Le T-note au plus haut depuis 2007

Axel Botte, Ostrum AM

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La saga britannique continue, les taux longs remontent alors que la pression s’accentue sur le yen.

Le feuilleton britannique se poursuit avec la démission de Liz Truss. Son successeur devrait être nommé dans la semaine.  Le marché semble avoir intégré l’incertitude politique de sorte que la volatilité reste élevée sur le gilt. La pression haussière sur les taux a repris. Le 10 ans américain tangente les 4,30% au plus haut depuis 2007. L’agence de dette allemande a pris la mesure de la rareté du collatéral, ce qui pousse le Bund vers les 2,50%. Les points morts d’inflation s’écartent à peine dans ce mouvement de 15 pb du Bund.

Les banques centrales émergentes cherchent à freiner l’appréciation du dollar avec un succès limité jusqu’ici. Le yen japonais enfonce le seuil de 150 contre le billet vert. Le marché guette une nouvelle intervention sur la devise nippone. Les spreads souverains ignorent la volatilité des taux et le crédit (-6pb), y compris le high yield (-25pb), semble enfin se stabiliser. Les actions s’inscrivent en légère hausse sur la semaine écoulée alors que le calendrier de publications trimestrielles s’accélère. New York est sans tendance.

La liquidité du marché du gilt reste problématique

Sur le plan conjoncturel, l’économie américaine montre de nouveaux signes de ralentissement au travers des enquêtes manufacturières de New York et de Philadelphie. Toutefois, les indicateurs du marché du travail apparaissent toujours bien orientés. La remontée des prix de l’essence est une mauvaise nouvelle pour le camp démocrate dans l’optique des élections de mi- mandat. La Chambre passera sans doute sous majorité républicaine, les démocrates conservant une majorité précaire au Sénat. En zone euro, l’inflation finale est corrigée à 9,9% en septembre mais la tendance sous-jacente (4,8%) n’indique encore aucune inflexion. Au Royaume-Uni, le chaos politique perdure. Rishi Sunak semble tenir la corde pour le poste de premier ministre semble tenir la corde, même si l’hypothèse d’un retour de Boris Johnson refait surface.

La tendance haussière sur les rendements longs redouble d’intensité. Le T-note s’approche de 4,30%. L’inversion du spread 2-10 ans s’estompe (+15pb sur la semaine). Le biais restrictif de la Fed est amplifié par les ventes de Treasuries des banques centrales étrangères. Il s’agit à la fois de freiner la dépréciation des devises locales face au billet vert et de réduire la sensibilité des réserves au risque de taux américain.

La politique monétaire de la Banque du Japon parait intenable au vu de la faiblesse du yen.

A l’instar des banques américaines, les institutions officielles internationales ont accès à une facilité de reverse repo auprès de la Fed. L’encours des liquidités déposées a gonflé de 100 milliards de dollars en six mois à 333 milliards de dollars. La liquidité du marché s’est détériorée de sorte que des écarts de valorisation apparaissent entre tires. Le Trésor américain pourrait y remédier en racheter des Treasuries «off-the-run» (moins prisées sur le marché du repo).

La rareté du collatéral persiste en zone euro. La Finanzagentur allemande a réagi en augmentant de 3 milliards d’euros l’encours de 18 souches afin d’alimenter le marché du repo.  Cette décision, qui préfinance le plan de 200 milliards d’euros annoncé fin septembre, a sensiblement réduit les swap spreads. Le Schatz se traite à 96pb en baisse de 11pb sur une semaine. Le Bund se traite autour de 2,50% mais à l’inverse des Treasuries l’aplatissement perdure. Les spreads souverains se sont resserrés avec la remontée du rendement du Bund. Le spread du BTP repasse ainsi sous le niveau de 240pb.

Le gouvernement italien se fait attendre mais l’attention des investisseurs est heureusement accaparée par la situation politique britannique. La Banque d’Angleterre a indiqué que le resserrement monétaire débutera en novembre (6 milliards de livres sterling d’ici la fin de l’année) en épargnant la partie longue de la courbe en raison de la situation précaire des fonds de pension. La liquidité du marché du gilt reste problématique et la baisse des rendements (4,10% sur le 10 ans) parait exagérée dans le contexte d’inflation et de resserrement monétaire. Au Japon, la politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ) parait intenable au vu de la faiblesse du yen. L’élastique se tend. Reste à savoir si la BoJ changera sa cible de taux longs ou se contentera d’intervenir sur le marché des changes, sans garantie de succès.

La saison des publications a débuté aux Etats-Unis comme en Europe. Sur les cent premières entreprises du S&P 500, les bénéfices surprennent à la hausse de 4,5% en moyenne mais la croissance est négative sur un an (-1,8%). Les chiffres d’affaires progressent de 7%, un niveau inférieur aux attentes en raison notamment du dollar fort. En Europe, les publications sont disparates. L’exposition au dollar est aussi discriminante. L’Euro Stoxx s’adjuge 1,5% grâce aux banques sensibles aux taux d’intérêt, aux cycliques décotées mais aussi des secteurs de croissance dont la technologie.

Les spreads de crédit se sont enfin détendus dans le sillage du rétrécissement des swap spreads. L’activité primaire est plus limitée en cette période de publication. Les spreads des foncières restent tout de même sous pression. Quant au high yield, les spreads se resserrent de 25pb en une semaine mais la volatilité du Crossover rend incertaine la poursuite de l’embellie. Toutefois, les flux sur les ETF de high yield aux Etats-Unis se sont redressés en octobre.

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