Les investisseurs contraints de repenser leurs stratégies d’investissement

Communiqué, Schroders

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«Comme le montre le Global Investor Study de cette année, la situation devrait sensiblement changer dans les années à venir», explique Andreas Markwalder de Schroders.

Partout dans le monde, les investisseurs sont contraints de réévaluer leurs stratégies d’investissement du fait de la nouvelle donne économique, de la persistance d’une inflation élevée et des incertitudes géopolitiques. C’est l’une des conclusions de l’étude «Global Investor Study 2023» de Schroders. L’étude phare de Schroders, qui a interrogé plus de 23 000 personnes investissant dans 33 pays à travers le monde, a révélé que près de 80% d’entre eux pensent aujourd’hui que nous sommes entrés dans une nouvelle ère sur le plan politique et du comportement du marché sur fond d’inflation et de taux d’intérêt plus élevés. En Suisse, près de trois personnes interrogées sur quatre sont de cet avis (74%).

Ce résultat contraste fortement avec les conclusions de l’étude de l’année dernière, dans laquelle certaines personnes interrogées considéraient les difficultés du marché comme temporaires et prévoyaient un retour rapide à un environnement plus favorable et à une inflation et des taux d’intérêt plus faibles. À la suite du nouveau régime sur les marchés financiers, plus de la moitié ont déjà adapté leurs stratégies d’investissement et un tiers a l’intention de le faire.

L’étude montre également que les personnes qui considèrent posséder un niveau «expert» de connaissances en investissement se sont adaptées le plus rapidement aux changements, 77% ayant déjà adapté leur stratégie d’investissement, tandis que plus d’un tiers (37%) de ceux qui se considèrent comme des «débutants» ne l’ont pas encore fait.

Des anticipations de rendement élevées

Dans leur grande majorité, les investisseurs à travers le monde restent confiants. 90% anticipent des rendements au moins aussi élevés que l’année dernière. Dans l’ensemble, les Suisses sont un peu plus prudents quant à leurs perspectives de rendement. Toutefois, un pourcentage étonnamment élevé de 22% s’attend à ce que les rendements soient nettement plus élevés cette année que l’année dernière.

Il est frappant de constater que la majorité des investisseurs prévoit des rendements annuels de 11,5%, comme l’an dernier. Les investisseurs sud-africains ont été les plus optimistes, avec un rendement prévisionnel de 16,8%. Ce chiffre est nettement supérieur au rendement annualisé de 9,46% de l’indice MSCI World des actions mondiales sur la période de début 1987 à septembre 2023. Concernant les perspectives de rendement, les Suisses sont également moins euphoriques que les investisseurs d’autres pays et anticipent, avec une moyenne de 9,8%, un rendement annuel légèrement supérieur à celui atteint par le MSCI World par le passé.

Adrian Nösberger, CEO de Schroder & Co Bank, résume ainsi: «Dans un environnement d’investissement de plus en plus marqué par les “3 D” de la démondialisation, de la décarbonation et de la démographie, les investisseurs s’habituent encore au fait que l’inflation et les taux d’intérêt plus élevés devraient perdurer. Par rapport à ces 15 dernières années, les investisseurs devront peut-être se montrer plus flexibles et plus actifs dans la manière dont ils investissent leurs fonds. Les résultats de notre étude révèlent que certains s’adaptent plus rapidement que d’autres.»

L’effondrement de Credit Suisse n’est pas perçu comme une menace

L’étude s’est également penchée sur deux questions spécifiquement suisses: premièrement, comment les activités internationales de la nouvelle méga-banque UBS sont perçues, et deuxièmement, quelles conséquences la politique du gouvernement suisse, qui ne fait pas l’unanimité, aura à l’avenir sur la réputation de la place financière.

