Le rôle des ressources dans la transition énergétique

Clive Burstow, Barings

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Il est évident que pour parvenir au net zéro d'ici 2050, les entreprises sont la solution et non le problème.

©Keystone

«Le changement climatique est la problématique de notre époque, et nous nous trouvons à un moment décisif», affirment les Nations Unies. Pour une organisation réputée pour sa diplomatie, il s'agit d'une déclaration forte. Cependant ce qui ressort de la conférence COP27 qui s'est tenue à Sharm-El-Sheikh, c'est que l'objectif de 1,5°C, serait de plus en plus difficile à atteindre. En effet, malgré les engagements pris par les pays du monde entier, les températures mondiales devraient augmenter de 1,8 à 2,7°C d'ici à 2050. Cela amène à repenser la transition énergétique, en tenant compte des contraintes qui pèsent sur les matières premières nécessaires à la construction des infrastructures requises.

Pour parvenir à des émissions nettes zéro d'ici 2050 et limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5°C, le mix énergétique doit passer d'un mix basé sur les combustibles fossiles à un mix reposant sur les énergies renouvelables. Cela nécessite des investissements substantiels dans la capacité de production solaire et éolienne afin de supporter la charge d'un avenir énergétique propre. Des investissements de cette ampleur requerront l'extraction et le traitement de quantités importantes de matières premières - notamment le cuivre, l'aluminium, le nickel et les terres rares. Ce qui est moins bien compris, c'est l'impact que cette transition aura sur les matériaux utilisés dans la construction quotidienne. La quantité d'énergie qui sera nécessaire pour mener à bien cette transition est également pressante, et sans doute plus controversée. De manière contre-intuitive, le gaz naturel et le pétrole devront rester des éléments essentiels.

Le rôle déterminant des matières premières

C'est là que réside le problème. Il faut limiter le réchauffement de la planète pour prévenir les dégâts causés par la hausse des températures et la solution est simple, augmenter la quantité d'énergies renouvelables, en réduisant la quantité de combustibles fossiles. Cependant, les coûts sont considérables. Par conséquent, il faut repenser le financement de cette transition. Voici quelques-unes des questions à se poser pour l'avenir:

  • Peut-on accepter que certaines émissions de carbone à court terme soient nécessaires pour faciliter la transition?
  • Est-on prêts à adopter toutes les formes de production d'énergie, renouvelable ou fossile, pour parvenir à l'objectif «Net Zero»?
  • Est-on prêts à accepter le coût et l'impact que cela pourrait avoir sur les rendements des entreprises et les profils d'investissement?
A côté des producteurs d'énergie, il y a des entreprises qui permettent la transition et restent essentielles à sa réussite.

Les estimations montrent que pour parvenir à des émissions nettes zéro d'ici 2050, il faudra que 55 à 70% du réseau électrique mondial soit alimenté par des énergies renouvelables et de transition (gaz naturel et énergie nucléaire), ce qui signifie que 30 à 45% de l'approvisionnement en électricité proviendra toujours des combustibles fossiles (pétrole et charbon). Pour remettre les choses dans leur contexte, aujourd'hui, environ 85% de l’énergie provient des combustibles fossiles, le reste provenant de diverses sources d'énergie renouvelables.

Cela signifie qu'en tant qu'investisseurs, il faut peser les avantages potentiels pour les entreprises d'investir dans les nouvelles sources d'énergie par rapport aux coûts que les entreprises devront supporter si elles choisissent de ne pas investir dans ces domaines.

Les moteurs de la transition énergétique

En effet, à côté des producteurs d'énergie, il y a des entreprises qui permettent la transition et restent essentielles à sa réussite. Cette catégorie comprend les sociétés minières, les producteurs d'acier et les producteurs de matières premières pour la construction - car, sans une augmentation significative de la production d'acier, de cuivre, d'aluminium, de ciment, de lithium et de terres rares, il sera impossible d'atteindre le net zéro d'ici 2050. Pour mettre en perspective l'ampleur de ce défi, une centrale thermique au charbon nécessite environ une tonne de cuivre par mégawattheure, alors qu'une éolienne en mer en nécessite huit à dix fois plus.

Si certains investisseurs sont réticents à engager des capitaux dans ce qu'ils considèrent comme une industrie à forte intensité de CO2, ils comprennent le rôle que ces entreprises joueront dans la transition énergétique. Nombre d'entre elles expliquent l'importance des produits qu'elles fabriquent pour la transition énergétique. Dans le même temps, elles décarbonisent leurs chaînes de production et augmentent leur attrait pour les investisseurs qui, par le passé, les auraient boudées. Avec des déficits annuels de l'offre et de la demande de matières premières clés telles que le cuivre et l'aluminium de plus en plus importants, et des investissements limités dans les nouvelles mines en raison du temps, du coût et de la charge réglementaire nécessaires à leur construction, l'impératif d'augmenter la capacité en mettant en service de nouvelles mines s'accroît d'année en année.

Tout cela pour dire que sans matières premières telles que le cuivre, il ne peut y avoir de transition énergétique, ni de résilience énergétique. La demande qui en résulte pour ces matières premières, combinée à leur rareté, finira par faire grimper les prix des matières premières afin d'encourager une nouvelle offre, ce qui profitera aux acteurs de la transition énergétique et créera des opportunités d'investissement intéressantes.

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