Inflation: la prudence des banques centrales

Steven Bell, BMO GAM (EMEA)

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Les resserrements entraineront des problèmes à court terme pour les actifs à risque et une grande volatilité.

L'Ukraine fait la une des journaux en ce moment, mais l'inflation n’est-elle pas aussi une grande source de préoccupation? Récemment, l'inflation américaine a pris l’ascenseur, dépassant une fois de plus les attentes des analystes et s’étendant à l’Europe. C’est un phénomène mondial qui augmente plus rapidement que prévu où seuls le Japon et la Chine semblent immunisés, du moins jusqu'à présent.

Des hausses de taux d'intérêt désormais envisagées

Face à ce péril, les banques centrales ont réagi. La Banque d’Angleterre a relevé ses taux de 25 points de base (pb) au début du mois et seule la voix prépondérante de son gouverneur a empêché une hausse de 50 pb. La Réserve fédérale américaine n'a pas encore agi, mais son discours a changé. Son programme d'achat d'obligations prendra fin plus tôt que prévu et les taux seront probablement relevés de 25 ou 50 points de base lors de la prochaine réunion en mars. Quant à la BCE, deux de ses membres, l’Allemand et Néerlandais, ont laissé entendre que leurs taux pourraient augmenter cette année.

Une grande partie des importantes mesures de relance budgétaire prises à la suite de la pandémie n’a pas été utilisée.

L'impact du Covid sur les économies est désormais largement terminé, mais les banques centrales maintiennent encore leur politique à des niveaux d'urgence.

Dans la plupart des pays, le chômage est égal ou inférieur aux niveaux pré-Covid mais des enquêtes suggèrent que le marché du travail demeure tendu. Une grande partie des importantes mesures de relance budgétaire prises à la suite de la pandémie n’a pas été utilisée. Les ventes au détail aux Etats-Unis ont probablement bondi en janvier, un schéma qui se répétera dans la plupart des pays développés. Cela reflète en grande partie un rebond après les faibles dépenses de décembre et la bonne santé financière des consommateurs avec l'assouplissement des restrictions Omicron, indépendamment de la hausse du coût de la vie.

Les banques centrales aiment travailler par petits trains de mesures lorsqu'elles resserrent leur politique. Elles augmentent les taux, attendent de voir comment les marchés et l'économie réagissent, puis en font plus si besoin. Malheureusement, elles sont à la traîne pour ce qui est des mesures plus importantes et nécessaires. Personne ne peut savoir avec certitude quel est le niveau de taux idéal. Mais avec une croissance économique supérieure à la aux attentes et une inflation élevée et en hausse, les taux d'intérêt proches de zéro sont beaucoup trop bas.

Un nouvel horizon?

Un atterrissage en douceur est toujours possible, la Fed et les autres banques centrales étant en mesure de resserrer leur politique lentement.

Une série de prix devraient baisser à mesure que les pénuries d'approvisionnement s'atténuent.

A quoi cela pourrait-il ressembler? Aux Etats-Unis, l'immobilier pourrait ralentir rapidement en réponse à la hausse des taux hypothécaires. Les consommateurs devraient également résister à l'envie de puiser dans leurs réserves. Une série de prix devraient baisser à mesure que les pénuries d'approvisionnement s'atténuent. Une amélioration de la crise ukrainienne serait utile à cet égard. La croissance des salaires devrait ralentir, en réponse à la réduction des embauches et à l'augmentation de l'offre de main-d'œuvre. Lorsque les effets de base favorables s'enclencheront, les anticipations d'inflation à court terme pourraient se dissiper.

La Fed a la confiance du marché obligataire: les points morts d'inflation à long terme ont été remarquablement stables et conformes à l'objectif d'inflation de 2% de la Fed. Mais il s'agit d'un sentier étroit, avec un risque élevé de tomber dans une récession plus profonde si l'inflation reste trop élevée pendant trop longtemps.

Les banques centrales vont probablement accélérer leur resserrement. Cela entraînera quelques problèmes à court terme pour les actifs à risque et une grande volatilité. En cas de légère récession, les pressions inflationnistes s'atténueront rapidement. Les perspectives à plus long terme pour les actions restent positives. Quant aux obligations, elles constituent une bonne couverture pour les tensions politiques comme l'Ukraine, mais elles ont tendance à ne pas aider lorsque le problème est l'inflation. Lorsque la poussière retombera, les valorisations des actions seront plus élevées et les prix des obligations plus bas. 

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