés des matières premières en 2022, une approche de gestion active est conseillée.

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