85% considèrent que les activités internationales d’UBS se sont renforcées, 10% s’attendent à des conséquences négatives et seulement 3% à des conséquences très négatives. Ce sont les personnes âgées de 71 ans et plus qui sont les plus confiantes. 50% s’attendent à ce que l’acquisition de Credit Suisse par UBS ait des effets très positifs sur la perception des activités internationales d’UBS. Ils n’anticipent pas non plus d’atteinte à la réputation de la place financière helvétique. Plus de la moitié (54%) sont même optimistes ou très optimistes quant à l’avenir de cette dernière. La tranche d’âge la plus pessimiste est celle des 38-50 ans. Une personne sur dix s’attend à un effet très négatif pour la place financière.  

Actifs privés et durabilité

Si l’on examine en détail les résultats de l’étude, on constate que deux tiers des investisseurs n’ont encore qu’une connaissance limitée des actifs privés. Cela indique que davantage de formation et de transfert de connaissances sont nécessaires pour attirer davantage d’investisseurs vers cette classe d’actifs.

Par ailleurs, près des deux tiers des investisseurs (66%) ont souligné que la nature illiquide de ces actifs et la nécessité de les détenir pendant une longue période constituent des obstacles à l’investissement. En Suisse, le manque de transparence des actifs privés est particulièrement considéré comme un obstacle (72%). Néanmoins, les investisseurs indiquent en moyenne qu’ils seraient prêts à investir 16,4% de leurs fonds dans des actifs privés. Chez les «experts», ce pourcentage s’élève à 23,1%. Et près d’un tiers (27%) se dit intéressé par le capital-investissement, parmi les actifs privés.

L’immobilier est le deuxième actif privé le plus populaire, suivi par les infrastructures et les énergies renouvelables. En Suisse, le classement est légèrement différent. L’immobilier (31%) est le plus prisé, suivi par le capital-investissement (27%) et les infrastructures et les énergies renouvelables (26%).

Globalement, les actifs privés sont considérés comme un instrument de diversification important et comme un moyen d’accroître la performance du portefeuille par plus de la moitié des personnes interrogées (respectivement 51% et 56%). Les Suisses en font à peu près la même appréciation (respectivement 53% et 52%).

Andreas Markwalder, CEO de Schroders Investment Management Suisse, explique: «Il y a quelques années, un investisseur en actifs privés typique aurait été ce que les gestionnaires d’actifs appellent les “clients institutionnels”. Il s’agit de gros investisseurs tels que les caisses de pension et les fonds de fondation. Or, comme le montre le Global Investor Study de cette année, la situation devrait sensiblement changer dans les années à venir. Les possibilités d’investir dans des actifs privés s’élargissent et les petits investisseurs le remarquent. Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une évolution très positive et nous pensons également que l’argumentation en faveur d’une allocation dans les actifs privés a plus de poids que jamais, le cas échéant.»

Et qu’en est-il de l’investissement durable? Le regard des investisseuses et investisseurs a-t-il changé par rapport aux années précédentes? Pas tellement, en fait. Seul un tiers des investisseurs (34%) pense que les fonds durables offriront des rendements plus élevés que les solutions d’investissement classiques. Sur cette question également, les Suisses sont un peu plus réservés que les personnes interrogées dans d’autres pays. Ils sont tout de même 30% à espérer des rendements plus élevés grâce aux solutions de fonds durables.

Un élément clé de l’investissement durable est ce que l’on appelle l’actionnariat actif (ou active ownership), soit l’engagement direct avec les entreprises en vue d’améliorer leurs résultats commerciaux et, en définitive, de soutenir les rendements des investissements. La grande majorité des personnes interrogées (83%) reconnaissent et soutiennent le concept d’actionnariat actif, cette attitude gagnant en force parmi les investisseurs expérimentés ou experts. Parmi les experts suisses, 57% étaient de cet avis. Parmi les investisseurs débutants, le terme d’actionnariat actif est encore inconnu. Quant aux investisseurs suisses, aucun d’entre eux n’est convaincu de l’efficacité de l’actionnariat actif.

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