Les banques centrales entrent en scène

Steven Bell, BMO GAM (EMEA)

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Les actifs risqués devraient pouvoir se redresser malgré une volatilité accrue et des obligations haussières.

©Keystone

Après le choc provoqué en janvier par l’annonce d’un resserrement de la part de la Réserve Fédérale, c’était le tour de l’Europe la semaine dernière. La Banque d’Angleterre a ouvert le bal, sans grande surprise, en relevant son taux de base de 25pb. Le fait que ce soit le vote de son gouverneur Andrew Bailey qui ait limité cette hausse à 25 au lieu de 50pb a été, en revanche, plus surprenant. Ce dernier a par la suite appelé les travailleurs britanniques à faire preuve de «modération» dans leurs prétentions salariales pour faire face à l’inflation. Une suggestion qui a soulevé l’indignation au Royaume-Uni, y compris à Downing Street.

La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a emboîté le pas en abandonnant sa promesse de maintenir, à court terme, une politique monétaire souple. La réaction du marché obligataire européen a été convulsive: les rendements des obligations allemandes sont passées dans le vert et ceux des obligations italiennes à dix ans ont bondi de 46pb. L’euro a inversé sa tendance à la baisse et s’est apprécié par rapport à toutes les autres principales devises. Le changement de discours de la part de Christine Lagarde était motivé par une flambée de l’inflation dans le courant du mois du janvier qui a touché tous les secteurs et qui a été particulièrement importante en Allemagne. 

Une récession représenterait une bien plus grande menace pour les actions qu’une hausse des taux d’intérêt.
Le risque d’une récession s’éloigne

Les actions européennes ont fortement chuté toute la semaine dernière et ont sous-performé par rapport aux actions américaines, inversant ainsi la tendance des semaines précédentes. Le marché américain, lui, a connu la plus forte baisse jamais enregistrée en termes de valorisation boursière avec la chute de Meta avant de vivre sa plus forte hausse avec la publication des résultats d’Amazon le lendemain. 

Il ne fait aucun doute que les actions sont averses aux hausses des taux. Mais le fait que la Réserve fédérale choisisse de resserrer maintenant sa politique monétaire entraine aussi une diminution du risque de récession en 2023. La Fed, comme les autres banques centrales, était jusque-là en retard sur l’inflation et gardait les deux pieds sur l’accélérateur alors même qu’elle risquait de verser dans le fossé de la récession. Une décélération progressive constitue le meilleur moyen pour garder ses quatre roues sur la route. Une récession représenterait, en effet, une bien plus grande menace pour les actions qu’une hausse des taux d’intérêt. 

L’Europe est plus affaiblie que les Etats-Unis

Les consommateurs américains sont actuellement sous pression et voient leurs revenus se comprimer avec la fin du crédit d’impôt pour enfant et l’échec du projet budgétaire «Build Back Better» de Joe Biden. Dans l’ensemble, cependant, l’augmentation des revenus est plus rapide que celle de l’inflation et les salaires, tout comme l’emploi, sont solides. La croissance américaine pourrait vaciller ce trimestre mais la possibilité d’une récession en 2022 est à écarter. 

Les prix de l’énergie sont bien plus élevés au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis et la progression des salaires britanniques et européens est plus lente.

Cette vigueur de l’économie américaine se constate également dans les rapports de bénéfices des sociétés du S&P500. Les bénéfices sont supérieurs de 9 points de pourcentage aux attentes. L’ampleur de ce dépassement s’est accrue la semaine dernière, ce qui a participé à la surperformance des actions américaines. La situation est différente en Europe. Si l’emploi est en pleine augmentation, sa croissance combinée à la hausse des salaires reste en deçà de celle de l’inflation. Les prix de l’énergie sont bien plus élevés au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis et la progression des salaires britanniques et européens est plus lente. 

La flambée de l’inflation de janvier n’était pas inattendue et les hausses de salaires devraient s’accélérer au Royaume-Uni et en Europe au cours des prochains mois. La volte-face de la Banque d’Angleterre et l’ampleur de la flambée, en revanche, ont été surprenantes. Les perspectives sont haussières pour les obligations et cela devrait freiner les actions. La volatilité devrait augmenter suite à l’entrée en scène des banques centrales mais la reprise globale reste robuste. Cela signifie que les actifs risqués devraient, in fine, se redresser. 

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