L’asset management vient compléter le secteur financier suisse avec une grande efficacité opérationnelle et une proposition de valeur qui se démarque, comme le montre l'étude sur l’asset management en suisse réalisée en 2022 par l'Haute Ecole Spécialisée de Lucerne HSLU et de l'Asset Management Association Switzerland. L'investissement durable étant arrivé sur le devant la scène en apparaissant comme une opportunité de taille, le secteur de l’asset management en Suisse reste orienté sur une trajectoire de croissance malgré les difficultés. L'étude met également en évidence les points sur lesquels la plateforme suisse de gestion d'actifs doit travailler pour améliorer sa compétitivité et ses performances.

L’asset management vient compléter la place financière suisse par une proposition de valeur qui se démarque et contribue à sa diversification. Bien que le volume absolu des actifs gérés demeure plus important dans la banque privée, le secteur de l'asset management gère beaucoup plus d'actifs par ETP. Plus précisément, l'étude de l'Haute Ecole Spécialisée de Lucerne HSLU et de l'Asset Management Association Switzerland montre que les actifs gérés par ETP en asset management (271 millions de CHF par ETP) sont environ trois fois plus élevés que dans la banque privée (94 millions par ETP). «L’asset management stimule la croissance économique à long terme en fournissant un canal d'investissement entre les marchés financiers et l'économie réelle et contribue à la durabilité du système de retraite en générant des rendements sur l'épargne de millions de personnes en Suisse et à l'étranger », explique Jürg Fausch, économiste et auteur principal de l'étude à l'HSLU.

En Europe, la Suisse rivalise au même niveau avec Londres et Francfort. Dans la catégorie « talents », la Suisse est un leader et bénéficie d'un solide vivier de talents nationaux et d'une forte attractivité pour les professionnels étrangers. La place de marché suisse fait également preuve d'un fort esprit d'innovation. La plus grande faiblesse du site réside dans la réglementation, qui est liée au fait que la Suisse, non membre de l'UE, est exposée à des désavantages au plan de la réglementation. Ces inconvénients se répercutent sur le classement de la plateforme suisse en termes de durabilité. Pour réussir à l'avenir, la Suisse doit se concentrer intensément sur la durabilité et les innovations dans le secteur des technologies financières et des actifs numériques. Ce sont les marchés de croissance les plus importants et le champ de bataille sur lequel l'avenir du secteur de l’asset management sera décidé.

« La plateforme suisse de l’asset management montre qu'elle est encore plus compétitive dans la poursuite de sa stratégie pour devenir un pôle de premier plan en matière de finance durable », déclare Adrian Schatzmann, PDG de l'Asset Management Association Switzerland (AMAS). « Nous poursuivrons sur la voie de la durabilité et de l'innovation pour assurer l'avenir de cette partie importante du secteur financier suisse. »

La Suisse est un pôle mondial d’asset management, au service de clients institutionnels nationaux et étrangers. Depuis 2017, la part des actifs gérés pour le compte de clients souscripteurs à l'étranger a considérablement augmenté, passant d'environ 25 à 33 pour cent. Cela implique que sur les 3300 milliards de CHF d'actifs gérés en Suisse à la fin de 2021, environ 1090 milliards de CHF sont gérés pour des clients situés à l'étranger. « Ce volume d'exportations illustre la forte demande de produits d’asset management suisses et reflète l'expertise internationalement reconnue des sociétés d’asset management basées en Suisse », commente Jürg Fausch. « De plus, en raison d'un marché national très concurrentiel et saturé, le secteur suisse de l’asset management est très dépendant de ses clients à l'étranger pour poursuivre sa croissance. Dans ce contexte, le respect des principales normes réglementaires internationales est une condition préalable à l'accès non discriminatoire aux marchés internationaux », poursuit Fausch.

Le secteur suisse de l’asset management a enregistré une nouvelle année de forte croissance, atteignant un nouveau sommet pour les actifs gérés au niveau national de 3300 milliards de CHF, ce qui correspond à un taux de croissance en glissement annuel de 18,3 %. Une décomposition de ce taux de croissance estimé des flux nets de nouveaux actifs et de la performance révèle que 3,9 points de pourcentage (+ 108 milliards de CHF) sont dus aux nouveaux actifs nets et donc à la croissance organique, tandis que les 14,4 points de pourcentage restants (+ 402 milliards de CHF) sont attribuables à la performance des investissements.

Le secteur de la gestion d'actifs en Suisse reste orienté sur une trajectoire de croissance mais est confronté à des difficultés à court terme.

Depuis 2016, le secteur suisse de l’asset management connaît une croissance solide. Entre 2016 et 2021, les actifs gérés en Suisse pour des clients nationaux et étrangers ont progressé à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 10,8 %. La décomposition de ce TCAC implique qu'environ 3,0% sont attribuables aux nouveaux actifs nets et environ 7,8 % à la performance des investissements. La marge bénéficiaire médiane est estimée à 15 points de base des actifs sous gestion, tandis que le ratio coût/revenu médian est d'environ 70 %. Dans ce contexte, les classes d'actifs alternatifs à marge élevée contribuent grandement à la rentabilité.

Les recettes nettes totales du secteur suisse de l’asset management sont estimées à environ 16,49 milliards de CHF et les bénéfices totaux à environ 4,95 milliards de CHF. En outre, les estimations des chercheurs suggèrent qu'environ 10’500 emplois sont directement liés au secteur de l’asset management et 48’200 personnes sont indirectement employées dans des services associés à l’asset management. « Les importantes tensions géopolitiques, l'inflation élevée et la volatilité des marchés financiers conduisent à des perspectives de marché plus incertaines pour le secteur dans un avenir proche », explique Jürg Fausch.

L'investissement durable est sans nul doute arrivé sur le devant la scène et le secteur de l’asset management en Suisse le considère comme la plus grande opportunité. Les données de notre enquête révèlent que près de 90% des asset managers ayant répondu jugent les investissements durables assez importants ou très importants dans le cadre de leur gestion des investissements et environ 40 % des entreprises indiquent avoir complètement intégré les critères ESG à leur processus d'investissement. Dans ce contexte, l'alignement des stratégies d'investissement sur les intérêts à long terme des clients dans le cadre de l'obligation fiduciaire des gestionnaires d'actifs constitue le principal moteur de l'intégration ESG. Les plus grands obstacles à l'intégration des critères ESG sont l'absence de normes claires sur l'investissement durable, suivie par les défis liés à la comparabilité des données entre les fournisseurs de données ESG, y compris les conflits de notations ESG ainsi que les problématiques relatives à la qualité et la disponibilité générales des données et des analyses ESG.

«En finance durable, nous observons une très forte dynamique de marché et une concurrence internationale. C'est pourquoi la place financière suisse et son secteur de la gestion d'actifs ont lancé une série d'initiatives sectorielles visant à renforcer progressivement le statut de la Suisse comme leader de la finance durable», déclare Adrian Schatzmann de l'AMAS. «La dernière initiative, Swiss Climate Scores, offre aux investisseurs une vision transparente sur un ensemble de six indicateurs climatiques complets.»