Crypto: un ratio risque-rendement favorable

Yves Longchamp, SEBA Bank

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Chronique blockchain. Pour une unité de risque investie, le bitcoin offre un rendement moyen journalier de 0,079% contre 0,050% pour le Nasdaq.

Avec le prix du bitcoin au-dessus des USD 30'000, l’appétit pour les cryptos revient. Depuis le début de l’année, le prix du bitcoin a augmenté d’un peu plus de 80%, soutenu entre autres par l’adoption croissante du secteur institutionnel. Blackrock, le géant mondial de la gestion d’actifs, a déposé un dossier auprès la Security Exchange Commission (SEC) pour ajouter à sa palette un ETF sur le bitcoin.

Les investisseurs qui ont participé au dernier cycle se souviennent toutefois que le bitcoin a perdu trois quart de sa valeur dans l’hiver crypto qui s’est terminé en novembre l’année passée. Ils sont conscients que la volatilité va dans les deux sens; 80% peuvent être gagné et perdu rapidement.

La question qu’ils se posent et la même que celle de nos clients. Est-ce que e ratio risque-rendement est favorable, est-il raisonnable d’investir dans les cryptos? La réponse et oui, voici pourquoi.

Commençons par étudier les risques avant de se pencher sur les rendements. Sans surprise, les différentes mesures de risque sont défavorables aux cryptos.

La volatilité des cryptos et sans commune mesure. En effet, celle-ci est quatre à cinq fois plus élevée que celle du Nasdaq, un indice des valeurs technologiques américaines.

Lorsque les rendements sont annualisés, la différence s’accentue en faveur des cryptos.

Toujours dans le registre risque, la perte maximale enregistrée en une journée est de -78,6% pour le bitcoin, -43,2% pour l’ether, contre -12,3% pour le Nasdaq.

Une analyse détaillée de la distribution des rendements montre que celle-ci n’est pas «normale». D’abord les rendements extrêmes sont trop nombreux, tant à la hausse qu’à la baisse, ensuite la distribution n’est pas symétrique, elle est biaisée du mauvais côté, accentuant le risque de perte.

Notez toutefois que la normalité de la distribution des rendements n’est pas non plus observée avec les rendements du Nasdaq. En effet, les rendements extrêmes sont plus fréquents que ce que la théorie suggère et la distribution est biaisée, mais légèrement du bon côté cette fois.

La question est donc de savoir si la performance des cryptos est assez élevée pour justifier la prise de risque. La réponse est oui car le rendement moyen journalier du bitcoin et de l’ether est de 0,40% et 0,43% respectivement contre 0,06% pour le Nasdaq, un peu plus de six fois supérieur que celui du Nasdaq.

Dans la théorie moderne du portefeuille, l’attractivité d’un actif est mesurée grâce à un ratio entre le rendement et la volatilité, appelé ratio de Sharpe. Ce ratio indique le rendement obtenu par unité de risque et permet ainsi de comparer des actifs aux caractéristiques différentes.

Nous savons que le rendement des cryptos est environ six fois supérieur à ceux du Nasdaq alors que la volatilité est quatre à cinq fois supérieur. Cette différence de proportionnalité donne l’avantage aux cryptos. Le ratio de Sharpe est de 0,079 et 0,072 pour le bitcoin et l’ether respectivement par rapport à 0,050 pour le Nasdaq. Autrement dit, pour une unité de risque investie, le bitcoin offre un rendement moyen journalier de 0,079% contre 0,050% pour le Nasdaq.

Lorsque les rendements sont annualisés, la différence s’accentue en faveur des cryptos, pour deux raisons. D’abord la notion d’intérêt composé amplifie naturellement les différences, ensuite les cryptos sont traités 7 jours sur 7, toute l’année, contrairement aux actifs traditionnels dont les marchés sont fermés le weekend et les jours fériés. Une année crypto est donc de 365 jours contre environ 250 jours pour les actifs traditionnels.
En tenant compte de ces différences, le rendement annualisé par unité de risque s’élève à 33,0% pour le bitcoin, 30,2% pour l’ether et 13,2% pour le Nasdaq.

Ces résultats montrent l’attractivité des cryptos et expliquent pourquoi elles attirent malgré le risque financier élevé qu’elles comportent. Gardez toutefois en tête que les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs. Les résultats de cette analyse couvrent la période allant de 2010 à aujourd’hui, sauf pour l’ether dont la quotation a débuté en 2015.

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