Les titres à revenu fixe au fil du cycle d'investissement

Mary-Therese Barton, Pictet Asset Management

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La diminution de l'inflation et le ralentissement de la croissance suggèrent que les investisseurs sont mieux placés en détenant des obligations du Trésor américain et des crédits de qualité.

Les différents régimes d'inflation et de croissance tendent à favoriser différentes catégories d'obligations. Cela ne veut pas dire qu'il est facile d'identifier les régimes, surtout en période de transition. Comme les années 1970 l’ont clairement montré, une hausse de l’inflation ne coïncide pas toujours avec une croissance économique. Et le contraire n'est pas non plus toujours vrai - souvenez-vous de la stagflation.

Afin de déterminer comment les différents actifs à revenu fixe se comportent dans des climats économiques différents, nous avons classé différentes périodes selon la croissance trimestrielle du PIB américain vis-à-vis de sa moyenne mobile sur sept ans, et selon la tendance de l’inflation. Puis, nous avons analysé les rendements totaux sur un an de divers produits à revenu fixe aux États-Unis depuis 1950.

Investissements pour chaque régime

Boucles d'or: forte croissance, faible inflation. Le type d'environnement post-récession qui se trouve être le plus commode pour la plupart des gens favorise également les actifs à risque. Au cours de cette période, ce sont les titres à haut rendement et les titres de crédit de qualité qui s'en sortent le mieux dans l'univers obligataire, avec des rendements annuels moyens d'environ 11% pour ces deux types de titres aux États-Unis. Il s'agit du deuxième meilleur environnement économique pour ce groupe d'investissements, ce qui suggère que la croissance est un facteur plus important que l'inflation. En comparaison, les titres du Trésor américain protégés contre l'inflation (TIPS), les bons du Trésor et les marchés monétaires ont historiquement connu des résultats médiocres.

Ralentissement: croissance faible, inflation basse. Les périodes de forte inflation déclenchent des réactions de la part des banques centrales. Le resserrement des conditions monétaires ne fait pas que ralentir l'économie, il peut aussi la conduire à une récession pure et simple, en particulier si les banques centrales réagissent de manière excessive ou commettent une erreur de stratégie. Cette situation favorise les obligations du Trésor et le crédit de qualité, qui ont historiquement affiché des rendements de 8% dans de telles circonstances.

Stagflation: croissance faible, inflation élevée. Dans les périodes où l'inflation était élevée et la croissance faible, les TIPS ont généré des rendements de 8% et les bons du Trésor de 7%, tandis que le crédit à haut rendement et les marchés monétaires se sont mal débrouillés.

Boom: forte croissance, forte inflation. Lorsque les banques centrales ont maintenu un flux de liquidités plus longtemps que ne le justifiaient les circonstances économiques, ou lorsque les gouvernements ont dépensé sans compter – et parfois lorsque les deux se produisent en même temps, comme ce fut le cas au lendemain de la pandémie de Covid – les économies sont en surchauffe. Ces conditions favorisent les actifs les plus risqués, en particulier le crédit à haut rendement.

L'univers émergent: les obligations des marchés émergents s'inspirent de l'évolution de leurs économies par rapport aux marchés développés. Par exemple, les périodes de croissance et d'écart important par rapport aux pays développés – comme c'est le cas actuellement – sont favorables aux obligations en monnaie locale des marchés émergents.

Où en sommes-nous?

L'inflation a clairement atteint un sommet dans la plupart des pays développés et en développement et devrait continuer à ralentir. Toutefois, les perspectives économiques divergent. Les économies émergentes, qui se trouvent à un stade plus avancé du cycle des taux d'intérêt, parviennent à stimuler la croissance alors que les perspectives des pays développés s'assombrissent. Ainsi, les ménages américains ont considérablement entamé leur épargne excédentaire, ce qui devrait peser sur les revenus disponibles et, par conséquent, sur les dépenses. Dans un même temps, les conditions de prêt se resserrent, tandis que le commerce mondial se replie.

Selon notre analyse, la diminution de l'inflation et le ralentissement de la croissance – du moins dans les pays développés – suggèrent que les investisseurs sont mieux placés en détenant des obligations du Trésor américain et des crédits de qualité. Par ailleurs, ils devraient se méfier de la dette à haut rendement, pour laquelle les écarts de taux sont encore faibles et le risque de défaut en hausse. En revanche, la dette locale des marchés émergents devrait bénéficier d'une baisse du dollar et d'économies locales plus robustes.

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