Relever le défi de la décarbonisation

Clive Burstow, Barings

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Les entreprises qui réduisent leur production de carbone devraient surperformer à long terme.

© Keystone

Dans la course au net zéro, le «coût du carbone»  peut continuer à peser sur les évaluations des entreprises. Aussi, il est essentiel de comprendre cet impact pour identifier les entreprises les mieux positionnées.

La multiplication des réglementations

Aujourd’hui, l’urgence de la crise climatique est reconnue dans le monde entier. Si trouver une solution représente un défi complexe, un élément de réponse consiste à réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les efforts en ce sens sont nombreux, et de nombreux pays ont fixé des objectifs de réduction. Cependant, atteindre ces objectifs dépend en grande partie de la capacité des entreprises à réduire considérablement leurs propres émissions de carbone. Pour les y encourager, les gouvernements ont mis en œuvre des outils politiques, notamment des systèmes d'échange de crédit carbone (ETS) et d'autres taxes sur le carbone. Ces mesures permettent essentiellement de faire payer aux entreprises les GES qu'elles émettent.

À l'échelle mondiale, près de 25% des émissions de GES sont désormais couvertes par de tels mécanismes. La Chine a notamment lancé son système de crédit carbone en 2020, qui, lorsqu'il sera pleinement opérationnel, éclipsera probablement celui de l'union européenne (UE), le premier et le plus grand marché du carbone au monde. Sur cette lancée, de nombreuses autorités ont fait part de leur intention de poursuivre leurs efforts de réduction des GES. L'UE, par exemple, a proposé un mécanisme d'ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM) dans le cadre de son paquet «Fit for 55». Cet outil vise à fixer un prix du carbone sur les importations de certains produits, dans le but de mettre sur un pied d'égalité les pays dont les politiques de lutte contre le changement climatique sont moins ambitieuses que celles de l'UE.

Si une entreprise peut réduire la quantité de carbone qu'elle produit, elle devrait être en mesure de libérer davantage de capital.

Dans ce contexte, il est évident que le carbone à un prix et qu'il ne cessera de croître. Pour les entreprises qui émettent beaucoup de carbone, en particulier celles des secteurs de l'énergie, de l'automobile, des compagnies aériennes, du transport maritime et des services publics, ces mesures deviendront une charge importante dans les années à venir, ce qui risque d'affecter la rentabilité des entreprises.

Un potentiel caché

Toutefois, la bonne nouvelle est que de nombreuses entreprises relèvent le gant et innovent en matière de réductions des émissions carbone. Ainsi, les investisseurs peuvent s’engager auprès d’entreprises prêtent à changer et à réduire les coûts de la décarbonisation. En fait, il est fort à parier, que les entreprises qui répondent à ce défi se négocieront à un ratio cours/bénéfice plus élevé que celles qui seront restées derrière. En d'autres termes, il y a plus de potentiel dans une société énergétique qui transfère les flux de trésorerie de ses activités pétrolières et gazières conventionnelles dans une énergie propre et renouvelable que dans une société qui continue à pomper du pétrole et du gaz sans tenir compte de la viabilité à long terme de son modèle économique.

De plus, si une entreprise peut réduire la quantité de carbone qu'elle produit, elle devrait être en mesure de libérer davantage de capital, non seulement pour le rendre aux investisseurs, mais aussi pour investir dans des projets de croissance à long terme. En contribuant à atténuer l'impact du changement climatique et à soutenir les efforts des pays pour atteindre l’objectif net zéro, ces mesures susciteront en fin de compte, l'intérêt des investisseurs et contribueront à une surperformance sur une période d'investissement de cinq ans, voire au-delà.

En somme, la nécessité de réduire les émissions de carbone et la multiplication des réglementations à cet effet vont sans aucun doute créer des défis et des coûts pour les entreprises, en particulier celles des secteurs à forte intensité de carbone. Dans ce contexte, les entreprises qui réduisent de manière proactive leur production de carbone devraient surperformer à long terme.

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