Les taux montent mais les actions résistent

Steven Bell, BMO GAM (EMEA)

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Les perspectives restent positives pour les actifs risqués malgré la hausse annoncée des taux. 

Ce début d’année 2022 est décidément bien peu ordinaire. Les actions ont brutalement chuté la semaine dernière avant de connaître une remontée, plus que bienvenue, quelques jours plus tard. Le tout malgré une conférence de presse au ton particulièrement ferme donnée par Jerome Powell, le président de la Fed, et des données économiques relativement faibles.

Il ne fait aucun doute que le tournant opéré par la Fed inquiète les marchés. La Réserve fédérale mettra fin à son programme d’assouplissement au mois de mars et entamera à ce moment un relèvement du taux des fonds fédéraux. Une donnée qui est désormais intégrée par le marché qui prévoit quatre hausses dans le courant de l’année. Il y a quelques mois à peine, le consensus était qu’il n’y aurait aucune hausse des taux en 2022.

Les marchés reconnaissent l’action de la Fed

L’inflation est bien évidemment la principale responsable de cette évolution de la rhétorique – et de la politique – de la Fed. Une inflation qui a grimpé plus haut et plus vite que prévu, et dont la source s’est progressivement déplacée. On est en effet passé d’une augmentation des prix dans le secteur automobile, un phénomène qui pouvait raisonnablement être considéré comme transitoire, à une inflation des loyers et des salaires qui est, elle, plus durable. La Fed a compris le message et son action a été reconnue par les marchés. En témoignent les points morts à long terme de l’inflation, qui restent bas et stables malgré la flambée inflationniste actuelle.  

L’actuelle saison des résultats révèle des performances qui dépassent largement les attentes aux Etats-Unis, aussi bien en termes de revenus que de bénéfices.

L’impact du variant Omicron sur les données économiques est également intéressant. En Europe du Nord, où les restrictions ont été plus sévères, les données sont, de manière générale, moins mauvaises que prévu. Là où en revanche les données ont été plus sévèrement impactées, elles l’ont été bien plus que prévu. Les consommateurs britanniques et américains, par exemple, semblent avoir pris leurs propres mesures et se sont montrés hésitants malgré l’absence de restrictions gouvernementales plus strictes.  

Quoi qu’il en soit, les consommateurs devraient augmenter leurs dépenses dans les prochains mois et ce malgré la compression des revenus réels qui découle de l’augmentation des prix de l’énergie. Le variant Omicron se révèle être moins dangereux que les précédents et donc moins perturbateur. Alors que les restrictions tombent progressivement en Europe, la Chine reste le seul pays à appliquer une politique sanitaire sévère. Une sévérité mise en évidence par les mesures extraordinaires mises en œuvre à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver.

Les dépenses augmentent sur les marchés développés

Si les ménages sont confrontés à une compression de leurs revenus réels, les consommateurs des marchés développés continuent de bénéficier d’une épargne importante qui découle des politiques fiscales extrêmement généreuses des deux dernières années. Cette épargne équivaut respectivement à environ 11%, 13% et 14% des revenus dans la zone euro, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Les dépenses de consommation seront donc fortes en 2022. Les ménages ne sont d’ailleurs pas les seuls à dépenser; les demandes de dépenses en capital au sein des entreprises sont fortes dans la plupart des marchés développés et en plein essor aux Etats-Unis.

Or une augmentation des dépenses signifie aussi une hausse des bénéfices des entreprises. L’actuelle saison des résultats révèle des performances qui dépassent largement les attentes aux Etats-Unis, aussi bien en termes de revenus que de bénéfices. L’attention du marché est tournée ailleurs pour le moment mais, une fois que l’agitation autour de la politique monétaire de la Fed sera retombée, les perspectives positives en matière de bénéfices devraient venir soutenir les actifs risqués.

Les actions semblent s’être stabilisées pour le moment. A plus long terme, ces dernières semblent devoir continuer à se redresser. Il est difficile de s’attendre à des gains importants, vu la hausse prochaine des taux d’intérêt, mais le marché reste haussier. La période s’annonce, en revanche, particulièrement difficile pour les obligations.

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