L’Europe victime de ses besoins en énergie

Steven Bell, BMO GAM (EMEA)

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La Russie pourrait être en mesure de trouver de nouveaux débouchés pour ses exportations.

©Keystone

Ce sont des jours sombres pour le peuple ukrainien. La crise ukrainienne évolue rapidement et comporte de nombreuses incertitudes. Protéger ses investissements, et évaluer les perspectives des marchés financiers sont aujourd’hui des priorités.

La Russie dépendante de la Chine

Les plans de Vladimir Poutine ne se sont pas déroulés comme prévu et l'Occident a fait preuve d'une détermination et d'une unité exceptionnelle en imposant des sanctions à la Russie, désormais confrontée à une grave crise financière. Dans ce contexte, le rôle de la Chine est crucial, son appétit insatiable pour les matières premières et l'énergie constitue un soutien essentiel pour la Russie. Cette dernière a également transféré une grande partie de ses réserves de change en devise chinoise et changé ses systèmes de paiement pour privilégier des banques chinoises. Par conséquent, la Chine détient la clé de la capacité des Russes à supporter les conséquences du conflit.

Les produits de base pour lesquels l'Ukraine détient une part de marché importante, notamment certains gaz industriels, les engrais et certains produits agricoles, pourraient connaître des pénuries.

L'Europe, par sa géographie et sa dépendance énergétique, est beaucoup plus exposée que les Etats-Unis et le reste du monde aux effets de la guerre. Effectivement, elle reçoit son gaz de la Russie via un gazoduc qui traverse l'Ukraine et ne dispose pas d'assez de terminaux de gaz naturel liquéfié pour générer des approvisionnements alternatifs. Certains liens financiers et économiques sont tombés depuis l'annexion de la Crimée par la Russie, mais l'énergie reste la principale faiblesse de l’Europe. Désormais, la possibilité d’une coupure de l’approvisionnement en gaz de l'Europe se profile à l’horizon.

De même, la Russie pourrait être en mesure de trouver de nouveaux débouchés pour ses exportations, notamment vers la Chine, ce qui limiterait l'impact sur les pénuries d'approvisionnement mondiales. Mais il est évident que la production de l'Ukraine va s'effondrer. Ainsi, les produits de base pour lesquels l'Ukraine détient une part de marché importante, notamment certains gaz industriels, les engrais et certains produits agricoles, pourraient connaître des pénuries.

De plus fortes pressions inflationnistes

Considérant l'ensemble de ces éléments, l'offre sur les principaux marchés était déjà insuffisante et les pressions inflationnistes fortes. Après la faiblesse de l'économie mondiale induite par Omicron cet hiver, celle-ci a connu un fort rebond. On peut espérer que la croissance continue d’augmenter, même après certaines révisions à la baisse. En outre, il n’y aura probablement pas de récession dans les économies développées. Il faut se rappeler que des crises similaires ont eu lieu par le passé - l'invasion du Koweït par l'Irak est peut-être le parallèle le plus proche - où la faiblesse des marchés financiers a été une opportunité d'achat pour les actions américaines et peut-être celles des marchés émergents. Quant aux actions d'Europe continentale, elles ont sous-performé et peuvent encore baisser.

Dans l'ensemble, l'heure n'est pas aux mouvements agressifs dans les portefeuilles et une position défensive reste l’option la plus prudente à retenir.

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