Gonet: l'actualité des marchés au 4 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,40%, S&P 500 +0,34%, Nasdaq +0,29%, Russell 2000 +1,01%, SOX -1,82%, Eurostoxx +0,41%, SMI +0,14%.

Wall Street débute bien son deuxième trimestre, du moins en surface. Les indices terminent leur séance quasiment au plus haut du jour, on observe des intérêts acheteurs pour 3 milliards de dollars à la cloche, c’est une journée de hausse défensive que vit la bourse américaine, les secteurs la portant étant l’immobilier, les utilitaires et les titres de consommation de base. La hausse de vendredi est tout sauf encourageante, à témoin la belle glissade du secteur des semi-conducteurs, probablement pénalisé par la remontée des taux obligataires à 10 ans à 2,41%. Et puis si l’on gratte un peu plus, on réalise que l’indice Dow Transportation (TRAN) et le S&P Transportation Index chutent tous deux de près de 5%. Rappelons ici que TRAN, constitue bien souvent un indicateur avancé. Mais qu’est-ce donc qui a bien pu piquer cette partie-ci de la cote? On peut probablement l’expliquer en un mot: «inversion». C’est en effet vendredi que la courbe des taux obligataires US s’inverse, le marché nous envoie donc un signal clair de craintes de ralentissement économique, ce que les transports abhorrent.

Le secteur financier souffre également du phénomène d’inversion, les industrielles aussi, qui reculent de 0,7% sur la séance. Ce matin, le spread entre le 2 et le 10 ans US évolue à -6 points, le 2 ans rend 2,47%. Pour ceux qui prennent le train en marche, le fait que le marché privilégie des échéances courtes indique que sa confiance dans la croissance économique américaine s’est érodée. À noter par ailleurs que le rendement du 2 ans US passe au-dessus de celui du 30 ans pour la première fois depuis 2007.

Il y en a une qui fait fi de tout cela, c’est la volatilité qui recule, le VIX perd 4,57% et clôture à nouveau en-dessous de 20. Le marché des actions continue apparemment de faire l’autruche, à l’exception notable de certains secteurs donc.

Les actions chinoises cotées à Wall Street repartent nettement à la hausse, l’ETF KWEB décolle de 5,96%. Pékin semble avoir fait un pas important vers la résolution du différend sur la supervision des audits qui menace la cotation des entreprises chinoises sur les marchés américains. La Chine modifie une règle exigeant que les inspections sur site soient principalement menées par ses propres régulateurs, selon des agences dont la CSRC. Un mécanisme de coopération transfrontalière sera mis en place et les entreprises cotées à l'étranger seront responsables de la gestion de la confidentialité des données et de la sécurité des informations nationales. Ce matin Alibaba récupère 4,4% à Hong Kong.

L’inversion de la courbe se produit alors que la très importante statistique de l’emploi américain est publiée. Cette dernière montre que l’économie des Etats-Unis a créé 431'000 postes de travail au mois de mars, les économistes attendaient 478'000 jobs. Cela étant dit, 431'000 cela reste un bon chiffre. En parallèle les salaires horaires remontent légèrement, ce qui ne peut pas faire de mal au pouvoir d’achat en cette période d’inflation galopante. Dans l'ensemble, le rapport devrait permettre à la Fed de poursuivre son cycle de hausse et d'annoncer le début de la réduction du bilan lors de sa réunion de mai. La demande de main-d'œuvre reste forte, avec des offres d'emploi proches de leurs plus hauts niveaux historiques.

