Les taux de change à l’épreuve des craintes de récession

Cedric Damestoy, DailyFx France

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La hausse du dollar contre l’ensemble des devises pourrait ne plus être la règle dans les prochaines semaines, au profit du yen.

Les préoccupations du marché sont en train de glisser d’une inflation élevée vers le risque de récession. Ce changement se matérialise particulièrement sur la courbe de taux américain qui connaît une inversion entre le 2 ans et le 10 ans.

Les traders vendent le cuivre, véritable baromètre de l’activité économique, achètent du dollar, et anticipent des baisses de taux en 2023, des opérations pour anticiper une récession. La stimulation à outrance de l’économie par des banques centrales très accommodantes pendant la période COVID a provoqué une augmentation des prix que la guerre en Ukraine a accentué avec l’augmentation des prix des matières premières.

Une large majorité des banques centrales, à l’exception de celle du Japon, a augmenté ses taux d’intérêts de 1,5 point de base en moyenne. Après sa réunion du 27 juillet la Réserve fédérale a procédé à sa quatrième hausse de taux avec 75 points de base d’augmentation. La hausse des salaires est trop élevée dans les pays occidentaux en comparaison à la faible productivité, l’inflation reste trop élevée. En conséquence, le dollar a été le grand gagnant et reste sur des niveaux élevés notamment contre euro qui reste juste au-dessus de la parité et contre yen qui s’est effondré.

Pourtant, la détente des taux longs, suite aux craintes de récession, a donné lieu à une stabilisation du billet vert. Même le très bon chiffre du chômage publié vendredi dernier qui laisse une marge de manœuvre dans la lutte contre l’inflation à la Fed, n’a pas provoqué une accélération à la hausse du billet vert.

Les chiffres de l’emploi ne vont pas dans le sens d’une récession. D’un autre côté, la confiance des consommateurs se situe sur des niveaux extrêmement bas.

Ce constat est notamment visible pour la parité dollar yen, particulièrement sensible ces dernières semaines au différentiel de taux d’intérêt, qui a perdu près de 800 pips entre la mi-juillet et fin aout.

Aussi les craintes sur l’activité économique se traduisent par plus d’interrogations sur le marché des changes mais est-ce justifié?

La hausse des taux courts peut avoir une forte incidence sur l’activité. Les économies riches qui réalisent 60% du PIB mondial connaissent un ralentissement certain comme l’attestent les derniers chiffres PMI. Le risque est donc de voir la hausse des taux provoquer un atterrissage brutal.

L’histoire n’est pas très encourageante. Depuis 1955, il y a eu 3 périodes où les taux aux Etats-Unis ont augmenté autant que cette année: en 1973,1979 et 1981. A chaque fois une récession est intervenue dans les 6 mois.

Il est pourtant encore trop tôt pour dire si cela va être le cas cette fois ci. Les chiffres de l’emploi ne vont pas dans ce sens. La plupart des pays connaissent un manque de main d’œuvres. Les ménages disposent de 3 trillions de dollar dans les économies développées en excès, constitués pendant la période COVID. D’un autre côté la confiance des consommateurs se situe sur des niveaux extrêmement bas. L’investissement joue un rôle déterminant dans les phases de récession. Or dans les pays du G7, l’investissement pourrait baisser d’environ 0,5% au deuxième semestre, un chiffre pas assez fort pour provoquer une récession globale.

La hausse du dollar contre l’ensemble des devises pourrait ne plus être la règle dans les prochaines semaines selon qu’une récession se matérialise ou pas et, si les devises à risque continuent à être sous pression, le yen pourrait retrouver quelques couleurs retrouvant son rôle de valeur refuge.

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