Gonet: l'actualité des marchés au 2 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,56%, S&P 500 -0,09%, Nasdaq +0,13%, Russell 2000 -0,26%, SOX -0,78%, Eurostoxx +0,50%, SMI +0,99%.

Un vent printanier souffle sur Lower Manhattan depuis mercredi soir, qui ne semble pas vouloir faiblir et fait grand bien au sentiment du marché. Les investisseurs penchent de plus en plus pour un ralentissement de l’inflation accompagné d’un atterrissage en douceur de l’économie des Etats-Unis.

Personne n’aurait crié au scandale si les indices avaient corrigé hier. Or ces derniers restent bien solides sur leur jambes, ils tanguent quelque peu après la publication de l’indice ISM (qui montre que l’activité manufacturière a ralenti en novembre pour la première fois depuis mai) mais ne rendent rien ou si peu des gains de mercredi à la cloche. On délaisse les actions dites de valeur, pour rechercher notamment la technologie et les services de communication, tandis que les financières souffrent du repli des rendements obligataires. Le comportement de la quasi-totalité des classes d’actifs indique une montée en puissance de l’appétit au risque hier. Même sur la partie technique cela continue de s’améliorer, j’y reviens. Le principal catalyseur du maintien des indices vient du marché obligataire, qui envoie le rendement du 10 ans US à 3,52%, le 21 octobre il évoluait à 4,33%. Pour leur part, les Fed Funds revoient furieusement leurs prévisions de taux terminal, ils en sont actuellement à 4,86% et s’attendent à ce que la Fed débute un cycle de baisses de taux au deuxième semestre de 2023. Sur le front des monnaies, le retour du marché en mode zen envoie le dollar dans les cordes, le Dollar Index (DXY) casse sa moyenne mobile à 200 jours ainsi qu’un support Fibonnacci, il regarde désormais 102,18, cours actuel 104,68. La paire EUR/USD confirme la cassure à la hausse de sa propre 200 jours, elle évolue ce matin à 1,0521 et regarde désormais 1,0579, puis 1,0901.

Les taux se détendent donc à tous les niveaux, le billet vert fait de même et les indices d’actions font de la résistance. L’indice S&P500 (SPX) se maintient au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours et teste actuellement le haut de son canal baissier entamé en janvier. C’est money time sur cette partie-ci. La volatilité recule encore un peu, le VIX abandonne 3,5% à 19,84, il regarde son prochain support à 19,12 (bas en séance du 12 août).

Noël approche, si nous reparlions un peu de l’or. La relique barbare est restée en coulisses ces derniers mois, quasiment tombée dans l’oubli. Hier le métal jaune se rappelle à notre bon souvenir et décolle, euphorisé par le repli du billet vert et des rendements obligataires. L’once revient légèrement au-dessus de 1800 dollars et tente actuellement de casser sa moyenne mobile à 200 jours, c’est à suivre de près.

Je vous bassine avec de nombreux niveaux techniques ce matin… Si vous êtes encore en train de lire cette chronique à ce stade, c’est un petit pas pour l’homme mais un pas de géant pour mon ego… Ceci dit, le fait est que de nombreux acteurs principaux de cette histoire sans fin qu’est le cycle boursier sont arrivés à un carrefour important. De la direction qu’ils prendront dépendra l’évolution des indices d’actions de ces prochaines semaines. Ce matin je note que JP Morgan revoit ses prévisions de bénéfices par actions pour le SPX de 225 à 205 dollars. La banque New-yorkaise évoque l'affaiblissement de la demande et du pouvoir de fixation des prix ainsi que la poursuite de la compression des marges et la diminution des rachats d'actions. C’est un point de vue. Une autre approche consiste à se rappeler que le SPX progresse en moyenne de 1,7% en décembre depuis 1928, en janvier il fait encore mieux. On peut aussi rappeler que décembre est traditionnellement le mois où les Américains investissent dans leur plan de retraite en y mettant des actions, ou aussi que les deux semaines à venir sont traditionnellement pavées de nombreuses annonces de programmes de rachat d’actions propres par les sociétés américaines. L’idée que les bénéfices de sociétés vont ralentir est tout sauf saugrenue, en revanche il faut garder en tête que le marché est une formidable machine à anticiper, on peut raisonnablement se dire qu’une partie de ce ralentissement est déjà prise en compte. Gardons aussi en tête qu’un dollar qui débuterait une tendance baissière constituerait un important facteur de soutien aux indices US.

