Emploi et salaires aux Etats-Unis, encore robustes

Bruno Cavalier, Oddo BHF

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L’envolée du stress bancaire est trop récente pour qu’on en voie déjà la trace dans le rapport sur le marché du travail.

Depuis la chute de Silicon Valley Bank le 10 mars, l’attention de la Fed s’est déplacée des données économiques (emploi, prix, salaires) vers les indicateurs de stress bancaire. Les craintes sur la liquidité ne peuvent que pousser les banques à être plus strictes dans leur octroi de crédit, ce qui fait planer la menace d’un credit crunch. Par prudence, la Fed a monté ses taux de 25 points de base en mars et ne s’est pas clairement prononcée sur la suite. L’inflation reste néanmoins assez persistante pour que la Fed garde le cap du resserrement. Ces derniers jours, les marchés ont donné des signes d’apaisement, redonnant son importance aux évolutions macro. Le rapport sur le marché du travail est, avec les données d’inflation, l’un des principaux inputs pour analyser le cycle. Aucun indicateur à haute fréquence ne présage une rupture de tendance en mars. Le marché du travail s’annonce toujours solide. Les ménages ne signalent pas de raréfaction des emplois disponibles. La participation s’améliore peu à peu et, bien que le panorama soit plus incertain depuis l’épisode SVB, les inscriptions au chômage ne décollent pas. Après une poussée exceptionnelle en janvier (sans doute avec un effet météo favorable), le rythme des créations d’emploi est amené à se réduire, mais il reste à ce jour nettement supérieur à la normale. Les gains salariaux ont aussi commencé à ralentir mais, là encore, ils se situent entre 4,5% et 5%, un niveau trop haut pour être jugé compatible avec la cible d’inflation de 2%. L’envolée du stress bancaire est trop récente pour qu’on en voie déjà la trace dans le rapport sur le marché du travail. Les inscriptions au chômage restent très basses. Les annonces de réductions d’effectifs sont largement cantonnées au secteur de la tech. Le marché du travail est toujours solide.

Selon le Livre Beige de la Fed, les entreprises signalent que les pénuries de main-d’œuvre commencent à se modérer.

Il y a quelques mois, Jerome Powell et d’autres membres de la Fed considéraient qu’un repli des ouvertures de postes serait un bon signal de relâchement des tensions sur le marché du travail. A ce stade, le repli est très modeste. Cependant, selon le Livre Beige de la Fed, les entreprises signalent que les pénuries de main-d’œuvre commencent à se modérer.

Des indices qui se contredisent

Dans l’industrie, il y a un écart en mars entre les enquêtes des Fed régionales (en baisse) et l’indice des directeurs d’achat de Markit (en hausse). L’indice des directeurs d’achat pourrait rester proche de son niveau actuel, indiquant une croissance proche de la normale des activités de services. En mars, la plupart des indices régionaux de confiance dans l’industrie étaient en baisse, parfois fortes. A l’opposé, le PMI-manufacturier de Markit a nettement rebondi, gagnant 2pts à 49,3. Depuis novembre 2022, l’indice ISM est tombé en zone de contraction, ressortant à 47,7pts en février, et devrait y rester à nouveau en mars. Les ventes d’automobiles se sont un peu reprises ces derniers mois mais demeurent très au-dessous des niveaux habituels prépandémie (près de 17 millions en 2019). Si les pénuries de composants s’atténuent du côté de l’offre, le durcissement des conditions financières est de nature à peser sur la demande.

Le secteur de la construction reste sous pression aux Etats-Unis. Après une très forte correction en 2022, les dépenses dans le secteur résidentiel pourraient commencer à se stabiliser mais le resserrement des conditions financières causé par le stress bancaire récent n’augure rien de bon pour la partie non-résidentielle. Une stagnation des dépenses est attendue en février.

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