Les actions peuvent-elles survivre sans l'énergie russe?

Steven Bell, BMO GAM

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Le moment approche où les actifs à risque pourraient commencer à se redresser.

© Keystone

Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a annoncé la semaine dernière des négociations visant à interdire les exportations d’énergie russe, entraînant une montée en flèche des prix du pétrole et du gaz ce qui a porté un nouveau coup aux marchés des actions. Actuellement, le prix du Brent est de 120 dollars le baril. Historiquement, cela équivaut généralement à un ralentissement économique important. À 150 dollars le baril, on devrait être au début d’une récession. Si les prix du pétrole ont pris de la hauteur, les prix du gaz naturel en Europe eux, se sont envolés en doublant au cours de la semaine dernière.

Une récession toucherait les bénéfices, déjà mis sous pression par la hausse des salaires et des coûts de production. La guerre en Ukraine a perturbé les chaînes d'approvisionnement qui commençaient à peine à se remettre de la pandémie. De fait, la guerre impacte la production de semi-conducteurs, car l’Ukraine est le premier producteur mondial de gaz néon, élément-clé de leur fabrication.

La dynamique économique avant-guerre

Les perspectives sont peu réjouissantes, cependant avant de se défaire de tous les actifs à risque, il est intéressant d’observer quelques points positifs; avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la tendance économique était bien orientée; l'emploi aux États-Unis affichait une forte croissance et les indices des directeurs d'achat étaient en expansion et en hausse, notamment au Royaume-Uni; les entreprises américaines ont annoncé de bons résultats fin 2021; les bénéfices des entreprises européennes étaient encore meilleurs et l'on s'attendait à ce que la croissance européenne affiche une bonne  dynamique.

Le marché anticipe un prix du baril à 75 dollars dans cinq ans avec l’accélération de l’abandon des énergies fossiles.

Dorénavant, la guerre menace de faire chuter les prévisions de croissance, en particulier en Europe. La plupart de ces facteurs sont déjà intégrés. La Russie, énorme producteur de pétrole et de gaz, sera très difficile à remplacer. En conséquence, les actions ont commencé à chuter, l'indice mondial est en baisse de 12% depuis le début de l'année. Les actions européennes ont été particulièrement touchées.

Aussi, la prospection d’énergies fossiles a repris aux Etats-Unis et va monter crescendo. Cependant, la décision du président Biden de restreindre le forage sur les terres fédérales a limité cette augmentation. Mais contrairement aux chocs pétroliers passés, une offre importante et croissante d'énergies renouvelables est aujourd’hui disponible et le monde commence à se sevrer des combustibles fossiles. Le marché anticipe un prix du baril à 75 dollars dans cinq ans avec l’accélération de l’abandon des énergies fossiles. Même si cela représente encore une augmentation par rapport aux 60 dollars le baril d'avant crise, cela reste soutenable.

Une opportunité d'achat

Dans l'ensemble, les marchés vont continuer à relever des défis à court terme compte tenu de la flambée des prix de l'énergie. Reste que les actifs à risque pourraient tout de même commencer à se redresser. Cela dépendra en grande partie du comportement de la Russie en Ukraine, ainsi que de la mise en œuvre effective de l'interdiction des exportations énergétiques russes. Les dommages infligés à l'économie russe par les sanctions – tant par les gouvernements que par les entreprises – ont déjà été considérables.

Une période de tension s’est installée. Dans cet environnement, adopter une position défensive et constituer des réserves de liquidités s’est avéré une bonne réaction. Il est probablement encore trop tôt pour revenir à un positionnement plus risqué.

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