La mobilité du futur, un secteur à haut potentiel

Thaiha Nguyen, Baillie Gifford

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La mutation rapide des modes de déplacement ouvre des opportunités d’investissement dans de nombreux secteurs.

Des taxis volants aux voitures autonomes en passant par les voyages dans l'espace, la manière de se déplacer d’un point à un autre ou de transporter des marchandises est à l’aube d’un changement radical. Tout le défi pour l’investisseur consiste à identifier les entreprises qui seront les moteurs de cette mutation.

Taxis volants: de la fiction à la réalité

A l’instar du téléphone intelligent il y a 30 ans, les taxis volants semblent encore relever de la science-fiction. Pourtant, la convergence d’avancées technologiques dans différents domaines (batteries haute densité énergétique, aéronautique, matériaux légers, systèmes de conduite autonomes) rend plausible l’idée d’une mise en service d’aéronefs électriques à décollage vertical (eVTOL) dans un avenir qui n’est plus trop lointain. Un premier service de transport aérien urbain devrait être mis en service à l’occasion des Jeux olympiques de Paris en 2024.

Parmi les entreprises prometteuses dans ce domaine se trouvent l’Américaine Joby Aviation et l’Allemande Lilium Air Mobility. Toutes deux ont un objectif commun, celui de relever le défi que pose l’accélération de l’urbanisation: au manque de place au sol, elles répondent par l’utilisation de l’espace aérien. Ces entreprises possèdent en outre deux avantages compétitifs considérables, à savoir la qualité de leur ingénierie ainsi que le fait qu’elles ont investi du temps pour nouer d’étroites relations avec les autorités de régulation.

Conduite autonome: déjà demain

Dans le domaine de la conduite autonome, bien que l’industrie ait fortement progressé, la question reste entière de savoir à quel moment elle parviendra à proposer un véhicule de tourisme totalement autonome. Cependant, d’autres applications telles que les transports par camion sur de longues distances ou les robots de livraison sur le «dernier kilomètre» pourraient être commercialisées plus tôt. Des dizaines de start-ups y travaillent et certaines d’entre elles telles Aurora (camions) ou Nuro (robots de livraison) possèdent une longueur d’avance sur leurs concurrentes.

Le passage des énergies fossiles à l’électricité offre de nouvelles opportunités tant dans le domaine des batteries que dans celui des infrastructures de recharge.

Les raisons de la rapidité du développement de ces applications sont évidentes. D’une part, pour un véhicule autonome, l'autoroute est un environnement plus facile à appréhender que celui d’une ville ou un village. D’autre part, les camions et les robots de livraison ne transportant personne, ils peuvent se «sacrifier» en cas d'urgence.

Cap sur les batteries et les aires de recharge

Les ventes mondiales de véhicules électriques ont fortement augmenté ces dernières années, favorisées par les politiques publiques, le durcissement des normes d'émission ainsi que par les progrès de la technologie des batteries lithium-ion et des infrastructures de recharge.

Du point de vue de l’investissement à long terme, le passage des énergies fossiles à l’électricité offre de nouvelles opportunités tant dans le domaine des batteries, appelé à une expansion considérable, que dans celui des infrastructures de recharge. Tesla produit déjà certains de ses propres modules de batteries dans sa Gigafactory du Nevada, mais, pour son approvisionnement, elle recourt également à l’entreprise chinoise Contempory Amperex Technology (CATL).

Ce leader de la production mondiale de batteries pour VE qui fournit également Daimler, Volkswagen, NIO et BMW se heurte toutefois à des problèmes d’ordre éthique (travail des enfants au Congo pour l’extraction de cobalt) et environnemental (pollution liée à la production de nickel). CATL a par conséquent développé différentes alternatives aux batteries lithium-ion. Mais il faudra encore patienter un certain temps et procéder à d’autres recherches pour que ces solutions nouvelles puissent déployer tout leur potentiel.

Dans l’intervalle, d’autres acteurs du secteur offrent des perspectives d’investissement à long terme intéressantes. Citons par exemple Northvolt, entreprise suédoise non cotée qui va prochainement démarrer la construction de sa 3e «giga-usine» de batteries en Europe, ou encore l’Américaine Chargepoint qui a construit le plus grand réseau de points de recharge aux Etats-Unis et qui connaît maintenant une expansion rapide en Europe. Dans le domaine du recyclage des batteries, deux entreprises méritent d’être mentionnées. Il s’agit de Redwood Materials, entreprise californienne qui envisage de produire les composants utilisés dans les anodes et les cathodes des batteries à partir de matériaux de récupération, et de Umicore, entreprise belge qui recycle les batteries des automobiles et vélos électriques.

Toutes ces entreprises ont ceci en commun que leur potentiel de croissance représente une opportunité d’investissement exceptionnelle, alors que le risque pour l’investisseur se limite à sa mise de départ. Or, dans un contexte où le changement climatique et la convergence de différentes technologies vont transformer nos manières de nous déplacer beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense généralement, de telles opportunités d’investissement ne devraient pas être ignorées.

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