Retour des flux sur les actions

Axel Botte, Ostrum AM

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Inversion des courbes des taux, baisse du pétrole et embellie sur les actifs risqués.

©Keystone

Alors que la saga FTX évoque une fraude massive comparable à la faillite d’Enron de 2001, un calme relatif prévaut sur les marchés d’actions après un rebond de 10% sur le S&P 500. Les rachats de positions vendeuses au motif d’une inflexion dans la politique de zéro covid en Chine et d’une politique monétaire moins agressive sont aujourd’hui relayés par des flux d’investissements significatifs. L’embellie concerne tous les actifs risqués, y compris les dettes souveraines européennes et le crédit où les émissions attirent une forte demande. Les spreads sont orientés à la baisse. Le budget britannique a été bien accueilli par les marchés. L’inversion des courbes de taux rappelle toutefois la fragilité de ce rebond des actions, encore assimilable à un sursaut dans un marché baissier. Le spread 2-10 ans américain s’enfonce vers les -70pb. La Fed n’en a pas terminé avec le resserrement monétaire, selon James Bullard qui évoque une extension du cycle monétaire vers 7% désormais.

La Fed face à la détente des conditions financières

Le budget d’automne était très attendu au Royaume-Uni. Jeremy Hunt a réussi son exercice d’équilibriste ménageant une partie de son électorat en vue des prochaines élections tout en rassurant les marchés financiers. Le Chancelier de l’échiquier a annoncé un plan de consolidation de 55 milliards de livres sterling en deux temps avec une hausse de la fiscalité et des baisses de dépenses après 2025. Le bouclier énergétique est chiffré à 100 milliards de livres sterling dans la durée. La hausse de l’impôt sur le revenu passera par l’abaissement du seuil de revenus soumis au taux marginal de 45%. Des transferts aux ménages sont prévus ainsi que l’indexation des pensions sur l’inflation. Le besoin de financement public s’élèvera à 7,1% du PIB sur l’année fiscale 2022-23 avant de diminuer sous 3% à partir de 2025. Le montant de Gilts à émettre l’an prochain est aussi plus faible qu’attendu (170 milliards de livres sterling).

En zone euro, la courbe allemande est aussi inversée, le 30 ans cotant désormais sous le seuil de 2%.

En zone euro, l’inflation ressort à 10,6% en octobre et les trois- quarts des catégories sont en accélération. Les négociations salariales (+8,5% sur deux ans pour IG Metall en Allemagne) intègrent, et entretiennent, un environnement inflationniste. Le resserrement monétaire de la BCE devra se poursuivre. Les remboursements de TLTRO (Targeted longer term refinancing operations) anticipés sont limités à 296 milliards d’euros (soit 14% du total).

Depuis la publication de l’inflation en baisse à 7,7%, la Fed est confrontée à une détente des conditions financières, sans doute prématurée au regard des dernières données économiques. Les taux pourraient s’ajuster jusqu’à 7% selon James Bullard. Cette prédiction a contribué à accentuer l’inversion de la courbe de sorte que le spread 2-10 ans atteignait -70pb en fin de semaine. Les comptes spéculatifs sont moins enclins à vendre la partie longue, moins sensible aux décisions de la Fed. Le T-note s’est brièvement échangé sous la barre des 3,70% avant un rebond de 10pb après l’intervention du Président de la Fed de St Louis. Ces commentaires ont alimenté la baisse des points morts d’inflation initiée par la chute du pétrole (-10 dollars cette semaine).

Le marché du crédit retrouve des couleurs

En zone euro, la courbe allemande est aussi inversée, le 30 ans cotant désormais sous le seuil de 2%. La hausse de 50pb prévue en décembre pourrait ne pas suffire à relever le niveau plancher des taux à long terme. Une hausse de 75pb ou un resserrement quantitatif anticipé pourrait s’avérer nécessaire pour peser sur l’inflation. Les swap spreads se sont resserrés au bénéfice des dettes d’agences ou supranationales. Les émissions de l’UE ont ainsi rencontré une forte demande cette semaine compte tenu de leurs valorisations attrayantes. Les spreads souverains affichent également un net resserrement, y compris le BTP italien qui semble ignorer la rallonge budgétaire de 30 milliards d’euros promise par le nouveau gouvernement. L’obligation assimilable du Trésor français, sous le seuil de 50pb, parait cher. Le réinvestissement des tombées du PSPP (Programme d’achat de titres du secteur public) constituera un élément déterminant de la dynamique des spreads souverains en 2023.

Le marché du crédit a retrouvé des couleurs, grâce en partie à la baisse des taux sans risque. Le niveau moyen des primes sur l’investment grade européen (192pb contre Bund) se situe près de 50pb sous les sommets de 2022. Les comptes finaux se pressent pour combler les sous- expositions en crédit avant la trêve de décembre et profiter de primes à l’émission élevées. La balance des flux dans les ETF s’est aussi améliorée ces dernières semaines. Le marché du high yield profite de cet environnement porteur. La dégradation des taux de défaut envisagée l’an prochain semble absorbable au regard du niveau actuel des spreads.

Sur les marchés d’actions, le rebond des indices depuis octobre traduit en premier lieu la réduction des paris baissiers. Les allocataires sont cependant revenus à l’achat sur les marchés américains. Les fonds d’actions mondiales collectent 22 milliards de dollars cette semaine, le meilleur total depuis 35 semaines avec toutefois une légère décollecte en Europe.

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