Actions chinoises: retournement de situation

Arun Sai & Lan Wang Simond, Pictet Asset Management

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Dans un environnement aussi évolutif, les investisseurs devraient adopter une approche active, en surveillant constamment la situation et en se tenant prêts à changer rapidement de cap.

La réouverture soudaine de la Chine en janvier après la pandémie du Covid a été largement saluée comme un moment décisif. Elle a fait naître l'espoir d'un boom des dépenses de consommation qui revitaliserait les bénéfices des entreprises, marquant la fin d'années de croissance plutôt terne des revenus. Pourtant, ce scénario ne s’est pas réalisé.

La Chine flirte désormais avec la déflation, les ménages conservent leur épargne et les dépenses de consommation restent inférieures à la tendance des six dernières années avant la crise du Covid. Une croissance économique de 5% est attendue pour cette année, contre les 6% initialement prévus. Les investisseurs pourraient donc être tentés de se détourner complètement de la Chine.

De plus, les actions chinoises sont parmi les rares à ne pas avoir bénéficié d'un rendement à deux chiffres depuis le début de l'année. Le marché est boudé même par les investisseurs axés sur les marchés émergents. Pourtant, la Chine reste trop importante pour que les investisseurs l'ignorent.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les actions chinoises devraient être considérées comme une allocation stratégique pour les portefeuilles mondiaux. En effet, la Chine est un leader mondial dans plusieurs secteurs clés, elle abrite un marché de consommation en pleine croissance et son économie est en passe de devenir la plus importante du monde en moins d'une décennie.

Ceci dit, les évolutions susceptibles d'améliorer le rendement des actions chinoises n'apparaîtront que très progressivement au cours des cinq prochaines années.

Cela signifie que les investisseurs seraient mieux servis en reconstituant progressivement leurs positions dans un certain nombre d'industries, en se concentrant sur celles que les autorités chinoises considèrent comme des priorités stratégiques.

Bien que la Chine et certains marchés émergents aient enregistré une croissance du PIB plus forte que d’autres économies développées au cours des dernières années, les bénéfices des entreprises sont restés très en deçà de ceux de leurs homologues plus riches. Le taux de croissance annuel composé des bénéfices par action des entreprises chinoises a été inférieur à la croissance économique du pays de 8 points de pourcentage au cours des 15 dernières années, soit deux fois plus que la moyenne des marchés émergents.

La Chine a connu une dilution des actions particulièrement forte parmi les pays émergents - la vente d'actions secondaires des sociétés représentées dans le principal indice de référence des actions du pays a réduit les bénéfices par action d'environ 2 % par an. Mais les autorités chinoises semblent désireuses d'alléger cette pression. L'autorité de régulation des marchés financiers du pays a révisé les règles afin de permettre aux sociétés cotées en bourse de racheter plus facilement leurs actions et de «sauvegarder activement la valeur de leurs investissements et de protéger les intérêts des petits actionnaires».

Elle a également dévoilé en août un train de mesures visant à soutenir les rachats d'actions et à encourager les investissements à long terme.

Nous constatons également une évolution encourageante des efforts déployés par le pays pour réformer ses gigantesques entreprises d'Etat, qui représentent près d'un tiers de l'indice de référence ,ce qui devrait améliorer les perspectives des bénéfices des entreprises.

Les investisseurs deviennent certainement plus optimistes. Les entreprises publiques cotées sur le continent - qui représentent près d'un tiers de l'indice de référence CSI300 - ont surperformé le marché général cette année.

La prospérité plutôt que la rentabilité

Malgré toutes ces évolutions positives, certains facteurs qui ont entravé la rentabilité des compagnies chinoises resteront certainement présents au cours des prochaines années. Notamment les aspects géopolitiques, car de nombreux gouvernements tentent d'acquérir une indépendance économique dans des secteurs stratégiquement importants.

Dans un environnement qui évolue aussi rapidement, les investisseurs doivent se rendre compte que les actifs chinois ne se prêtent pas à une approche passive. Ils devraient plutôt adopter une approche active, en surveillant constamment l'évolution de la situation et en se tenant prêts à changer rapidement de cap.

La Chine est un marché qui devrait rester un élément clé d'un portefeuille d'actions mondiales, à la fois pour les opportunités qu'il offre et pour les avantages qu'il procure en termes de diversification.

Mais pour tirer parti du potentiel économique de la puissance asiatique, les investisseurs sur les marchés boursiers du pays doivent faire preuve de discernement.

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