Si les TPG (Transports Publics Genevois) étaient cotés en bourse, aujourd’hui serait un jour pour shorter l’action. Ayant grandi aux pieds des dents du midi (la plus belle chaine de montagne au monde selon l’institut de recherche indépendant et à but non lucratif Christian Constantin) et vivant au bout du lac depuis plus de 20 ans, je ne m’habitue pas à l’impréparation crasse de nos chers transports publics aux épisodes de neige. Ceci dit on est vendredi, Noël approche et le sentiment du marché s’est remis la tête à l’endroit hier. C’est donc en pleine forme et après avoir failli me casser la figure au moins 20 fois sur mon vélo que je m’attaque à la chronique du jour.

L’indice S&P500 (SPX) repart vers le nord et met un terme à 5 séances consécutives de baisse. Aucune nouvelle majeure particulière ne vient s’ajouter au scénario en place, si ce n’est la statistique économique du jour, qui est peut-être plus importante que l’on ne croit, aux yeux du marché en tous les cas. Les demandes d’allocation chômage aux États-Unis ont légèrement augmenté la semaine dernière, signe que le marché du travail reste tendu malgré les licenciements dans certaines entreprises et une incertitude économique plus large. Les demandes continues, qui reflètent le nombre de personnes demandant des allocations de chômage en cours, atteignent leur plus haut niveau depuis fin février, même si elles restent également historiquement basses. Cette statistique est une indication que les travailleurs restent à l'assurance-chômage plus longtemps au lieu de trouver immédiatement un nouveau poste. Elle montre aussi que les personnes qui perdent leur emploi rencontrent plus de mal à trouver un nouvel emploi. Vous me voyez venir… les investisseurs se demandent si  le marché de l’emploi ne serait pas en train de mettre un genou à terre aux Etats-Unis. Vous connaissez la suite par cœur désormais, bad news is good news et les acheteurs retrouvent de l’allant, l’espoir d’une Fed plus accommodante refaisant surface.

Et puis il y a la Chine, qui a géré le covid comme un Suisse Allemand lirait du Baudelaire, plutôt maladroitement dirons-nous. Et bien depuis quelques jours Pékin a changé de cap et pas qu’un peu. Nous assistons à  un flot continu d’annonces, qui confirment l’une après l’autre que l’ère du zéro covid a vécu. La simple idée que la deuxième économie du monde rouvre progressivement ses portes ne peut faire que du bien au marché. Attention toutefois à ne pas rouvrir trop vite, les investisseurs, retords comme pas deux, pourraient se dire que tout cela va générer de l’inflation, si vous voyez ce que je veux dire…

Le SPX s’éloigne de sa moyenne mobile à 100 jours, il revient à 37 points de la barre symbolique des 4'000 à la cloche, ensuite ce sera le tour de la muraille de chine moyenne mobile à 200 jours, qui évolue à 4039 points. Les rendements obligataires restent sous pression, le 10 ans US recule à 3,47%, alors que le dollar glisse encore un peu plus, le Dollar Index (DXY) n’est plus très loin de son plus bas récent et s’éloigne un peu plus de sa 200 jours. La paire EUR/USD pète la forme, elle s’envole à 1,0567 et regarde un retracement Fibonnacci dans les yeux, qui se situe à 1,0579. La volatilité recule légèrement (le VIX en baisse de 1,9% à 22,29) et les volumes d’échanges sont faibles avec 9,37 milliards de titres traités sur le NYSE. L’appétit au risque fait son retour et cela se voit dans les secteurs, la technologie mène le bal, secondée par la consommation discrétionnaire. L’or profite de la faiblesse du billet vert et revient tout près des 1800 dollars par once. Le métal jaune teste actuellement sa propre 200 jours, qui évolue à 1792 dollars. Quant au pétrole, il n’y arrive plus et se maintient légèrement au-dessus des 70 dollars le baril de WTI Light Crude.

La BCE va resserrer sa politique de 50 points de base la semaine prochaine et à nouveau en février pour porter le taux de dépôt à un sommet de 2,5%, selon une enquête auprès des économistes. Quant au QT (Quantitative Tightening), ils ne prévoient pas de détails sur le calendrier et le volume la semaine prochaine. Le processus devrait débuter en mars. Parmi ceux qui s'attendent à ce que la BCE procède au remboursement des obligations arrivant à échéance, environ deux tiers envisagent un plafond mensuel initial de 10 à 30 milliards d'euros pour garantir le bon déroulement du processus.

Le Japon, le Royaume-Uni et l'Italie travailleront ensemble pour développer un nouvel avion de chasse d'ici 2035, déclarent les dirigeants des trois pays dans un communiqué commun. L'accord implique Mitsubishi Heavy au Japon, BAE Systems au Royaume-Uni et Leonardo en Italie. La société suédoise Saab est une autre recrue potentielle.

Au menu macro-économique du jour, aux États-Unis les investisseurs attendent la publication des prix à la production à 14h30 et de l'indice préliminaire de confiance des consommateurs de l'université du Michigan à 16h00. Ce matin, la Chine a annoncé une hausse de 1,6% des prix à la consommation de novembre (consensus 1,6%), tandis que les prix à la production se sont contractés de -1,3% (consensus -1,5%).

Credit Suisse boucle une augmentation de capital de 2,24 milliards de francs. La rumeur enfle selon laquelle le gendarme antitrust américain bloquerait le rachat d'Activision par Microsoft. Le marché sanctionne Lululemon d'un -7% hors séance après des résultats et des prévisions accueillis sévèrement. Ahold va supprimer 300 emplois chez le détaillant en ligne néerlandais Bol.com. China Eastern prend livraison du premier jet C919 made in China au monde. Nio va installer des stations d'échange de batteries dans 20 parcs de charge EnBW en Allemagne.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, revigorés par le rebond de Wall Street et le début de la fin de la politique zéro covid de Pékin. Tokyo progresse de 1,18% à la cloche, Hong Kong avance de 2,13%, Shanghai gagne 0,30% et Séoul monte de 0,76%. Le future SPX gagne 14 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%. Le marché doit passer par la macro du jour et surtout par l’indice des prix à la consommation de mardi prochain, qui sera suivi par la Fed mercredi.