La guerre en Ukraine continue de produire des effets compliqués à évaluer d’un point de vue du marché, notamment sur le front de l’inflation et de la chaine d’approvisionnement. En parallèle, l’inflation ne cesse de galoper, comme les dernières statistiques l’ont montré, aux Etats-Unis (indice PCE en hausse de 6,4% au mois de février par rapport à février 2021) mais surtout en Europe (les prix à la consommation en Allemagne en progression de 2,5% sur le seul mois de mars et en hausse de 7,3% par rapport à mars 2021).  Dans un tel contexte, la tâche des banques centrales, Fed en tête, devient de plus en plus ardue. En très bref, la Fed doit faire un choix entre combattre la hausse du niveau général des prix ou privilégier la croissance. Elle semble clairement avoir fait le choix de la première option. En parallèle, le marché craint que la Réserve Fédérale n’ait trop attendu pour agir, à témoin le comportement actuel des obligations gouvernementales américaines, dont la courbe s’inverse. La semaine prochaine la saison des résultats de sociétés au premier trimestre débutera, qui nous en dira plus quant à la santé actuelle du tissu économique mondial. Les analystes ont déjà révisé leurs prévisions de croissance des bénéfices à la baisse, la saison débutera probablement sous le sceau de la nervosité.

Ce tableau pas forcément des plus optimistes ne saurait occulter la nature de l’inflation, qui revêt probablement une importance majeure pour la suite des événements. La grande question que les investisseurs se posent est de savoir si elle se cantonnera à l’énergie et aux denrées alimentaires (les deux principales composantes actuelles) ou si elle se propagera aux salaires, ce qui constituerait une très mauvaise nouvelle à terme. En l’état actuel, hormis peut-être dans les secteurs aérien, de l’alimentation et du tourisme, pas grand-chose n’indique que les salaires sont sur le point d’augmenter considérablement. Cela conforterait un scénario d’une inflation transitoire et expliquerait en partie la bonne tenue des indices d’actions au mois de mars.

La BCE a raison de poursuivre ses plans de normalisation de la politique, même si la guerre accroît l'incertitude, déclare Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne. Une partie «considérable» de l'inflation pourrait s'avérer persistante en raison de facteurs tels que les changements structurels et le rattrapage des salaires, mais les risques économiques sont à la baisse.

La Fed devrait relever les taux d'intérêt à des niveaux plus neutres, «quoi que cela signifie», déclare John Williams (patron de la Fed de New York). Il souhaite que cela se fasse progressivement, étape par étape, car l'incertitude économique reste «extraordinairement élevée». La manière de définir ces niveaux de taux est une question clé, car le FOMC ne s'accorde pas sur ce qui constitue une politique neutre, selon Mohamed El-Erian d'Allianz. Mary Daly, de San Francisco, déclare au FT que les arguments en faveur d'une hausse d'un demi-point en mai se sont renforcés.

Le taux d'infection à Shanghai s'est intensifié, touchant 9’000 personnes hier, bien que la ville entière soit désormais soumise à une forme de confinement. Selon le Global Times, un patient d'une ville située à quelque 40 miles du centre financier a été diagnostiqué avec le virus omicron BA.1.1, un sous-type apparemment nouveau.

Les commandes de biens durables en février aux Etats-Unis seront annoncées à 16h00.

Adesso: Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 244 à 233 euros. Compagnie Financière Richemont: UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 159 à 167 francs. Flughafen Zürich: Barclays reprend le suivi à surpondérer en visant 170 francs. Logitech: Goldman Sachs passe de neutre à achat on visant 107 francs. Sika: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 375 à 374 francs. Le cloud de Microsoft dans le collimateur de l'UE. Tesla a livré un nombre record de voitures au premier trimestre 2022, malgré la Chine. Le chiffre atteint 310'048 unités. Novartis va intégrer ses unités pharmaceutiques et d'oncologie dans une activité de médicaments innovants pour simplifier sa structure, en visant des économies d'au moins 1 milliard de dollars d'ici 2024. Les salariés d'un entrepôt d'Amazon de New York ont voté en faveur de la création d'un syndicat, une première aux Etats-Unis. Les ventes américaines de General Motors ont baissé de 20% au premier trimestre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices évoluent dans le vert. Tokyo gagne 0,25% à la cloche, Hong Kong progresse de 2,04%, Shanghai est fermée et Séoul avance de 0,66%. Le future SPX grappille 8 points et l’Europe ouvre en légère progression, de 0,25%. Le pétrole traite pile à 100 dollars le baril de WI Light Crude, l’or est stable, à 1926 dollars l’once. Quant au billet vert, il a retrouvé quelques couleurs en fin de semaine et évolue à 1,1040 contre euro.

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