Il est compréhensible que des banquiers émettent des messages de prudence, après tout le SPX a rebondi de près de 17% depuis le 13 octobre et le débat du «bear market rallye» n’est pas clos. Mais le risque est probablement plus important de ne pas être dans ce marché plutôt que d’y être, gardons en tête que l’on raisonne ici à long terme, pas à la petite semaine. Et souvenons-nous aussi que, les indices progressant vers le nord, la volatilité emprunte le chemin inverse et permet de couvrir une exposition aux actions à bon compte, tout en conservant ses actions, à méditer, le VIX est passé en-dessous de 20…

Les traders de Goldman Sachs vont avoir un choc… Les cadres de la division des marchés mondiaux ont été avertis cette semaine que leurs bonus seraient réduits. En Suisse Romande on réagit, la Chaine du Bonheur lance une opération «sauvez ma Porsche» en urgence.

Les investisseurs obtiendront une mise à jour du marché du travail américain avec les chiffres de l'emploi non agricole publiés aujourd'hui. Le consensus indique que les employeurs ont créé 200’000 emplois en novembre, soit un ralentissement par rapport aux 261’000 d'octobre. L’agence Bloomberg pense qu’il s'agirait néanmoins d'un rythme sain, dépassant les 100’000 emplois que Jerome Powell a cités comme suffisants pour absorber les nouveaux travailleurs.

Joe Biden parlera avec Vladimir Poutine si le dirigeant russe veut sérieusement mettre fin à son invasion de l'Ukraine, mais rien n'est prévu dans l'immédiat. Le président américain n'a pas ajouté la formulation standard selon laquelle il n'y aurait aucune action concernant l'Ukraine sans la participation de Kiev. Emmanuel Macron fait remarquer que seule l'Ukraine peut décider du moment où elle commencera à négocier avec la Russie.

L'UE se rapproche d'un plan visant à plafonner le prix du brut russe à 60 dollars, soit un niveau supérieur à celui de l'offre actuelle du pays, selon des personnes bien informées. Les discussions se poursuivent aujourd'hui avant l'échéance de lundi, la Pologne étant l'un des principaux obstacles. Le marché se concentrera également sur la réunion de l'OPEP+ de dimanche, au cours de laquelle le cartel devrait maintenir sa production à un niveau stable.

Les paris sur le fait que les rendements obligataires pourraient avoir atteint un pic stimulent les valeurs technologiques européennes, l'indice technologique Stoxx 600 affichant l'une des plus fortes progressions de ce trimestre parmi les secteurs. Cependant, les stratèges de JPMorgan (encore eux…) mettent en garde contre un enthousiasme excessif à l'égard de la reprise, déclarant que «les valeurs technologiques pourraient tactiquement continuer à se stabiliser si notre prévision d'un plafonnement des rendements gagne du terrain, mais il est peu probable que ce soit un leader durable».

Les chiffres de l'emploi de novembre aux Etats-Unis occuperont le terrain à 14h30.

Muddy Waters surenchérit sur les écarts de bilans de dLocal. ABB investit 150 millions de dollars dans une usine de robots à Shanghai. Wells Fargo supprime plusieurs centaines d'emplois dans sa branche de financement hypothécaire. UnitedHealth, Coloplast et Nike détachent leurs dividendes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 1,59% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,37%, Shanghai perd 0,29% et Séoul recule de 1,84%. Le future SPX rend 6 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. Tout le monde sur le pont à 14h30 pour la publication du rapport américain sur l’emploi!

 

L’actualité des marchés revient mardi 6 décembre (pile 30 ans après le refus de la Suisse d’adhérer à L’Espace Economique Européen…)

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