Les actions plombées par les résultats de Meta

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Jeudi dernier, les valeurs technologiques ont entraîné le marché des actions dans leur chute. Les TIC figurent parmi les secteurs les plus touchés. Point de situation.

La semaine passée, les mégacapitalisations technologiques Meta et Amazon ont entraîné dans leur chute l’essentiel des actions américaines. Meta, la maison mère de Facebook, a clôturé en baisse de 26% après la publication de résultats qui reflétaient une stagnation de la croissance du nombre d’utilisateurs, ainsi qu’une efficacité moindre au niveau de la publicité. Pour sa part, Amazon a perdu 7,8% en anticipation de ses résultats, publiés après la clôture.

Les services de communication en rade

Le S&P 500 a cédé 2,4% et le Nasdaq 3,7%. Le secteur des services de communication, dont Meta fait partie, a été le plus touché, avec une dégringolade de 6,8%. Les technologies de l’information (-3%) et la consommation discrétionnaire, qui comprend Amazon (-3,6%), ont également beaucoup souffert. En revanche, les secteurs défensifs tels que la consommation de base, les services aux collectivités et la santé ont surperformé l’indice général.

Les inquiétudes liées aux taux ont été accentuées par les résultats du quatrième trimestre 2021 décevants publiés par certaines mégacapitalisations.

Sur les marchés des taux, le sentiment était au durcissement après que la Banque d’Angleterre a, jeudi aussi, relevé ses taux de 25 points de base (pb) à 0,5%. Cette impression a été d’autant plus marquée que près de la moitié de ses responsables étaient favorables à une hausse plus importante et que la banque centrale a averti que l’inflation pourrait dépasser 7%. Les rendements des bons du Trésor américain se sont inscrits en hausse, ceux à dix ans gagnant 5 pb et ceux à deux ans 4 pb.

Sur le plan géopolitique, les tensions liées à l’Ukraine restent élevées. Le Pentagone a annoncé un déploiement de forces supplémentaires en Pologne, en Allemagne et en Roumanie, une décision condamnée par la Russie.

Comment interpréter la situation?

La chute des actions depuis le début de 2022 est due essentiellement au durcissement de ton de la Réserve fédérale américaine (Fed). La baisse a été particulièrement marquée pour les secteurs les plus onéreux du marché, dont en particulier les titres technologiques. La valeur actualisée nette de leurs résultats à plus long terme s’est en effet réduite du fait de la hausse des rendements. Les inquiétudes liées aux taux ont été accentuées par les résultats du quatrième trimestre 2021 décevants publiés par certaines mégacapitalisations.

Quatre points à garder à l’esprit

Il convient en effet de noter ce qui suit:

  1. La configuration a peut-être changé, mais les bénéfices du secteur technologique n’en demeurent pas moins globalement en hausse. Les révisions à la baisse des sociétés des secteurs des médias digitaux et du commerce électronique ont été compensées par les révisions haussières des segments plus traditionnels des technologies de l’information, comme les semi-conducteurs, les logiciels, ainsi que le matériel informatique.
  2. Les résultats et les prévisions les plus décevants ont été le fait d’entreprises dont le modèle économique axé sur le grand public dépend de la croissance et de l’implication des utilisateurs. Il s’agit notamment de Facebook, de Netflix et de PayPal, qui souffrent d’une concurrence accrue. A l’inverse, les bons résultats d’entreprises comme Alphabet, Visa ou Mastercard montrent que la demande finale reste solide.
  3. La demande des entreprises demeure robuste sur fond d’amélioration de la rentabilité à l’échelle mondiale. Microsoft, par exemple, a rassuré les investisseurs sur le fait que la croissance de son cloud Azure devrait encore s’accélérer au premier trimestre. Et cela malgré la progression particulièrement forte (environ 45%) déjà enregistrée d’une année sur l’autre.
  4. Jeudi dernier, la chute de 7,8% d’Amazon a contribué au recul du marché. Mais l’action a repris plus de 14% lors des échanges électroniques après clôture suite à la publication des résultats de l’entreprise. Les inquiétudes du marché n’avaient donc pas lieu d’être. Amazon a ainsi publié un résultat opérationnel supérieur aux attentes. Le groupe a également annoncé une hausse du prix de son abonnement Prime, ainsi qu’une croissance de sa division cloud AWS de près de 40%, reflétant une demande solide de la part des entreprises.

Dans l’ensemble, les perspectives de résultats restent solides. Le secteur technologique mondial est bien parti pour dégager une croissance des bénéfices d’environ 15%. Dans le scénario de référence de la Recherche d’UBS, les évaluations se stabilisent et la forte croissance des bénéfices (de l’ordre de 15%) se reflète dans les cours dans les douze prochains mois. 

Le scénario de référence suppose que l’impact négatif du resserrement de la Fed en 2022 sera plus que compensé par la croissance des bénéfices des entreprises.

Les prévisions d’une croissance des bénéfices de l’ordre de 15% pour 2022 et d’un peu plus de 10% pour 2023 reposent sur l’hypothèse d’une normalisation progressive des bénéfices par rapport à la croissance d’environ 20% observée au cours des dernières années.

Plus généralement, le scénario de référence suppose que l’impact négatif du resserrement de la Fed en 2022 sera plus que compensé par la croissance des bénéfices des entreprises. Concernant la crise entre la Russie et l’Ukraine, le scénario qui semble le plus probable est celui d’une stabilisation de la situation et d’un relâchement des tensions. 

Que doivent faire les investisseurs?

Les actions recèlent encore un potentiel haussier. La Recherche d’UBS table sur un redressement des multiples d’évaluation du S&P 500 à 20x les bénéfices prévus à douze mois, ainsi que sur une nouvelle hausse des bénéfices. Au final, dans le cadre du scénario de référence, le S&P 500 ressortirait à 5100 à fin 2022.

Quatre enseignements à tirer

Dès lors, les investisseurs seraient bien avisés de privilégier les approches spécifiques suivantes:

  1. Profiter de la volatilité des valeurs technologiques 
    Les mégacapitalisations technologiques représentent environ 20% de l’indice MSCI All Country World. Les investisseurs largement surexposés à ces valeurs devraient profiter des ventes massives actuelles pour se diversifier dans des domaines qui présentent un potentiel de croissance des bénéfices plus élevé à court terme. La préférence de la Recherche d’UBS va notamment aux trois principales technologies de rupture (intelligence artificielle, big data et cybersécurité), ainsi qu’à la 5G.
  2. Acheter les bénéficiaires de la croissance mondiale 
    Malgré la volatilité des marchés, la croissance économique sous-jacente devrait rester solide au premier semestre et soutenir les valeurs cycliques. Les actions de la zone euro bénéficient d’évaluations relatives avantageuses. Il est également conseillé de privilégier les valeurs des secteurs de l’énergie et des matières premières. Ces dernières peuvent aussi offrir une bonne couverture contre le risque géopolitique.
  3. Se préparer à la hausse des taux 
    En prévision des hausses de taux, les investisseurs peuvent notamment se tourner vers les valeurs financières, les stratégies value, les prêts seniors (senior loans) et les hedge funds.
  4. Intégrer des valeurs défensives 
    La volatilité étant appelée à se poursuivre, l’exposition aux valeurs cycliques doit être contrebalancée par une exposition plus défensive. A cet égard, le secteur mondial de la santé, relativement bon marché, semble particulièrement intéressant à l’heure actuelle. La Recherche d’UBS apprécie également les actions à dividendes, les placements structurés et les stratégies d’allocation d’actifs dynamiques, ces dernières contribuant à lisser les rendements globaux du portefeuille.

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