Sciences de la vie: identifier l’innovation au stade initial

Yves Hulmann

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Les approches les plus innovantes émanent souvent de jeunes sociétés, souligne Marina Record de Baillie Gifford. Tour d’horizon.

Dans les sciences de la vie, les solutions les plus innovantes n’émanent que rarement de grands groupes pharmaceutiques mais elles sont souvent développées par de petites sociétés ou start-up qui se concentrent sur une thématique très spécialisée. C’est du moins l’approche adoptée par l’équipe de gestion d’un fonds consacré à l’innovation dans le secteur de la santé de la société d’investissement Baillie Gifford basée à Edimbourg. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter la liste des dix plus grandes positions du fonds qui, à l’exception de Moderna, n’inclut aucune société biotech ou pharmaceutique connue du grand public.

Exploiter les possibilités offertes par la «grande convergence»

L’équipe de Baillie Gifford poursuit une approche de sélection axée autour d’un certain nombre de technologies qui ont un caractère disruptif dans différents domaines. Celles-ci incluent par exemple les technologies d’imagerie médicale, de diagnostic mais elles portent aussi sur la manière avec laquelle on administre les médicaments aux patients ou concernent également la télémédecine.

«Nous assistons à ce que l’on peut appeler la grande convergence de technologies qui étaient restées silencieuses auparavant mais qui, lorsqu’elles sont mises ensemble, offrent un potentiel entièrement nouveau», explique Marina Record, spécialiste en investissement chez Baillie Gifford, qui s’exprimait dans le cadre d’une journée de présentations pour les médias européens en septembre à Edimbourg.

L’équipe de Baillie Gifford ne se concentre pas sur une catégorie de maladies spécifiques mais cherche à identifier les sociétés qui disposent d’un potentiel d’innovation important dans chacun de ces domaines.

La baisse spectaculaire des coûts du séquençage du génome au cours des vingt dernières années est un élément qui a permis une accélération spectaculaire de la recherche dans certains domaines. L’identification rapide du Covid-19 au début de 2020 et le développement en moins d’un an de vaccins montre quelle est l’ampleur de l’usage de cette technologie.

L’équipe de Baillie Gifford ne se concentre pas sur une catégorie de maladies spécifiques mais cherche à identifier les sociétés qui disposent d’un potentiel d’innovation important dans chacun de ces domaines. Dans les maladies cardiovasculaires, c’est le cas de Verve Therapeutics. Il en va de même pour Denali Therapeutics pour les recherches en lien avec la maladie d’Alzheimer, tout comme pour Illumina dans les traitements pour le cancer.

Les apports du «machine learning» dans les sciences de la vie

Plus largement, le gérant d’actifs s’intéresse aussi aux apports de l’apprentissage automatique ou «machine learning» dans les sciences de la vie. C’est le cas par exemple de la société Recursion qui cherche à «industrialiser» la recherche dans les sciences de la vie, afin d’élargir le nombre de points de départ potentiel lors de la recherche de thérapies potentielles, tout en identifiant plus rapidement les risques d’échecs. Avec son approche, la société a pu diminuer par cinq le nombre d’échecs de traitements candidats.

Et pourquoi les grands groupes pharmas ne parviennent-ils pas à innover autant? Sans fournir de réponse définitive à cette question, Marina Record et Jack Torrance, tous deux spécialistes de l’investissement chez Baillie Gifford, observent que les petites sociétés consacrent l’entier de leurs ressources à une thématique donnée, ce qui leur permet souvent d’avancer beaucoup plus vite dans leurs recherches. Il est toutefois essentiel, ici aussi, de garder à l’esprit qu’un horizon d’investissement de 5 à 10 ans est nécessaire pour que les innovations apportées par ces sociétés déploient l’entier de leur potentiel.

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