Les leçons de la folle semaine des valeurs technologiques

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

2 minutes de lecture

Depuis le 1er janvier, le Nasdaq accuse un repli de 10%. Même si les valeurs technologiques pourraient rester volatiles dans l’immédiat, les perspectives du secteur demeurent intactes.

© Keystone

Le titre Meta a dévissé de plus de 25% après l’annonce par l’entreprise d’une stagnation du nombre d’utilisateurs de ses plateformes et d’une moindre efficacité de la publicité. En revanche, les résultats encourageants d’Amazon ont favorisé un rebond du Nasdaq le lendemain.

La politique monétaire de la Fed

Ces dernières semaines, certaines déceptions notables sur le front des résultats ont suscité l’inquiétude quant à l’impact d’une politique monétaire plus restrictive aux Etats-Unis, qui est à l’origine de la chute des valeurs technologiques depuis le début de l’année.

Depuis le 1er janvier, le Nasdaq accuse un repli de 10% et le S&P 500 a cédé près de 6%. Les pans les plus chers du marché, notamment les valeurs technologiques, sont ceux qui ont le plus baissé car la valeur nette actuelle de leurs bénéfices futurs est amoindrie par l’augmentation des rendements obligataires.

Actuellement, les marchés anticipent plus de cinq relèvements des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) en 2022. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, qui s’élève à 1,92%, a grimpé de 40 points de base depuis le 1er janvier.

La croissance des bénéfices d’au moins 15% prévue en 2022 se reflétera dans les cours des actions lors des douze prochains mois.

Même si les valeurs technologiques pourraient rester volatiles dans l’immédiat, les perspectives fondamentales du secteur demeurent intactes. Explications.

  • La diminution des ratios cours/bénéfices

En ce début d’année, la correction des valeurs technologiques est en grande partie imputable à une diminution des ratios cours/ bénéfices (PER). Le PER à douze mois de l’indice MSCI All Country World Information Technology est tombé à 23, contre 27 avant la récente correction en janvier.

  • Les perspectives bénéficiaires demeurent encourageantes dans l’ensemble

Le secteur technologique devrait voir ses bénéfices augmenter d’environ 15% au plan mondial. Le mix est peut-être différent mais à l’échelle du secteur technologique, les bénéfices augmentent. Les révisions à la baisse pour les médias digitaux et pour certaines enseignes d’e-commerce sont compensées par les révisions à la hausse pour la plupart des segments traditionnels, comme les semi-conducteurs, les logiciels, ainsi que le matériel.

Les prévisions et les résultats les plus décevants émanent d’entreprises dont le modèle économique repose sur l’augmentation du nombre d’utilisateurs et l’engagement de ces derniers. Il s’agit, entre autres, de Facebook, de Netflix et de PayPal qui sont pénalisés par une concurrence plus forte. En revanche, les très bons résultats de leurs concurrents (Alphabet, Visa et Mastercard) suggèrent que la demande finale demeure substantielle.

La demande des entreprises reste solide grâce à l’amélioration de leur rentabilité à l’échelle mondiale. Par exemple, Microsoft a confirmé aux investisseurs que la croissance du chiffre d’affaires de son cloud Azure devrait s’accélérer au premier trimestre, poursuivant ainsi sur sa belle lancée (+45% en glissement annuel). Amazon a fait état d’une croissance de près de 40% pour son cloud AWS.

  • La prise en compte de la hausse des rendements obligataires

Une bonne partie de l’impact négatif de la hausse des rendements obligataires sur les valorisations est désormais prise en compte. Dorénavant, les rendements ne devraient guère plus augmenter: celui à dix ans devrait atteindre 2% en juin et 2,1% vers la fin de l’année.

Le scénario de base de la Recherche d’UBS est celui d’une stabilisation des valorisations. La croissance des bénéfices d’au moins 15% prévue en 2022 se reflétera dans les cours des actions lors des douze prochains mois. Elle devrait fléchir légèrement en 2023. Ces prévisions de croissance supposent déjà une normalisation graduelle par rapport à la croissance d’environ 20% enregistrée ces dernières années.

Les investisseurs sous-exposés peuvent mettre à profit la volatilité actuelle pour constituer graduellement une exposition stratégique à des valeurs technologiques qui ont été malmenées.

Par conséquent, la volatilité des valeurs technologiques a créé, cette année, quelques opportunités pour les investisseurs. Tour d’horizon des recommandations de la Recherche d’UBS.

  • Les secteurs cycliques

Les géants technologiques représentent environ 20% de la capitalisation de l’indice MSCI ACWI. Cela signifie que les investisseurs nettement surexposés à ces titres feraient bien de mettre à profit la volatilité actuelle pour se diversifier dans d’autres domaines. Il convient de privilégier les secteurs cycliques comme l’énergie et la finance.

  • L’intelligence artificielle, le big data et la cybersécurité

Il est recommandé aux investisseurs dont l’allocation aux valeurs technologiques est conforme à celle de l’indice de référence de procéder à un rééquilibrage pour éviter une surexposition aux géants du secteur. Ils seraient également bien avisés d’investir plutôt dans des petites et moyennes capitalisations spécialisées dans l’intelligence artificielle, dans le big data et dans la cybersécurité.

  • Les valeurs technologiques malmenées

Les investisseurs sous-exposés peuvent mettre à profit la volatilité actuelle pour constituer graduellement une exposition stratégique à des valeurs technologiques qui ont été malmenées.

  • Les thèmes d’investissement à long terme axés sur les valeurs technologiques ou de croissance

Enfin, la Recherche d’UBS réitère ses recommandations en faveur de thèmes d’investissement à long terme axés sur les valeurs technologiques ou de croissance (technologies médicales, thérapies géniques, sûreté et sécurité, automatisation et robotique, mobilité intelligente).

En effet, ces thématiques pourraient traverser une période de volatilité en raison du resserrement de la politique de la Fed. Mais, pour les investisseurs disposés à tolérer des fluctuations de cours et des périodes de sous-performance, le moment est bien choisi pour profiter de la volatilité des valeurs technologiques afin de constituer une exposition stratégique.

A lire aussi...