Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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L’inflation aux USA a baissé à 8,5% en juillet. La Fed augmentera néanmoins ses taux d’intérêt. La dynamique économique mondiale s’essouffle de plus en plus, à l’image des chiffres décevants de l’industrie des semi-conducteurs.

Avons-nous atteint le pic? L’inflation US reste également très élevée en juillet. En effet, les prix à la consommation ont augmenté de 8,5% par rapport à l’année précédente. La hausse des prix était un peu plus faible et inférieure aux attentes des économistes, comparé à juin (+9,1%). Les cours sur le marché boursier américain ont bondi, suite à l’annonce des chiffres, le marché espérant manifestement que la Fed n’augmentera plus trop les taux d’intérêt. A notre avis une erreur, car l’inflation est toujours quatre fois plus élevé que l’objectif de la Fed. Il faudra donc probablement un certain temps avant que les taux ne se rapprochent des 2%, même si le plateau semble être atteint. Par ailleurs, il ne faut toujours pas sous-estimer les risques d’effets secondaires et d’une spirale salaires-prix. Selon nous, il est donc clair que la Fed prévoit une nouvelle hausse significative des taux en septembre. Nous tablons sur une de 0,50%; le taux directeur devrait ainsi passer à 3,00%. La politique monétaire plus restrictive continue donc de générer des vents contraires pour les marchés financiers.

De la pénurie à l’abondance. Il y a récemment, les constructeurs automobiles et les fabricants d’électronique et d’ordinateurs se plaignaient d’une pénurie de semi-conducteurs. La tendance s’est inversée. Selon les chiffres d’Intel, d’AMD et de Nvidia, tous les trois des fabricants de puces, pour le deuxième trimestre, la demande serait en baisse. Micron, le groupe de semi-conducteurs, a mis en garde cette semaine contre une baisse significative des ventes. L’évolution dans le secteur des semi-conducteurs est généralement un indicateur avancé fiable pour l’économie. D’autres données économiques montrent elles aussi clairement qu’elle se refroidit fortement. Dans ce contexte, on peut se demander si les programmes de subventions massives aux Etats-Unis et en Europe visant la mise en place d’une production de puces «locale» ont du sens. Les capacités supplémentaires devraient faire augmenter considérablement l’offre à moyen terme et déclencher une «spirale infernale» classique.

La sécheresse devient problématique. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L’été ensoleillé réjouit les vacanciers ainsi que les producteurs de bière et de viande. Ainsi, le chiffre d’affaires de Bell a augmenté de 4,3% pour s’établir à 2,1 milliards de francs au premier semestre. Carlsberg, le groupe de brasseries, a quant à lui, considérablement augmenté ses prévisions de ventes pour l’année en cours. Les armateurs, surtout ceux qui transportent des marchandises sur le Rhin, ont moins de quoi s’en réjouir. En effet, le niveau d’eau a atteint des niveaux critiques. Kaub, près de Coblence, a vu le niveau du Rhin baisser à moins de 50 centimètres cette semaine. Les cargos ne peuvent donc contenir qu’un quart de leur livraison habituelle, ce qui renchérit le transport. Ainsi, les prix du transport maritime de Rotterdam à Bâle sont passés à plus de 250 euros mercredi dernier, contre 20 à 40 euros par tonne, normalement. Le Rhin étant une voie de transport importante pour le charbon, le diesel et le mazout, l’Europe devrait connaître des pénuries plus graves de matières premières. La sécheresse arrive donc à un moment très inopportun, sur fonds des sanctions en cours contre la Russie et de la réduction de l’approvisionnement en gaz naturel.

Moins de transactions boursières. La volatilité élevée et la forte correction sur les marchés boursiers laissent des traces, les investisseurs ayant considérablement réduit leurs activités de négoce. La banque en ligne Swissquote l’a particulièrement ressenti. Son rendement net a baissé de 24,4% au premier semestre pour s’établir à 200 millions contre un bénéfice record en 2021, soutenu par le négoce de crypto-monnaies qui s’est cependant littéralement effondré. Fidèle à la devise: l’argent vient et repart. L’action a perdu plus de 5% de sa valeur immédiatement après la publication des chiffres, mais a pu se redresser à la clôture de la bourse.

Graphique de la semaine

Cet été, les vacanciers ont dû s’armer de patience. Les compagnies aériennes ont annulé des milliers de vols. Les retards étaient quotidiens. Ces dernières années, les actions des compagnies aériennes n’ont pas profité aux investisseurs, à l’exemple des valeurs de la compagnie allemande Lufthansa qui sont actuellement cotées un quart au-dessous de leur niveau du début des années 2000. L’indice boursier allemand (DAX) a toutefois doublé sur cette période. Etant donné que les compagnies aériennes ne réussissent pas à regagner le coût de leur capital même sur de longs cycles, les investisseurs orientés vers le long terme continueront à les bouder.

GROS PLAN

Elon Musk vend des actions Tesla. L’action du constructeur d’automobile a progressé de 40%, depuis son plus bas annuel du 24 mai dernier. Elon Musk, son CEO, a donc saisi l’occasion et vendu des actions d’une valeur de 6,9 milliards de dollars.

LE PROGRAMME

Chiffres du PIB pour la zone euro au deuxième trimestre. Les chiffres de la croissance économique en Europe seront publiés le 17 août prochain et devraient probablement être (encore) positifs, contrairement à ceux des USA.

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