Gonet: l'actualité des marchés au 7 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,42%, S&P 500 -0,97%, Nasdaq -2,22%, Russell 2000 -1,42%, SOX -2,32%, Eurostoxx -2,38%, SMI -0,46%.

Wall Street broie du noir, chaque jour un peu plus consciente que la grande fête des liquidités n’est plus qu’une vue de l’esprit. Pour bien enfoncer le clou, les minutes du FOMC de mars montrent que la Fed va augmenter le rythme de réduction de la taille de son bilan à 95 milliards de dollars par mois. C’était attendu, bien que dans le haut de la fourchette. En parallèle, la Réserve Fédérale semble déterminée à relever son taux directeur de 50 points de base au mois de mai. Le FOMC l’aurait bien déjà fait en mars mais la guerre en Ukraine l’a incité à de la retenue. Dans un tel contexte, il est aisé de comprendre que les marchés d’actions aient le blues. On savait que cela devait arriver dans les salles de marchés, maintenant qu’on y est on prend réellement conscience que la fête est finie. La Fed sera-t-elle capable de permettre à l’économie américaine d’atterrir en douceur? C’est la question qui anime les pensées du plus grand nombre actuellement.

L’indice S&P500 (SPX) repasse en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours à la cloche, les volumes reprennent des couleurs, l’aversion au risque reste de mise cette semaine. Les actions de croissance sont délaissées, FAANGs en tête, au profit des secteurs défensifs, alors que la courbe des taux US continue de bruisser d’inquiétudes. Le 2 ans évolue ce matin à 2,41% tandis que le 10 ans est à 2,55%, la partie 5 à 10 ans reste inversée (-6 points) et le marché obligataire pronostique désormais 99% de probabilités que la dette russe fasse défaut dans une année. La volatilité gagne 5% supplémentaire, le VIX clôture à 22,10. Le dollar reste soutenu, la paire EUR/USD traite à 1,0919, le pétrole recule notablement, à 97,61 dollars le baril de WTI Light Crude. Les inventaires augmentent, la demande s’étiole face aux incertitudes économiques croissantes et aux confinements en Chine.

Les statistiques économiques à venir et les résultats de sociétés (lancement de la campagne du premier trimestre la semaine prochaine) vont progressivement nous donner une image plus claire de l’état dans lequel se trouve le tissu économique américain. En l’état il semble résister plutôt bien, c’est ce dossier qu’il faudra suivre en priorité, en parallèle à celui de l’inflation, dont tout un chacun espère secrètement qu’elle atteigne son pic sans tarder.

Selon le Wall Street Journal, l'impact réel du resserrement quantitatif (Quantitative Tightening QT) sur les marchés financiers ou l'économie est difficile à évaluer, car l'expérience américaine en la matière se limite au cycle 2017-2019. Cela n’avait alors pas particulièrement perturbé les investisseurs, en grande partie parce que la Fed avait passé beaucoup de temps à les préparer à cette éventualité. En revanche, lorsqu'en mai 2013, Ben Bernanke, alors président de la Fed, annonçait au Congrès que la banque centrale pourrait, plus tard dans l'année, commencer à réduire ses achats d'actifs, les investisseurs n'étaient pas prêts et cela avait déclenché le «taper tantrum» qui avait fait grimper en flèche les rendements du Trésor. Ce phénomène avait fini par peser sur l'économie, en particulier sur le marché du logement, et finalement conduit la Fed à reporter son projet de QT. Aujourd’hui, l'évolution de la Fed vers un resserrement quantitatif semble avoir plus en commun avec l'épisode du taper-tantrum. Les investisseurs savaient que le resserrement était en route, mais il arrive un peu plus rapidement qu'ils ne l'auraient imaginé il y a seulement deux semaines et la vitesse à laquelle la Fed prévoit de réduire son portefeuille pourrait également être plus rapide. Lorsque la crise a éclaté, la Fed essayait encore de remettre l'économie américaine sur pied, alors qu'aujourd'hui, elle craint que l'inflation élevée ne s'incruste dans les attentes des gens. Cela suggère que la Fed ne se laissera pas si facilement détourner de ses plans cette fois-ci.

L'Italie soutiendra une interdiction des importations de gaz russe si l'Union européenne fait bloc derrière elle, déclare le Premier ministre Mario Draghi. Bien qu'une telle proposition ne soit pas encore sur la table, les massacres présumés de civils par la Russie en Ukraine poussent les dirigeants européens à adopter une position de plus en plus dure.

La production industrielle allemande (sortie légèrement en-dessous des attentes) et les ventes de détail de l'UE (11h00) permettront de se faire une idée des tendances économiques sur le vieux continent. Aux Etats-Unis, ce sont les données hebdomadaires sur l'emploi (14h30) qui donneront le ton.

Adecco: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 47 à 40 francs. Julius Baer: Société Générale passe de conserver à achat en visant 67,50 francs. Berkshire Hathaway a investi 4,2 milliards de dollars dans HP Inc. Le Royaume-Uni gèle les actifs de Sberbank et d'Alfa Bank. Meta Platforms songe à nouveau aux cryptomonnaies, selon le FT. Samsung prévoit un résultat d'exploitation en hausse de 50,3% au premier trimestre. Microsoft, Google et Amazon décrochent un contrat cloud auprès de The Boeing Company. Emmi n'exporte plus vers la Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent dans le rouge. Tokyo perd 1,69%  à la cloche, Hong Kong recule de 0,99%, Shanghai abandonne 1,32% et Séoul baisse de 1,43%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%.

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