Inflation US: verre à moitié plein ou à moitié vide?

Bruno Cavalier, Oddo BHF

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Le resserrement des conditions de crédit augmente le risque de récession et pèse sur l’inflation.

Avec la faillite de Silicon Valley Bank le 10 mars, on a un peu moins regardé les données macro et davantage les indices de stress bancaire. Les problèmes économiques n’ont pourtant pas disparu et le resserrement des conditions de crédit peut les modifier, par exemple en augmentant le risque de récession et en pesant sur l’inflation.

Alors que le rapport sur le marché du travail a montré que le rythme des créations d’emploi se modérait, la correction reste graduelle. Le rapport sur les prix est l’autre point fort avant la réunion du FOMC du 3 mai. De plus, l’indice des prix va bénéficier en mars d’un fort effet de base car il y a juste un an les prix de l’énergie avait bondi.

Le taux d’inflation devrait freiner vers 5,1%, presque à mi-distance entre son pic (9,1%) et la cible de la Fed (2%). Il y a de quoi voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. La Fed ne se satisfait pas d’une désinflation due uniquement à l’énergie. Elle voudrait aussi un freinage des gains salariaux (ce mouvement est amorcé) et des hausses de prix des services (ce n’est pas encore le cas). Même en mettant à part la composante «loyers», qui est un indicateur très retardé, le panorama des prix n’est pas encore satisfaisant. La Fed a moins d’inclination à monter ses taux directeurs qu’il y a quelques semaines mais cela n’implique pas que la phase de resserrement est terminée, et encore moins qu’un assouplissement monétaire est imminent.

Les turbulences bancaires et le resserrement monétaire peuvent peser sur la croissance mondiale.

La réunion de la Fed du 22 mars s’était tenue juste après la faillite de trois banques régionales et avec un stress de marché élevé. La Fed avait monté ses taux de 25 points de base, mais compte tenu des incertitudes, Jerome Powell s’était montré prudent pour la suite. Le ton des minutes devrait être similaire. Pour la Fed, savoir s’il faut encore monter les taux directeurs est sans doute moins important désormais que de déterminer combien de temps il faut garder une politique restrictive.

Les réunions de printemps du FMI et de la Banque Mondiale

Les réunions de printemps du FMI et de la Banque Mondiale se dérouleront à Washington tout au long de la semaine. Les investisseurs se concentreront sur la publication des nouvelles perspectives économiques du FMI. De plus, l’événement est l’occasion de réunir les grands responsables de la politique économique (G20-finance), avec l’accent mis sur les discours des gouverneurs de la Bundesbank et de la Banque de France.

Pas de signe d’une reprise très vigoureuse en Chine

Par ailleurs, la réouverture de l’économie chinoise n’a pas causé d’accélération des prix. En mars, la hausse du CPI est ressortie à un bas niveau (1%<), celle du PPI restant en territoire négatif. Ce n’est pas le signe d’une reprise très vigoureuse en Chine.

En Europe, les ventes ont diminué en février dans la plupart des pays européens (-1,3% m/m en Allemagne, -1,5% en France). Dans ce contexte, il faut s’attendre à un repli de l’agrégat de la zone euro. En volume, les ventes reculent depuis plus d’un an. Jusque récemment, elles progressaient en termes nominaux en raison de l’effet-prix, mais là aussi, elles commencent à montrer des signes de plafonnement.

Pour la croissance mondiale 2023, le FMI avait un peu relevé ses prévisions en janvier, de 2,7% à 2,9% après un diagnostic très sombre en octobre dernier. Les données d’activité du début d’année confortent cette vue. A l’opposé, les turbulences bancaires des dernières semaines sont à ranger parmi les risques baissiers, de même que la poursuite du resserrement monétaire.

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