L’économie vacille entre inflation et récession

Vincent Boy, IG France

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La flambée des prix continue d’inquiéter les marchés, mais la baisse du PIB devrait vite devenir la principale préoccupation.

Il y a un an, le discours des banques centrales était tourné vers le caractère transitoire de l’inflation, aujourd’hui, les commentaires s’orientent vers le risque d’une récession, ou du moins d’un «ralentissement temporaire de la croissance».

Alors que, un an après, l’inflation continue d’évoluer sur des plus hauts de plusieurs décennies, on peut se demander si la récession sera si temporaire et si un atterrissage en douceur de l’économie, plébiscité par les membres des banques centrales, aura vraiment lieu.

En effet, les marchés financiers continuent de surveiller l’inflation, qui pourrait se tasser d’ici la fin de l’année, mais présente encore des risques d’accélération au premier trimestre 2023. En réalité, les acteurs du marché s’intéressent davantage à l’impact de l’évolution de l’inflation sur la politique monétaire, qu’aux données elles-mêmes.

Les dommages sur le marché immobilier commencent à être visibles.

Les banques centrales sont toujours dans une dynamique de resserrement de leur politique monétaire, notamment la BCE et la Fed, très suivies par les investisseurs. Bien que les risques de récession progressent et que des risques d’instabilité financière commencent à être évoqués par les banquiers centraux, voire par Janet Yellen au trésor américain, la Fed devrait continuer de monter les taux et de réduire son bilan jusqu’en 2023.

En revanche, cette politique monétaire n’est pas sans conséquences. De nombreux effets ont un impact décalé, mais les dommages sur le marché immobilier commencent à être visibles. D’abord, avec la hausse des taux d’emprunt, qui peut être catastrophique, pour les débiteurs ayant souscrit des prêts à taux variable, très fréquents aux Etats-Unis.

Plus récemment, ce sont les prix qui ont commencé à fortement chuter. L’évolution des prix des logements pour août aux Etats-Unis, publiée mi-octobre, a fait ressortir une baisse de 1,3%, soit la plus importante constatée depuis 2009. Ce décalage pourrait montrer une accélération très forte de cette tendance en fin d’année, alors que la Fed a augmenté son taux de 75 pdb en septembre et en novembre.

Cette dernière devrait à nouveau augmenter son taux de 50, voire 75 pdb, en décembre, après le commentaire de Jerome Powell, sur le fait que les discussions concernant une réduction du rythme de hausse de taux commenceront lors du prochain FOMC.

Alors qu’une autre jambe de baisse est probable à court terme, un rebond un peu plus durable pourrait être observé par la suite sur les marchés.

Alors que les marchés se focalisent sur l’inflation, et qu’ils pourraient profiter d’une consolidation des données, par anticipation d’un discours un peu plus accommodant des banques centrales, la probable rapide dégradation de l’économie à venir, pourrait prendre le pas dans la valorisation des actifs financiers et créer de nouvelles secousses sur les indices mondiaux.

En effet, si l’on s’intéresse aux précédents marchés baissiers, le pivot de la Fed n’est jamais synonyme du changement de tendance sur les marchés. Lors de la crise des subprimes, par exemple, la baisse des taux a démarré en août 2007, alors que le point bas des marchés a été observé en mars 2009. Lors de l’éclatement de la bulle internet, les taux ont commencé à être réduits en janvier 2001, alors que le rebond s’est enclenché, après trois tests d’un point bas entre juillet 2002 et mars 2003.

Ainsi, alors qu’une autre jambe de baisse est probable à court terme, un rebond un peu plus durable pourrait être observé par la suite sur les marchés, sur fond d’espoir concernant la politique monétaire et l’inflation.

Par la suite, le pivot de la Fed pourrait conduire à une nouvelle accélération baissière du fait de craintes concernant la récession, conduisant à de nouveau plus bas sur les indices et notamment les valeurs cycliques, jusque-là plutôt épargnées, en comparaison des valeurs technologiques et de croissance.

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