Le marché des matières premières en surchauffe avec la guerre en Ukraine

Vincent Boy, IG France

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Les prix de l’énergie et des métaux de bases explosent et l’inflation pourrait devenir incontrôlable.

La guerre en Ukraine est un risque pour la stabilité géopolitique mondiale mais va également avoir des conséquences économiques importantes en Europe et à travers le monde, alors que l’inflation est déjà à un niveau bien supérieur à ce que l’économie mondiale peut supporter.

Depuis le début du mois de mars, le prix du pétrole progresse de 25%, celui du blé de près de 40%, quant au nickel le prix a été multiplié par trois en une semaine et ce ne sont que quelques exemples. Toutes les matières premières sont en fortes hausses et plus le conflit durera, plus les sanctions s’accumuleront et plus le prix des matières premières continuera à grimper.

Le discours de Christine Lagarde pourrait être moins accommodant, compte tenu de l’inflation, mais également de la chute importante de l’euro.

Cette tendance ne fait que rajouter une pression haussière sur l’inflation qui était déjà à des niveaux bien supérieurs aux objectifs des banques centrales, dont le rôle est avant tout d’assurer la stabilité des prix.

En effet, les banques centrales comme la BCE en zone euro ou la Fed aux Etats-Unis ont pour mission de conserver une inflation à 2%. Les derniers chiffres en zone euro faisaient ressortir une hausse de 5,8% au niveau global et de 2,7% sur le chiffre core (hors alimentation et énergie). Aux Etats-Unis l’indice des prix à la consommation (IPC), publié jeudi, est attendu en progression de 7,9% pour le mois de février et cela ne prend pas en compte les hausses évoquées plus haut et observées depuis le début du mois de mars.

Pour autant, les banques centrales continuent de reculer le resserrement de leurs politiques monétaires, à l’image de la réserve fédérale américaine ou de la banque centrale européenne, car cela nuirait aux marchés financiers et de par les excès de ces derniers, à l’économie toute entière. En effet, les rachats d’actifs se poursuivent en zone euro avec un taux proche de zéro, quant à la Fed, les taux restent au plus bas historique, malgré le rebond économique observé l’an dernier.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, donnera d’ailleurs son discours de politique monétaire demain et ne devrait pas resserrer drastiquement celle-ci, bien que son discours pourrait être moins accommodant, compte tenu de l’inflation, mais également de la chute importante de l’euro.

La procrastination des banques centrales, dans le but de ne pas froisser les marchés financiers, pourrait coûter cher au consommateur, mais des décisions ferment doivent être prise.

Du côté de la Réserve fédérale, plus importante banque centrale au monde, dont le bilan atteint 9’000 milliards de dollars, le discours de Jerome Powell est attendu la semaine prochaine. Celui-ci devrait annoncer une hausse timide du taux de 25 points de base. Avant que la crise en Ukraine ne démarre, les anticipations donnaient une hausse de 50 points de base, mais Powell semblait faire machine arrière lors de ses dernières interventions, du fait des risques de ralentissement économique.

La procrastination des banques centrales, dans le but de ne pas froisser les marchés financiers, pourrait coûter cher au consommateur, mais des décisions ferment doivent être prise. Les banquiers centraux n’ont aucun pouvoir sur le conflit en Ukraine ou les problèmes concernant les chaînes d’approvisionnement, mais ils peuvent en revanche modifier leurs politiques monétaires afin de réduire les risques inflationnistes.

Cela devrait conduire à une accélération de la correction observée sur les indices mondiaux, mais contribuera à réduire l’impact de l’inflation sur l’économie et le pouvoir d’achat des consommateurs. Les banques centrales doivent agir et vite. Un resserrement monétaire plus important que prévu contribuera également à regagner une crédibilité qui s’effrite depuis plus d’un an. Pour rappel, les banques centrales ne voyaient, il y a encore quelques mois, que peu de risques que l’inflation s’installe durablement et créée un danger pour la stabilité économique mondiale.

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